Un éditorialiste dont j'ai oublié le journal titrait en début de semaine "plus rien ne fonctionne au Royaume-Uni". Ça a l'air très vrai, et ça a même forcé la banque centrale du pays à une opération contre nature hier. Opération qui a paradoxalement ravi les marchés des actions et des obligations, comme j'essaie de l'expliquer un peu après. En attendant, le rendement des obligations d'Etat s'est détendu, les actions européennes ont basculé du rouge vif au vert pâle et Wall Street s'est offert un gain de 2% à la clôture, après six séances de déprime intense. Comme dirait Baloo, il en faut peu pour être heureux.

En effet, on pensait l'ère du "quoi qu'il en coûte" révolue, mais la Banque d'Angleterre a prouvé hier que non. L'institution, craignant pour la stabilité financière de la Grande-Bretagne, va acheter dans les semaines à venir des obligations "on whatever scale is necessary". Autrement dit, autant que nécessaire. Elle a aussi retardé le lancement du programme de purge de son bilan après des années de soutien économique. Il faut dire que la BoE est dans une situation que je qualifierais de délicate si je voulais garder un semblant de style, ou de franchement merdique si je cherchais à être plus proche de la réalité.

Je m'explique : la banque centrale a commencé à relever ses taux dès le mois de décembre 2021 pour tenter de maîtriser une inflation parmi les plus fortes des économies développées. Et quand la courroie de transmission donne ses premiers signes d'efficacité sur les prix, Liz Truss et Kwasi Kwarteng dégainent un bon gros plan de relance dégoulinant de réductions d'impôts, qui envoie la livre sterling au tapis et fait bondir les coûts d'emprunt du pays. En d'autres termes, pendant que la BoE arrose copieusement le foyer de la surchauffe économique, le nouveau gouvernement britannique fête son arrivée aux affaires en faisant la même chose avec de l'essence. Il eut été plus opportun de se coordonner et sans doute plus intelligent de la part de la successeure de Boris Johnson de prévoir un plan en deux étapes, pour laisser le temps à la politique monétaire d'éteindre l'incendie.

Et là vous allez me dire : pourquoi Wall Street s'intéresse brusquement à l'économie britannique ? C'est simplement parce que le marché est un peu couillon, donc il a acheté la nouvelle hier en milieu de journée. Le marché se dit "chouette, les banques centrales peuvent encore inventer des trucs pour me soutenir". En réalité, la BoE n'a pas tellement envie de se lancer là-dedans, mais elle doit aussi veiller à ce que l'économie britannique ne vole pas en éclats. En l'espèce, elle a été forcée de sortir du bois après des signaux alarmants de gel du marché hypothécaire et d'appels de marge sévères pour les fonds de pension qui lui sont parvenus après l'envolée du rendement des Gilts, les obligations d'Etat britanniques. Son intervention a d'ailleurs eu un effet particulièrement efficace sur les Gilts à 30 ans, qui étaient ciblés par la mesure. Mais à terme, il est un peu compliqué intellectuellement de comprendre comment une banque centrale peut lutter contre l'inflation pendant que son gouvernement de tutelle déploie un plan de relance. Mais n'étant pas un spécialiste, je suis preneur de vos éclairages.

Pour être parfaitement honnête, il faut sans doute voir l'intervention de la Banque d'Angleterre comme un déclencheur de rebond dans un marché où les actions étaient probablement survendues. Mais gardez à l'esprit que les investisseurs ont toujours dans un coin de la tête l'image des banques centrales gardiennes de certains planchers boursiers. Aux Etats-Unis, c'est ce que l'on appelle le "Fed Put", c’est-à-dire le niveau auquel la banque centrale américaine est présumée redevenir plus docile parce qu'elle considère que la chute des marchés est trop pénalisante pour l'économie. L'exemple donné par la BoE tend à prouver que les banques centrales sont encore prêtes à brûler quelques cartouches pour stabiliser les marchés. Et ce symbole a fourni le carburant du rebond de la veille, un carburant pas très propre il faut bien l'admettre.

Aujourd'hui, l'agenda macro sera occupé par la première estimation de l'inflation de septembre en Allemagne (14h00), avant la troisième et dernière lecture affinée du PIB américain du second trimestre (14h30). Il y aura aussi autour de 15h30 une allocution de James Bullard, le banquier central américain le plus virulent en faveur des hausses de taux. Dans l'actualité des sociétés, il faut mentionner l'arrivée en bourse de la marque automobile Porsche, scindée d'avec Volkswagen. Malgré des conditions de marché difficiles, le prix retenu pour l'action, 82,50 EUR, est dans le haut de la fourchette prévue, signe de l'appétit des investisseurs pour le plus gros constructeur de luxe de masse. La première cotation est prévue ce matin. Attention, il y aura deux actions Porsche cotées, puisque le holding de Volkswagen s'appelle lui aussi Porsche (Porsche Automobil Holding précisément). La société qui entre en bourse aujourd'hui est celle qui produit et vend les véhicules. 

Les places boursières d'Asie Pacifique ont suivi le mouvement initié hier : le Japon, la Corée du Sud, Hong Kong ou l'Australie gagnent plus de 1%. Les gains sont un peu moins élevés en Inde et en Chine continentale. Les indicateurs avancés étaient positionnés en hausse en Europe tôt ce matin, mais ils sont repartis dans le rouge par la suite. Le CAC40 perdait 0,6% à 5737 points peu après l'ouverture. 

Les temps forts économiques du jour

Trois rendez-vous aujourd'hui : la première estimation de l'inflation allemande de septembre à 14h00, puis à 14h30 la lecture finale du PIB américain du T2 et les inscriptions hebdomadaires au chômage. Tout l'agenda macro ici.

L'euro remonte à 0,9686 USD. L'once d'or rebondit à 1653 USD. Le pétrole est lui aussi en phase ascendante, avec un Brent de Mer du Nord à 88,81 USD le baril et un brut léger américain WTI à 81,73 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans recule à 3,76%. Le bitcoin évolue autour de 19 535 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • 2CRSi : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif réduit de 5,70 à 5,30 EUR.
  • Bossard : UBS reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 186 à 159 CHF.
  • Burkhalter : Research Partners passe de conserver à acheter en visant 84 CHF.
  • Clariant : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 20,90 à 20 CHF.
  • Corporación Acciona Energías Renovables : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 42 à 45 EUR.
  • Direct Line : HSBC passe d'alléger à conserver en visant 190 GBp.
  • Elisa : Citigroup reprend le suivi à neutre en visant 49 EUR.
  • Evolution AB : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 1260 SEK.
  • Evotec : Bryan Garnier démarre le suivi à l'achat en visant 22 EUR.
  • Givaudan : Citigroup passe de neutre à achat en visant 3300 CHF. Goldman Sachs reste à la vente avec un objectif de cours réduit de 3100 à 2700 CHF.
  • GSK : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 1700 GBp.
  • Hugo Boss : Baader Helvea passe d'accumuler à alléger en visant 44 EUR.
  • Kambi : Jefferies démarre le suivi à l'achat en visant 220 SEK.
  • Kindred : Jefferies démarre le suivi à conserver en visant 90 SEK.
  • McPhy : Portzamparc passe de conserver à acheter en visant 11,40 EUR.
  • Norwegian Air : HSBC reprend le suivi à l'achat en visant 14,50 NOK.
  • Novartis : Oddo BHF passe de surperformance à neutre en visant 88 CHF.
  • Novo Nordisk : Oddo BHF passe de neutre à surperformance en visant 910 DKK.
  • Rightmove : Citigroup passe de neutre à vendre en visant 400 GBp.
  • Sinch : Morgan Stanley démarre le suivi à la pondération en ligne en visant 17 SEK.
  • Storebrand : Berenberg démarre le suivi à l'achat en visant 99 NOK.
  • Straumann : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 147 à 130 CHF.
  • Tele2 : Citigroup reprend le suivi à neutre en visant 105 SEK.
  • Traton : Morgan Stanley démarre le suivi à pondération en ligne en visant 17 EUR.
  • Valneva : Portzamparc passe de conserver à acheter en visant 10 EUR.
  • Zur Rose : Citigroup reste neutre avec un objectif réduit de 65 à 35 CHF.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Le Dupixent de Sanofi-Regeneron reçoit le feu vert de la FDA pour le traitement des maladies chroniques de la peau.
  • TotalEnergies veut accélérer dans le GNL et sortir des sables bitumineux.
  • Renault doit stopper temporairement l'usine de Douai pour des pénuries de puces.
  • Renault organise une journée investisseurs le 8 novembre pour présenter sa stratégie.
  • Accor relève son objectif d'EBE pour 2022 et négocie la vente de son siège social.
  • Worldline prend 40% d'Oline Payment Platform.
  • Casino et Intermarché s'allient à BUT, Conforama et MDA pour une centrale d'achat de produits techniques, Sirius Achats.
  • Valneva veut lever 40 M$ par une levée de fonds réservée.
  • Ubisoft repousse à nouveau la sortie de son jeu Skull and Bones.
  • CGG signe un accord de licence multi-clients geoverse avec TotalEnergies pour le stockage de gaz carbonique.
  • McPhy annonce une aide publique de 114 M€ pour soutenir sa "Gigafactory".
  • Spie lance son programme d'actionnariat salarié 2022.
  • 2CRSi sélectionné par l'UE et la France pour des projets de souveraineté numérique.
  • Nouveau directeur général chez Energisme.
  • Cellectis nomme un nouveau directeur médical.
  • Gaussin veut remplacer le moteur thermique des catamarans de Floatinn par un moteur hydrogène.
  • Immobilière 3F, leader du logement social, signe un partenariat avec Hoffmann Green Cement.
  • Synergie acquiert le polonais Interkadra.
  • NFTY dans une situation très délicate.
  • Pharmasimple cesse les tirages sur son financement dilutif et cherche des alternatives.
  • Orpea, Bénéteau, Genfit, Nanobiotix, Acanthe, Transition Evergreen, Evolis, Touax, Alan Allman, Cogelec, Biocorp, Vogo, Hydrogène de France, Solutions 30 et Affluent Medical ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

Lectures