Le climat d'aversion au risque a pesé sur les actions tandis que les craintes d'un ralentissement de l'économie mondiale faisaient reculer sur le dollar.

A Wall Street, l'indice Dow Jones a cédé 395,78 points, soit 1,56%, à 25.017,44 points.

Le S&P-500, plus large, a perdu 45,54 points, soit 1,66%, à 2.690,73.

Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 219,40 points (3,03%) à 7.028,48, sa plus forte baisse en pourcentage sur une séance depuis près d'un mois.

Les FANG, ces géants d'internet qui ont joué un rôle moteur dans l'une des plus longues séquences de hausse de l'histoire boursière américaine et dont les valorisations extrêmement tendues inquiètent les investisseurs, ont précipité la chute du Nasdaq.

Leur indice sectoriel a perdu près de 4% et se dirige vers sa troisième baisse mensuelle consécutive.

"Nous voyons les transactions sur les FANG commencer à se détériorer, c'est un peu comme un retour sur terre", explique Stephen Massoca (Wedbush Securities).

Les malheurs des FANG s'ajoutent à un environnement général peu propice à la prise de risque, après l'absence de communiqué final du sommet Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) ce week-end, qui a souligné l'impact des tensions commerciales internationales.

VALEURS

En Bourse, Apple, première capitalisation mondiale, a cédé 3,96% après un article du Wall Street Journal selon lequel le groupe a réduit ses commandes de production des trois modèles d'iPhone lancés en septembre.

"Les investisseurs craignent que l'iPhone soit proche de son point haut, voire qu'il l'ait déjà dépassé. Et les fabricants de puces qui fournissent le secteur des smartphones sont eux aussi sous pression", commente David Madden, analyste de CMC Markets.

L'indice S&P des hautes technologies a reculé de 3,8%.

Le fabricant de mémoires Micron Technology a perdu 6,6% après les informations du Financial Times sur les progrès de l'enquête antitrust sur ce marché en cours en Chine.

Facebook (-5,9%) est quant à lui tombé à son plus bas niveau depuis février 2017.

Parmi les perdants du jour figure également Nvidia qui a encore perdu plus de 12% dans le sillage de prévisions décevantes, en raison notamment de la baisse de la demande des mineurs de cryptomonnaies.

Autre repli spectaculaire, celui de Boeing, qui a abandonné 4,47% (plus forte baisse du Dow), sanctionné sur fond de regain de tension sur le front du commerce.

LES INDICATEURS DU JOUR

Le seul indicateur conjoncturel important du jour, l'indice NAHB du marché immobilier américain, est ressorti nettement inférieur aux attentes à 60 contre 68 en octobre, alors que le consensus le donnait à 67.

LA SÉANCE EN EUROPE

À Paris, le CAC 40 a perdu 0,79% à 4.985,45 points, sa première clôture sous 5.000 points depuis le 30 octobre, alors qu'il gagnait 0,74% au plus haut.

A Francfort, le Dax a abandonné 0,85%; l'indice EuroStoxx 50 a fini sur un repli de 0,64%, le FTSEurofirst 300 de 0,7% et le Stoxx 600 de 0,73%.

A Londres, le FTSE 100, porté par l'absence de mauvaise nouvelle sur le front du Brexit, a limité son recul à 0,19%.

Si la journée avait débuté sur une note positive, les principales sources d'incertitude du moment restent bien présentes, qu'il s'agisse des tensions commerciales, des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ou du différend entre la Commission européenne et le gouvernement de Rome sur le budget italien.

Si le principal fait du jour a été une fois de plus le repli marqué des valeurs technologiques américaines, la baisse la plus frappante de la séance en Europe est celle de Renault, qui a chuté de 8,43% après l'annonce de l'arrestation au Japon de son PDG Carlos Ghosn, également président de Nissan, soupçonné de ne pas avoir déclaré une partie de ses revenus aux autorités boursières japonaises.

TAUX

Le rendement des Treasuries, qui cède deux points de base à 3,06%, a réduit ses pertes après les propos du président de Fed de New York, John Williams, qui a déclaré s'attendre à une poursuite du cycle de remontée progressive des taux d'intérêt à l'issue de la réunion de politique monétaire du mois prochain.

En Europe, le rendement à dix ans allemand était pratiquement inchangé à la clôture à 0,374%. Parallèlement, les rendements italiens sont repartis à la hausse en réaction aux propos du ministre de l'Economie Giovanni Tria réaffirmant que Rome n'avait pas l'intention de modifier son projet de budget 2019 pour prendre en compte les objections de la Commission européenne (CE).

CHANGES

Le dollar accentue son repli et l'indice qui mesure ses fluctuations face à un panier de devises de référence recule de 0,27%, au plus bas depuis plus de deux semaines.

La devise américaine souffre, comme vendredi, du ton prudent choisi par plusieurs responsables de la Fed pour évoquer les perspectives économiques mondiales et la possibilité que la Fed se rapproche de la fin du cycle de hausse des taux engagé en 2015.

"On a l'impression que le marché des changes commence à penser que les jours du resserrement de la Fed sont comptés et ceux de la vigueur du dollar aussi", commente Ned Rumpeltin, directeur de la stratégie devises européenne de TD Securities à Londres.

L'euro en profite pour remonter à 1,1452 dollar, au plus haut depuis le 7 novembre.

Sur le marché des cryptomonnaies, la dégringolade se poursuit pour le bitcoin, tombé sous le seuil symbolique des 5.000 dollars, en repli de plus de 10% sur la journée.

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont terminé une séance volatile en légère hausse après avoir longtemps hésité entre les craintes d'un engorgement du marché et les spéculations autour d'une possible réduction de la production de l'Opep et de ses alliés après la réunion ministérielle du cartel le 6 décembre.

A SUIVRE MARDI :

La journée de mardi s'annonce plutôt calme du côté des indicateurs avec au programme les prix à la production en Allemagne pour le mois d'octobre (07h00) et les chiffres des mises en chantier et des permis de construire aux Etats-Unis (13h30 GMT).

BASF, EasyJet et Gap publieront leurs résultats trimestriels.

(Patrick Vignal pour le service français, avec Chuck Mikolajczak et Terence Gabriel à New York)