New York (awp/afp) - La Bourse de New York reculait à l'ouverture vendredi, les investisseurs hésitant à s'engager face aux incertitudes entourant le coronavirus et après la récente montée des indices à des niveaux inédits.

Vers 15H20 GMT, l'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones Industrial Average, reculait de 0,70%, à 29.016,73 points.

Le Nasdaq, à forte coloration technologique, lâchait 1,11%, à 9.642,72 points, et le S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises de Wall Street, perdait 0,76%, à 3.347,54 points.

Wall Street avait déjà terminé dans le rouge jeudi, faisant une pause dans sa course aux records tout en s'interrogeant sur les conséquences économiques de l'épidémie de pneumonie virale apparue en Chine: le Dow Jones avait reculé de 0,44% et le Nasdaq de 0,67%.

"Le marché continue d'essayer de trouver le bon équilibre entre la crainte que le coronavirus apparu en Chine ne pèse lourdement sur les bénéfices des entreprises et les meilleures données économiques et bénéfices que nous constatons en temps réel", avance Art Hogan, de National Holdings, en soulignant que les investisseurs surveillent actuellement particulièrement les perturbations des chaînes d'approvisionnement.

Après Apple (-0,86%), qui avait ébranlé les marchés en début de semaine en avertissant que la pneumonie virale allait affecter ses résultats, c'était au tour de Coca-Cola (+0,17%) vendredi de prévenir que l'épidémie allait peser sur ses ventes du premier trimestre. Le géant des sodas espère toutefois combler le manque à gagner par la suite.

Or et bons du Trésor

Les acteurs du marché, rassérénés par l'apparent ralentissement de la propagation du virus plus tôt dans la semaine, s'inquiétaient par ailleurs de voir l'apparition de nouveaux foyers en Asie, avec notamment un doublement des cas en Corée du Sud, quelque 500 prisonniers contaminés en Chine et deux décès supplémentaires en Iran.

Les analystes mettaient par ailleurs de plus en plus en avant le paradoxe entre le fort attrait actuel des investisseurs pour l'or (au plus haut depuis 2013) et les bons du Trésor, considérés comme des valeurs sûres et la récente montée des indices de Wall Street, généralement vus comme des actifs risqués, à de nouveaux sommets.

"Certains investisseurs estiment que le marché boursier est suracheté, surpeuplé, surévalué et est prêt pour une correction, ce qui alimente une ruée vers les valeurs refuges", estime Patrick O'Hare, de Briefing.

"Certains investisseurs pensent également que le coronavirus va s'étendre et avoir un impact plus prononcé sur la croissance économique et sur les bénéfices que ne le pense le marché boursier", ce qui nourrit l'attrait pour les actifs jugés plus sûrs, ajoute-t-il.

Mais dans le même temps, "la Bourse se concentre plutôt sur la persistance de taux d'intérêt bas, ses expériences passées avec les virus (qui n'ont généralement pas conduit à des replis boursiers prolongés, NDLR), et l'idée que la Fed est toujours prête à intervenir pour stimuler l'économie", remarque l'expert.

"La question maintenant est de savoir qui du marché boursier, du marché obligataire ou de l'or, va céder le premier", estime M. O'Hare.

Signe d'un intérêt accru pour le marché obligataire, le taux à 10 ans sur la dette américaine reculait encore nettement vendredi, à 1,459% contre 1,566% la veille la clôture. Il est au plus bas depuis septembre.

Le fabricant d'équipements agricoles Deere bondissait de 9,71% après avoir fait part de résultats supérieurs aux attentes. Le groupe a souligné voir des "signes de stabilisation dans le secteur agricole aux Etats-Unis" avec des agriculteurs plus confiants grâce à l'apaisement des tensions commerciales et à l'espoir d'une hausse des exportations.

Hewlett Packard grappillait 0,04%. Le groupe, qui a plusieurs fois rejeté au cours des derniers mois une offre de rachat proposée par Xerox (-0,68%), a adopté une "pilule empoisonnée" donnant notamment le droit à ses actionnaires d'acheter de nouvelles actions à un prix réduit si toute entité venait à acheter au moins 20% des actions flottantes, ce qui devrait rendre plus difficile toute prise de contrôle non désirée.

T-Mobile US (-1,73%) et Sprint (+5,15%) ont accepté de changer les termes de leur accord de fusion en faveur de Deutsche Telekom, la maison mère allemande de T-Mobile, qui devrait avoir une part plus importante dans la nouvelle société.

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