On y apprend par exemple, et ce n'est pas forcément intuitif, que 58% des investisseurs interrogés estiment qu'un nouveau "marché haussier" a démarré, alors qu'ils n'étaient que 25% au mois de mai, lorsque les actions avaient déjà pas mal entamé leur rebond. Dans le même registre, 49% des investisseurs estiment que nous ne sommes déjà plus en phase de récession, alors que 37% pensent que c'est toujours le cas. Pour autant, c'est la première fois depuis le mois de février que les premiers sont plus nombreux que les seconds, comme l'illustre le graphique qui suit :

Enquête BofA ML FMS

La Tech, encore la Tech, toujours la Tech, mais...

Malgré ces belles dispositions, les investisseurs sont un peu paranoïaques, voire schizophrènes. En effet, ils sont 80% à considérer que la technologie américaine est le plus gros "crowded trade" de tous les temps, ce que l'on pourrait approximativement décrire par "un consensus moutonnier géant en faveur des technologiques américaines". D'ailleurs, une "bulle technologique" apparaît désormais comme le second risque le plus marqué redouté par les investisseurs après la seconde vague de Covid-19. Le second "most crowded trade" du mois est d'être long sur l'or (mais à 7% seulement vs 25% en août) et court sur l'USD (à 6%).

Un autre enseignement de l'enquête de septembre, c'est qu'il y a une rotation sectorielle en cours, avec des réductions de voilure manifestes sur la Technologie, la Santé et les grosses capitalisations, au profit des Industrielles (qui bénéficient de la plus forte surpondération jamais vue depuis janvier 2018) des petites valeurs et de la stratégie "value". En revanche, il n'y a pas de rotation géographique puisque les États-Unis sont toujours largement privilégiés par rapport au reste du monde. Bank of America Merrill Lynch a aussi noté que personne ne veut de Banque ni d'Energie, prolongeant une tendance qui dure depuis des années déjà, et qui a de quoi traumatiser les plus farouches défenseurs de ces deux secteurs.

L'énergie est notre avenir, mettons nos économies ailleurs

A la question qu'est-ce qui pourrait réveiller le marché des taux, les investisseurs répondent à 41% via un vaccin contre le coronavirus, et à 37 % par l'entremise d'un renforcement de l'inflation. Contrairement au président américain, les investisseurs sont majoritaires à penser que le vaccin ne sera annoncé qu'au premier trimestre 2021. La banque d'affaires américaine conclut son état des lieux par un tableau intéressant, qui met en lumière - notamment - les paris "contrarians" les plus fous du moment. Si vous tenez absolument à miser sur les situations désespérées, soyez "long" sur le marché britannique, l'Energie (à cause du poids des énergies fossiles dans le secteur) et dans une moindre mesure la Banque. Ou "short" sur la Consommation Discrétionnaire, la Santé et la Tech US, ça fonctionne aussi. Les extrémistes pourront jouer un "Long UK / Short Tech", ou quelque chose du genre.

Contrarian Trades
Les "trades" les moins populaires du moment sont en bas à gauche, les plus populaires en haut à droite

Oh, une dernière chose : 25% des actifs sous gestion des investisseurs interrogés étaient dédiés aux ETF, ce qui constitue un nouveau record. Mais à la question "avez-vous l'intention d'accroître vos positions en ETF en portefeuille ?" seuls 6% ont répondu "oui", soit le niveau le plus faible jamais atteint sauf une fois en juillet 2019.

* Le panel BofA ML a été réalisé du 3 au 10 septembre auprès de 224 panélistes gérant 646 Mds$.