Les marchés actions ont échoué hier à se mettre d'accord entre les deux côtés de l'Atlantique, avec une poursuite du rebond aux Etats-Unis et une contraction des principaux indices européens. Le DAX allemand et le CAC français ont perdu un peu plus de 0,5%, alors que l'indice large américain S&P 500 a repris près de 1%. La répartition des gains à Wall Street montre que les investisseurs sont toujours circonspects sur la conduite à tenir : les technologiques ont rebondi, mais pas les cycliques. Les secteurs défensifs se sont plutôt bien comportés eux-aussi. On note quand même un gros changement en 2022. Avant, quand les financiers n'avaient pas d'idée, ils achetaient Apple. Maintenant, ils achètent Exxon Mobil. C'est un pied-de-nez un peu cruel aux aspirations environnementales de l'Epoque. Et puis la charge de culpabilité de ceux qui replongent les doigts, la main et parfois même le bras entier dans le baril de pétrole est atténuée par le dernier chic narratif du moment selon lequel l'investissement ESG est une belle arnaque (il l'est, mais tout n'est pas à jeter).

Il en faut peu pour être heureux en ce moment. Les investisseurs prennent ce qu'ils trouvent un peu partout, notamment en Chine. La reprise d'activité post-confinement dans le pays par exemple. Ou les déclarations des politiques locaux en faveur d'une accélération des incitations fiscales à l'export et le soutien aux banques. Voire même l'approbation de nouveaux jeux vidéo par Pékin, signe que le pouvoir central va peut-être un peu lâcher la bride au secteur technologique. La nouvelle, qui intervient au surlendemain de l'arrêt de l'enquête visant Didi, contribue à doper l'indice technologique du Hang Seng. D'ailleurs si vous voulez un bon miroir des actions technologiques chinoises, regardez le dossier Prosus. C'est un peu comme utiliser l'ETF Ark Innovation de Cathie Wood pour prendre le pouls des valeurs technologiques américaines trop chères en devenir.

L'ensemble reste très fragile, parce que le contexte macroéconomique offre peu de branches auxquelles se rattraper. Je parle du contexte macroéconomique attendu, parce qu'au moment où j'écris, les indicateurs d'activité sont toujours bien orientés même s'ils ne sont pas aussi flamboyants que lors de la reprise post-covid. Mais la combinaison entre les dégâts opérés par l'inflation et l'assèchement de la liquidité induit par les politiques de relèvement des taux des banques centrales effraie toujours. En parlant de liquidité, elle s'évapore visiblement sur les marchés actions américains, où elle est à son plus bas niveau depuis le début de la pandémie en 2020. A tel point que les intermédiaires financiers signalent que des transactions de taille assez modeste entraînent des mouvements du marché alors qu'elles étaient presque invisibles il n'y a pas si longtemps. Le Financial Times y consacre un article où il est notamment souligné que la réduction de la profondeur du marché favorise les variations stupéfiantes qui ont pu être constatées sur certains titres ces dernières semaines, comme Walmart ou Meta Platforms après l'annonce de mauvaises nouvelles. Ce recul de la liquidité a aussi, évidemment, des conséquences sur le marché du financement des entreprises, où les investisseurs se montrent logiquement de plus en plus sélectifs à mesure que la quantité d'argent disponible se réduit. Le fonds Bridgewater parie d'ailleurs ouvertement contre les obligations d'entreprises européennes et américaines.

La journée financière a démarré par une relèvement de taux de la banque centrale indienne, de 50 points de base comme il se doit puisque c'est le tarif désormais. La RBI a relevé ses prévisions d'inflation et retiré de son vocabulaire du moment le terme "accommodant", ce dont vous vous contrefoutez mais qui signale quand même dans le jargon des banques centrales que la fête est finie pour un moment. Voilà qui me donne une belle transition vers son homologue européenne qui se retrouve demain pour sa réunion de juin. La BCE devrait se servir de ce rendez-vous pour expliquer au marché quelle sera sa stratégie des mois à venir en matière de politique désaccommodante. Les paris pourront ainsi être affinés sur le rythme de hausse de taux, puisque l'institution n'a pas encore agi dans ce sens, contrairement à la quasi-totalité des autres grandes banques centrales, le Japon faisant exception.

Dans les grosses nouvelles du jour, le Crédit Suisse a (encore) averti sur ses résultats, Inditex, la maison-mère de Zara a publié ses résultats trimestriels et le pétrole est en train de se bâtir une petite forteresse à 120 USD. 

En Asie Pacifique, la somme des petites annonces en provenance de Chine a créé un climat positif à Hong Kong et au Japon, où la faiblesse du yen continue en parallèle à jouer son rôle historique d'accélérateur des marchés actions. Les indicateurs avancés américains sont plutôt baissiers au moment où j'écris, mais ceux du marché européen pointent en direction d'un rebond, alimenté à la fois par le différentiel de performance constaté la veille avec Wall Street et par la bonne tenue de l'Asie. Le CAC40 gagne 0,2% à 6511 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Peu d'indicateurs aujourd'hui. L'OCDE doit publier ses nouvelles prévisions. Tout l'agenda macro ici. La seconde lecture du PIB japonais du premier trimestre 2022 fait état d'une contraction de -0,1%, légèrement moins forte que la statistique initiale (-0,2%).

L'euro est relativement stable à 1,0682 USD. L'once d'or s’échange autour de 1846 USD. Le pétrole est toujours aussi ferme avec un Brent de Mer du Nord à 120,67 USD le baril et un brut léger américain WTI à 119,68 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans perd quelques points à 3%. Le bitcoin joue aux montagnes russes et revient à 30 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Assa Abloy : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 225 SEK.
  • Atlas Copco : HSBC passe de conserver à acheter en visant 130 SEK.
  • BPER Banca : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 2,90 à 3,30 EUR.
  • BT Group : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 185 GBp.
  • DFS Furniture : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 325 à 280 GBp.
  • Edenred : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 35 à 42 EUR.
  • Galp Energia : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 12,20 à 12,70 EUR.
  • Johnson Matthey : Panmure Gordon passe de conserver à acheter en visant 3888 GBp.
  • Kingspan : Goldman Sachs reprend le suivi à l'achat en visant 105 EUR.
  • S&T AG (Kontron) : Kepler Cheuvreux reprend le suivi à l'achat en visant 24 EUR.
  • Made.com : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 90 à 72 GBp.
  • Rockwool : Goldman Sachs reprend le suivi à neutre en visant 2257 DKK.
  • Safran : Exane BNP Paribas passe de neutre à surperformance en visant 134 EUR.
  • Schindler : HSBC passe de conserver à alléger en visant 173 CHF.
  • Sika : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif réduit de 463 à 400 CHF.
  • Standard Chartered : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 972 à 991 GBp.
  • Telefonica Deutschland : Berenberg passe d'acheter à vendre en visant 2,10 EUR.
  • Yara : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 580 NOK.
  • Zur Rose : UBS reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 95 à 93 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • La FDA approuve Dupixent de Sanofi comme premier médicament biologique pour le traitement de la dermatite atopique modérée à sévère de l'enfant.
  • Pernod Ricard organise une journée investisseurs. Le groupe vise "la partie haute" de la fourchette de croissance du CA de +4% à +7% par an.
  • Schneider Electric a conclu un accord avec Watlow en vue de céder son activité Eurotherm3
  • Saint-Gobain investit 91 MCAD dans son usine de gypse de Montréal.
  • Faurecia tient son assemblée générale.
  • Electricité de France nomme un directeur programme nouveau nucléaire France.
  • Après le scandale Orpéa, Korian à son tour visé par des plaintes.
  • Gaztransport & Technigaz obtient une commande de Hyundai Samho Heavy Industries pour la conception des cuves d'un nouveau méthanier.
  • DBV Technologies obtient des résultats positifs en phase III avec Viaskin Peanut chez les enfants âgés de 1 à 3 ans allergiques à l'arachide.
  • Metalliance commande 12 Véhicules Multi-Services à Gaussin pour la construction du Sydney Metro West en Australie.
  • Le conseil d'administration de Rougier prévoit désormais de reprendre la cotation à la fin de l'année 2022 ou tout début 2023.
  • Ekinops choisi par Spie pour fournir un haut débit ultra sécurisé à 22 établissements universitaires.
  • Auplata rachète à l'euro symbolique les BSA Rare Earth Global. Elle a par ailleurs reçu de San Antonio Securities une demande de remboursement de 32,1 M€ en numéraire pour ses avances en compte courant et la cession des parts des fonds OSEAD. Elle examine comment rembourser cette somme avant la fin juillet.
  • BIO-UV équipe le navire MSC Caledonia II d'un système de traitement des eaux de ballast.
  • Lancement d’un partenariat sur la seconde vie des batteries de véhicules électriques entre Entech, Stellantis, Talendi et l’Université Bretagne Sud.
  • Les actionnaires de la Financière et Immobilière de l'Etang de Berre ont validé la cession du principal actif de la société pour 20,5 M€.
  • Hiolle soutient l'offre à 4,70 EUR la visant.
  • Riber annonce une commande ferme de deux machines MBE de production, assortie d'une option pour 4 machines supplémentaires.
  • Spineguard signe un partenariat avec la Sorbonne, le CNRS et l'Inserm.
  • Neurones, TotalEnergies EP Gabon et Akwel détachent leurs dividendes.
  • Quadient, Grolleau, SII et Obiz ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures