Sur les marchés boursiers, c'est un peu la soupe à la grimace cette semaine. Les belles promesses récentes sont en train de partir en quenouille et les marchés traînent leur peine lors d'une quatrième séance de baisse consécutive. Ce ne sont pas de gros décrochages, mais ça montre que les investisseurs sont mal à l'aise avec le contexte économico-financier. Sur la semaine, le CAC40 rend -1,2%, le SMI -1,6%, le DAX -1,8%, le S&P500 -3,4% et le Nasdaq 100 -4,1%. Bon OK, la baisse est quand même assez substantielle à Wall Street, où les valeurs technologiques ont rechuté.

Il y a quand même un truc qui me chiffonne sérieusement ce matin, c'est la forte baisse du rendement des obligations américaines à 10 ans, dont la rémunération a reculé à 3,46%. Normalement si ce rendement baisse, c'est que le marché entrevoit une embellie sur les taux directeurs. Et donc que les actions devraient en profiter. Double problème : aucune information ne permet de justifier sérieusement la remontée des obligations (le prix des obligations monte quand leur rendement baisse) et rien n'explique l'absence de réaction des actions. Ce n'est pas le moindre des mystères du moment, même si, in fine, la courbe des taux est toujours inversée et envoie un signal de récession. J'aime beaucoup la formule de l'éditorialiste de Reuters Wayne Cole ce matin pour parler de cette situation. Je l'aime beaucoup et j'en suis jaloux parce que je n'aurais pas su l'exprimer aussi bien. Cole rappelle qu'on disait autrefois que la courbe du Trésor avait prédit cinq des deux dernières récessions, mais qu'aujourd'hui, personne ne semble douter de son pouvoir de prédiction des difficultés à venir. D'où une explication schizo mi-ironique, mi-sérieuse : peut-être que les rendements à long terme dégringolent à cause des craintes de récession causées par leur propre dégringolade. L'autre explication possible est que les banques centrales commencent à flipper sérieusement pour la dynamique économique, ce qui justifierait le petit numéro de soliste de Jerome Powell la semaine dernière. Enfin, tout cela reste de la conjecture. Cette contraction des rendements est quand même à suivre à une semaine de la prochaine décision de politique monétaire de la Fed sur ses taux.

J'enchaîne sur la deuxième partie de la chronique du jour, plus ludique. Et je commence directement avec quatre sociétés dont le nom correspond à une ville :

  • Le groupe minier BHP signifie Broken Hill Proprietary, du nom de la ville australienne de Broken Hill, berceau de l'entreprise.
  • Le spécialiste des outils tranchants finlandais Fiskars porte le nom de son village de naissance, dans la banlieue de Raseborg.
  • Le japonais Komatsu, connu pour ses engins de chantier, porte le nom de la ville où il a été fondé en 1917.
  • Un autre finlandais, Nokia, porte le nom de la ville dans laquelle il produisait initialement de la pâte à papier.

J'ajoute six sociétés qui tirent leur nom d'un lieu qui n'est cette fois pas une ville :

  • Alstom est la contraction d'Alsacienne-Thomson, héritage du rapprochement entre la SACM et Thomson-Houston en 1928. La société s'appelait Alsthom jusqu'en 1998, mais a perdu son "h", pour rendre le nom plus prononçable à l'international.
  • Bakkavor est désormais une entreprise britannique de l'agroalimentaire, mais son nom est tiré de la rue de la banlieue de Reykjavík (Islande) où les fondateurs ont grandi.
  • Delta Air Lines, la grande compagnie aérienne américaine, fait référence au delta du Mississippi.
  • Le nom du groupe pharmaceutique américain Gilead Sciences est d'inspiration biblique puisqu'il correspond à Galaad, la chaîne de montagne qui longe le Jourdain (Jordanie).
  • On revient dans l'aérien avec Qantas. Le nom de la compagnie nationale australienne est l'acronyme de Queensland and Northern Territory Aerial Services, soit les services aériens du Queensland et du Territoire du Nord.
  • Enfin, le groupe minier Rio Tinto, qui est anglo-australien, trouve son origine dans la rivière éponyme du sud de l'Espagne. Le Rio Tinto est rougeâtre à cause de la mine de cuivre exploitée depuis l'antiquité et jusqu'en 2001.

Pour terminer, quelques histoires plus singulières :

  • Le confiseur américain The Hershey Company a donné son nom à la communauté urbaine où se situe son siège, en Pennsylvanie.
  • Une ville porte le nom de Toyota au Japon. Mais elle s'appelait à l'origine Koromo et a été rebaptisée du nom du constructeur, qui y abrite son siège, en son honneur en 1959.

Voilà, c'est tout pour cet épisode de l'abécédaire géographico-boursier. Si vous aimez l'onomastique, puisqu'apparemment c'est comme ça que ça s'appelle, j'avais déjà commis quelque chose sur des sociétés portant des noms de personnes et d'autres portant des noms latins.

Dans le reste de l'actualité, un coup d'Etat du président péruvien échoue lamentablement puisque le fauteur de trouble a été arrêté. Le fondateur de FTX, Sam Bankman-Fried, ferait l'objet d'une enquête sur la manipulation des marchés, selon le New York Times. Le pétrole reste sous pression. Au niveau géopolitique, le président russe Vladimir Poutine a reconnu que le conflit en Ukraine allait durer mais a fait retomber la pression sur le recours à des armes nucléaires. "Nous ne sommes pas devenus fous, nous savons ce que sont les armes nucléaires", a-t-il déclaré. Par ailleurs, les Pays-Bas s'alignent sur les Etats-Unis en renforçant le contrôle sur les exportations de technologies vers la Chine. La Chine où le détricotage du plan zéro-covid ne provoque pas un fol engouement pour les marchés du continent, par contraste avec le Hang Seng qui s'agite ce matin.

A Tokyo, le Nikkei 225 a clôturé en baisse de 0,4% ce matin, tandis qu'en Australie, l'ASX 200 rendait 0,7%. La Chine continentale et la Corée sont elles aussi en retrait. Bombay fait de la résistance en légère hausse alors que le Hang Seng brille (+2,9%), sur fond de rumeurs sur l'abandon du port du masque. Les indicateurs avancés européens sont mollement baissiers. Mais le CAC a inversé la tendance avant l'ouverture, ce qui lui a permis d'ouvrir sur un gain de 0,2% à 6677 points.

Les temps forts économiques du jour

Les inscriptions hebdomadaires au chômage seront annoncées à 14h30 aux Etats-Unis. Tout l'agenda macro ici. Le PIB japonais du troisième trimestre se contracte finalement un peu moins fort que prévu (-0,8% vs. -1% projeté). La banque centrale brésilienne a laissé ses taux directeurs inchangés à 13,75%.

L'euro remonte non loin de1,05 USD. L'once d'or se renforce à 1782 USD. Le pétrole reste sous pression, avec un Brent de Mer du Nord à 77,80 USD le baril et un brut léger américain WTI à 72,71 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans se détend à nouveau à 3,46%. Le bitcoin s'échange autour de 16 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Anglo American : Morgan Stanley passe de pondération en ligne à souspondérer en visant 3030 GBp.
  • CTS Eventim : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 75 à 77 EUR.
  • Essity : HSBC passe de conserver à acheter en visant 300 SEK.
  • EuroAPI : Deutsche Bank passe d'acheter à conserver en visant 17 EUR.
  • Gecina : AlphaValue passe d'accumuler à alléger en visant 99,90 EUR.
  • Generali : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 16,50 EUR.
  • Grieg Seafood : Fearnley passe de conserver à acheter en visant 81 NOK.
  • Icade : AlphaValue passe d'accumuler à alléger en visant 39,60 EUR.
  • Just Group : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 95 GBp.
  • Nestlé : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 123 CHF.
  • Pandora : Société Générale démarre le suivi à la vente en visant 394 DKK.
  • Poste Italiane : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 10,80 EUR.
  • Stadler Rail : Crédit Suisse reste neutre avec un objectif réduit de 35 à 33 CHF.
  • STMicroelectronics : Citigroup relève son objectif de cours de 52 à 58 EUR.
  • Swiss Re : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 100 CHF.
  • Travis Perkins : J.P. Morgan passe de neutre à souspondérer en visant 800 GBp.
  • Vonovia : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 50 à 39 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Pas de condamnation requise contre Airbus et Air France dans le cadre du crash du Rio / Paris. Par ailleurs, Airbus ne commente pas les discussions du régulateur américain sur l'A321XLR.
  • Feu vert de Londres au rachat d'Aveva par Schneider Electric.
  • Il faudra probablement attendre l'année prochaine pour avoir un accord entre Renault et Nissan sur leurs nouveaux liens. La marque au losange a par ailleurs confirmé le départ de Clotilde Delbos, la directrice générale de Mobilize, la division des nouvelles mobilités. Fedra Ribeiro lui succède.
  • Vinci devient le premier actionnaire du groupe aéroportuaire OMA au Mexique.
  • Fitch confirme la notation crédit "AA-" assortie d'une perspective stable de TotalEnergie.
  • La direction de GRDF, filiale d'Engie, et la CGT ne sont pas parvenues à un accord sur les salaires mercredi pour mettre fin à une grève longue.
  • JCDecaux rachète la société française Pisoni.
  • Hausse du trafic tourisme et repli du trafic camions en novembre pour Getlink.
  • Eiffage remporte en groupement la réalisation d'un immeuble de bureaux pour l'administration centrale des ministères chargés des affaires sociales à Malakoff.
  • Groupe LDLC passe la barre des 80 magasins avec 4 nouvelles ouvertures.
  • Lectra rachète TextileGenesis.
  • Carmat a levé 31,1 M€ à 10,50 EUR l'action.
  • Derichebourg a publié ses comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Le Pentagone attribue un contrat massif de cloud à quatre poids lourds de la Tech (Amazon, Google, Microsoft et Oracle).
  • Glencore renonce à son projet charbonnier géant en Australie dans le cadre de sa politique environnementale.
  • Partners Group va acquérir une participation majoritaire dans le fournisseur indien d'énergie renouvelable Sunsure. Par ailleurs, la valorisation retenue pour Breitling atteindrait 4,2 MdsCHF dans le cadre du projet de prise de contrôle présumée de Partners Group, qui possède déjà 23%.
  • Les banquiers d'Elon Musk envisagent de fournir au milliardaire de nouveaux prêts sur marge garantis par des actions Tesla pour remplacer une partie de la dette à taux d'intérêt élevé qu'il a accumulée sur Twitter.
  • Generali étudie la vente d'un portefeuille d'assurance vie de 20 Mds€.
  • Equinor et RWE retenus sur des projets éoliens aux Etats-Unis.
  • Siemens alloue 650 M€ pour atteindre des objectifs climatiques améliorés d'ici 2030.
  • Deux développeurs solaires se disputent les actifs d'Enel au Chili.
  • Swissquote s'étend en Suisse et à l'international.
  • Google rapproche les équipes de Maps et Waze afin de réduire les chevauchements.
  • Roche obtient le feu vert de la FDA pour un test d'Alzheimer.
  • Ryanair prolonge le mandat de son directeur général Michael O'Leary jusqu'en 2028.
  • Barry Callebaut dépense 70 M$ pour agrandir et moderniser sa chocolaterie canadienne.
  • SIG Group se dote d'une nouvelle usine de recyclage au Brésil.
  • Ion Beam Applications remporte un gros contrat en Espagne.
  • Walmart, Automatic Data Processing et Johnson Matthey détachent des coupons.
  • Principales publications du jour : Walmart, Broadcom, Costco, Lululemon, ChewyTout l'agenda ici.

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