Mais on démarre avec des marchés actions qui ne baissent plus en Europe, en tout cas pour une partie d'entre eux. Il est fort possible que l'année dernière exactement à la même époque, j'ai écrit que les marchés actions ne montent plus, parce que c'était le cas. Mais pour en revenir à 2023, le CAC40 et le DAX40 en sont à dix séances de hausse pour deux de baisse depuis le 1er janvier, après de légers gains hier. Un parcours à mettre en parallèle avec celui du Nasdaq, qui a enfilé hier une septième perle consécutive à son collier de hausse. L'indice technologique américain est une bonne jauge de l'appétit pour le risque des investisseurs.

Ceci dit, la série a failli prendre fin hier, puisque le Nasdaq n'a grappillé que 0,1% en clôture. Il y a d'ailleurs eu un grand écart avec le Dow Jones, qui a cédé 1,14%. Le vieil indice a été plombé par Goldman Sachs, qui a chuté de 6,4% après des résultats très décevants. La banque américaine est le second dossier le plus influent du Dow Jones, dont elle pesait plus de 7% avant la séance d'hier. L'indice historique de Wall Street présente en effet l'incongruité d'être calculé à partir du prix des actions et non de leur capitalisation réelle. Ce qui vaut à Goldman Sachs, avec son cours de 350 USD, d'avoir plus d'influence sur l'indice qu'Apple, qui ne cote que 136 USD, alors que la capitalisation de la marque à la pomme est 15 fois supérieure. Les indices modernes prennent, eux, en compte la capitalisation flottante des sociétés.

Maintenant, question ! Le regain de confiance du début de l'année 2023, alimenté par la perspective d'une normalisation de la politique monétaire, d'un atterrissage économique en douceur et d'un redémarrage en Chine est-il profondément ancré ? C'est ce que nous allons chercher à déterminer en décortiquant l'enquête mensuelle réalisée par Bank of America auprès d'une pléiade de gestionnaires d'actifs. Le panel est représentatif (286 professionnels gérant 772 Mds$) et le timing est adéquat (les réponses ont été données entre le 6 et le 12 janvier, ce qui colle au plus près au regain d'optimisme). L'enquête montre que les financiers sont "toujours baissiers, mais beaucoup moins qu'au quatrième trimestre", grâce au double facteur Chine et Fed, mais qu'ils y vont encore avec des pincettes. Il y a rotation vers les marchés émergents, l'Union européenne et les valeurs cycliques, ce qui dépeint assez bien ce qui s'est passé sur la première quinzaine de janvier.

Ce qui est étonnant mais dont j'ai déjà parlé en début de semaine, c'est que les gérants sont bien plus optimistes que les économistes sur les mois à venir. Leur optimisme pour la croissance mondiale est au plus haut depuis un an, alors que les craintes de récession sont descendues au plus bas depuis 6 mois. La variable d'ajustement apparemment, c'est le retour de la Chine dans l'arène économique. On verra dans les prochains mois qui aura eu raison. Les principaux risques cités sont "l'inflation reste élevée" à 35%, devant "une profonde récession" (20%) et "les banques centrales restent punitives" (18%). Les autres risques cités dans une moindre mesure sont une dégradation géopolitique, un événement crédit systémique et le retour du coronavirus. Quant aux paris les plus embouteillés, être long sur le dollar US ressort en première position mais en baisse par rapport à décembre. "Etre long sur les actifs ESG" arrive ensuite, devant "être long sur les actions chinoises". Rien de très original, mais pas de grosses surprises là-dedans.

Un truc nettement plus bizarre quand même dans cette enquête : au jeu des pronostics pour la fin 2023, les financiers voient le rendement de l'obligation d'Etat américaine à 10 ans à 3,6%, le S&P500 à 3900 et le bitcoin à 15 500 USD. Actuellement, nous sommes respectivement à 3,48%, 3991 points et 21 200 USD. Je ne m'étends pas sur le taux du 10 ans, qui a l'air plutôt cohérent, ni sur le niveau du bitcoin, qui relève du mysticisme le plus total, mais je trouve surprenant qu'avec une vision économique plutôt optimiste, les gérants voient l'indice S&P500 plus bas qu'il ne l'est actuellement. La réponse est probablement que les investisseurs vont chercher la performance ailleurs qu'aux Etats-Unis. Et sans doute aussi qu'ils sont encore un peu confus dans leurs stratégies.

Pour finir, quelques mots des marchés actions européens préférés des professionnels, toujours tirés de l'enquête Bank of America, mais dans sa partie régionale. La France est en tête, devant l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Espagne. J'imagine que l'appel du luxe en France et la présence d'un gros contingent de valeurs cycliques en Allemagne peut expliquer cela. En revanche, le pari suisse, qui était le plus populaire dans l'enquête de décembre, a pris du plomb dans l'aile puisque les gérants s'en détournent largement, le jugeant trop défensif. Mais c'est toujours l'Italie qui fait figure de vilain petit canard, et de loin, ce qui était déjà le cas sur les derniers mois de 2022.

Allez, retour à notre séance du jour, avec une animation sur les marchés financiers qui est double. D'un côté les résultats d'entreprises, avec notamment BASF, Continental, Compagnie Financière Richemont, EQT, Burberry et Barry Callebaut en Europe ce matin. Puis quelques dossiers aux Etats-Unis, dont Charles Schwabb, Prologis et PNC Financial. De l'autre côté des actualités monétaires. A commencer par des allocutions de membres de la Fed durant la journée, en particulier Raphael Bostic et Lorie Logan. Peut-être l'occasion pour les investisseurs d'affiner leurs pronostics sur les intentions de la banque centrale. Cette nuit, la Banque du Japon a laissé sa politique monétaire inchangée, ce qui a annulé certains paris récents plus agressifs et enfoncé le yen. Hier, les marchés européens ont frémi de plaisir à la rumeur selon laquelle la BCE pourrait se montrer moins agressive que ce qu'elle avait laissé entendre en décembre. Rumeur qui n'est pas étrangère à la hausse des gros marchés du vieux continent.

Le maintien d'une politique ultra-accommodante par la Banque du Japon et la chute consécutive du yen ont dopé le Nikkei 225 à Tokyo, puisqu'il s'adjuge 2,5% en fin de parcours. Les autres places sont plus mesurées avec des gains légers en Australie, en Inde et à Hong Kong, pendant que la Corée du Sud pique du nez. Les indicateurs avancés étaient légèrement haussiers en Europe tôt ce matin, après les derniers développements bancocentralesques, mais les chiffres de Richemont ont fait hésiter les investisseurs... finalement, le CAC40 gagne 0,07% à 7082 points à l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

En Europe, place à l'inflation de décembre pour le Royaume-Uni (8h00) et de la zone euro (11h00). Programme chargé aux Etats-Unis entre les ventes de détail (14h30), la production industrielle (15h15), l'indice NAHB des prix immobiliers et les stocks d'entreprises (16h00). Tout l'agenda ici. Cette nuit, le Japon a fait état de commandes de machines en chute marquée en décembre, pendant que la Banque du Japon a laissé sa politique monétaire inchangée.

L'euro recule à 1,0775 USD. L'once d'or se replie de concert à 1898 USD. Le pétrole a progressé, avec un Brent de Mer du Nord à 86,48 USD le baril et un brut léger américain WTI à 81,07 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans recule à 3,48%. Le bitcoin se maintient autour de 21 100 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Aallon : Inderes passe d'acheter à accumuler en visant 12 EUR.
  • AB Volvo : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 175 à 190 SEK.
  • ArcelorMittal : UBS passe de neutre à vendre.
  • AstraZeneca : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 118 à 126 GBp.
  • ATOSS : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 135 à 160 EUR.
  • Capgemini : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer.
  • Danone : Goldman Sachs reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 49 à 48 EUR.
  • DEME : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 140 à 150 EUR.
  • DNB Bank : J.P. Morgan passe de surpondérer à neutre en visant 185 NOK.
  • Elior : Deutsche Bank relève son objectif de cours de 2,50 à 4,22 EUR.
  • Essity : Jefferies passe de conserver à sousperformance en visant 250 SEK.
  • Ferrovial : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 29 à 31 EUR.
  • Getlink : HSBC passe de conserver à acheter en visant 19,25 EUR.
  • Grifols : Jefferies passe de conserver à acheter en visant 16,90 EUR.
  • Hannover Re : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 200 EUR.
  • Idorsia : Jefferies passe d'acheter à conserver en visant 16,20 CHF.
  • JCDecaux : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours relevé de 15,10 à 15,60 EUR.
  • JDE Peet's : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 31 à 28,20 EUR.
  • L'Oréal : Jefferies reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 280 à 293 EUR.
  • La Française des Jeux : Deutsche Bank relève son objectif de cours de 31 à 37 EUR.
  • Lindt : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 124 000 à 125 500 CHF.
  • Nestlé : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 115 CHF.
  • NH Hotel : Oddo BHF passe de sousperformance à neutre en visant 3,50 EUR.
  • Proximus : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours réduire de 19,10 à 13,20 EUR. HSBC passe d'alléger à conserver en visant 10 EUR.
  • Technip Energies : Barclays relève son objectif de cours de 16,50 à 20 EUR.
  • TotalEnergies : Redburn passe d'acheter à vendre.
  • TUI : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 2,48 à 2,10 EUR.
  • Unilever : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4500 à 4850 GBp.
  • Vestas : Pareto passe d'acheter à conserver en visant 215 DKK.
  • Vetropack : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 50 à 56 CHF.
  • Vidrala : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 84 à 98 EUR.
  • Whitbread : Oddo BHF passe de surperformance à neutre en visant 3500 GBp.
  • Zignago Vetro : Berenberg passe de conserver à acheter en visant 17 EUR.
  • Zurich Insurance : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 475 CHF.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont données à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • FNAC Darty : la société n'atteindra pas son objectif de cash-flow libre sur la période 2021/2023 et le décale d'un an, a-t-elle averti hier soir, après avoir fait état d'un résultat opérationnel courant de 230 M€ en 2022 (consensus 231 M€).
  • Kalray : le chiffre d'affaires consolidé 2022 atteint 16,4 M€ et celui de 2023 devrait monter à 40 M€. L'objectif d'Ebitda 2022 est confirmé. Le seul analyste qui suit le dossier visait 14 M€ pour 2022 et 40 M€ en 2023.
  • Pierre & Vacances : enregistre une croissance d'activité de 9,9% au T1 fiscal.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont données à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • ASM International : les revenus du T4 ont atteint 720 M€, au-dessus de la fourchette d'objectifs (630 à 660 M€). La marge d'exploitation devrait atteindre 26% au T4.
  • Barry Callebaut : les revenus du T1 2022/2023 ont progressé de 7,2% en monnaies locales, mais les volumes se sont contractés.
  • BASF : le résultat opérationnel 2022 ressort à 6,88 Mds€. Le chiffre d'affaires à 87,3 Mds€. A cause des dépréciations, le chimiste affiche une perte nette de 1,38 Md€.
  • Compagnie Financière Richemont : les ventes ont atteint 5,4 Mds€ sur le T3 fiscal, en hausse de 8% ou de 5% hors effets de changes. Le consensus était plus ambitieux (5,6 Mds€).
  • Continental : le chiffre d'affaires 2022 devrait atteindre 39,4 Mds€, selon une estimation préliminaire.
  • Just Eat Takeaway : les entrées de commandes étaient inférieures aux attentes au T4, à 240 M€. Le management espère toujours dégager un Ebitda ajusté de 225 M€ en 2023.
  • United Airlines : la compagnie aérienne américaine dépasse les attentes sur le T4 2022 et guide vers des résultats plus élevés que prévu sur le T1 2023.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les immatriculations de véhicules neufs en Europe ont progressé de 14,8% en décembre, selon l'ACEA.
  • Microsoft devrait supprimer des milliers d'emplois, selon Sky News.
  • Emerson Electric lance une OPA hostile sur National Instruments pour 7,6 Mds$, après avoir été éconduit.
  • Pfizer va vendre près de 500 vaccins et médicaments à prix coûtant.
  • Apple décale la sortie de ses lunettes en réalité augmentée, et projette un produit moins ambitieux, selon The Information.
  • Lufthansa cherche à obtenir le contrôle total d'ITA Airways via une nouvelle offre, selon Bloomberg.
  • S&P Global va vendre son activité de solutions d'ingénierie à KKR pour 975 M$.
  • La vidéo de Tesla faisant la promotion de la conduite autonome a été mise en scène, selon un ingénieur.
  • Moderna annonce que son candidat vaccin mRNA-1345 contre le VRS passe avec succès la phase III.
  • Party City se place sous le régime des faillites aux Etats-Unis.
  • Principales publications du jour : Charles Schwabb, BHP Group, Prologis, PNC Financial, EQT, Antofagasta, Burberry, PearsonTout l'agenda ici.

Lectures