L'ambiance a l'air d'avoir un peu changé la semaine dernière sur les marchés financiers, après plusieurs mois pendant lesquels les investisseurs se sont flagellés. Aux Etats-Unis par exemple, les indices ont signé leur première hausse hebdomadaire en deux mois. Une belle progression en plus, puisque l'indice large S&P500 a rebondi de 6,6%, éloignant par la même occasion le spectre du "marché baissier". Le "marché baissier", c'est quand un indice commence à perdre plus de 20% sur ses plus hauts, ce qui n'augure rien de bon. L'indice VIX, qui mesure la nervosité des marchés, flirte à nouveau avec ses plus bas du mois, sous les 26 points. Trois secteurs se sont détachés la semaine dernière à la hausse. Les deux mal-aimés de l'année 2022, la consommation discrétionnaire (des entreprises comme Tesla, LVMH, Nike ou Sony) et la technologie (pas besoin de vous faire un dessin), et la star du début de l'année, l'énergie (i.e les valeurs pétrolières).

Si les marchés financiers ont l'air d'aller mieux, et j'utilise une expression de prudence à dessein, c'est parce que l'économie américaine ne va pas si bien. Il n'y a pas forcément de contresens dans cette phrase, et je vais vous expliquer pourquoi. Si vous posez la question à un investisseur professionnel pour savoir s'il préfère une abondance de liquidités ou une économie florissante, il vous expliquera probablement que l'une ne va pas sans l'autre. C'est souvent vrai. Mais en réalité, les investisseurs préfèrent vivre avec de l'argent en abondance pour de multiples raisons, mais en particulier parce que cela permet de traverser toutes sortes de configurations économiques (et de créer des bulles, mais c'est un autre sujet). Par exemple, les investisseurs ont pu faire d'excellentes affaires boursières lorsque la population était claquemurée par une pandémie et que l'économie tournait au ralenti. Je m'éloigne un peu du sujet, mais c'est pour vous faire comprendre qu'entre une banque centrale qui arrose généreusement les marchés financiers et une autre qui pratique l'ascétisme monétaire, le choix est vite fait.

Aux Etats-Unis, la Fed est passée récemment d'une politique de laisser-faire à une posture beaucoup plus rigoriste, qui consiste à faire en sorte que les liquidités s'assèchent pour calmer la surchauffe économique et l'inflation qui va avec. Les investisseurs ont pris acte en envisageant un scénario extrême, celui d'une banque centrale hyperactive voire punitive. Ce qui explique que les pans les plus spéculatifs de la cote boursière se soient effondrés depuis l'automne dernier : comme l'argent viendrait peut-être à manquer, il fallait cesser de faire mumuse avec des entreprises qui ne vivaient que grâce à l'abondance d'argent gratuit ou presque.

Mais, et c'est là où je voulais en venir avant d'être dépassé par mes propres élucubrations, la dégradation de quelques indicateurs macroéconomiques constatée récemment aux Etats-Unis a atténué le scénario extrême. Comme l'économie a l'air d'aller moins bien, la Fed n'aura pas forcément à relever ses taux aussi violemment que redouté, ce qui assèchera moins la liquidité. C'est le pari des investisseurs depuis une dizaine de jours. En d'autres termes, ça va mal donc ça va bien. Le vrai boulot de la banque centrale va être de faire en sorte de parvenir à la chimère des taux neutres : le niveau parfait qui ramène les agrégats économiques en zone de confort sans faire dérailler l'activité. Personne ne sait très bien où se situe ce point et le pilotage à vue risque d'être encore la norme dans les semaines à venir. N'oublions pas les mots de Galbraith : "il y a deux types de prévisionnistes : ceux qui ne savent pas, et ceux qui ne savent pas qu'ils ne savent pas".

Quelques informations pour démarrer la semaine :

  • Les marchés américains sont fermés aujourd'hui pour le Memorial Day. Ce ne sera pas le seul puisque la Chine sera concernée le 2 juin et que le Royaume-Uni baissera le rideau les jeudi 2 et vendredi 3 juin 2022 pour fêter leur reine.
  • La Chine espère accroître son influence dans le Pacifique à l'occasion d'un sommet aux îles Fidji.
  • Les actions ont enregistré leur flux entrant le plus important en dix semaines la semaine dernière, selon Bank of America.
  • La grosse statistique hebdomadaire américaine sera pour vendredi avec les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis en mai. En Europe, c'est l'estimation rapide de l'inflation de mai dans la zone euro qui focalisera l'attention mardi.

Les marchés boursiers ont encore le vent en poupe ce matin, avec des indicateurs avancés européens qui laissent entrevoir une hausse solide. Les places d'Asie Pacifique démarrent la semaine sous d'excellents Auspices : les gains dépassent 2% à Tokyo et se situent entre 1 et 2% à Hong Kong et à Sydney. Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,6% à 6555 points.

Les temps forts économiques du jour

Un seul gros indicateur aujourd’hui, l’inflation allemande estimée de mai, à 14h00. Tout l'agenda macro ici.

L'euro est ferme à 1,0738 USD. L'once d'or varie peu à 1857 USD. Le pétrole reste haut perché, avec un Brent de Mer du Nord à 120 USD le baril et un brut léger américain WTI à 116 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans reste scotché à 2,72%. Le bitcoin rebondit de 3% à 30 300 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABN Amro : Goldman Sachs reprend le suivi à neutre en visant 13,25 EUR.
  • Autostore : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 43 à 32 NOK.
  • Cellnex : Redburn passe d'acheter à neutre.
  • Crédit Agricole: Goldman Sachs reprend le suivi à neutre en visant 13,60 EUR.
  • Elior : J.P. Morgan réduit son objectif de cours de 4,10 à 2,50 EUR.
  • HeidelbergCement: On Field Investment passe de sousperformance à neutre en visant 57 EUR.
  • ING Groep : Goldman Sachs reprend le suivi à l'achat en visant 16,25 EUR.
  • Intesa Sanpaolo: Goldman Sachs reprend le suivi à l’achat en visant 3,25 EUR.
  • JCDecaux : J.P. Morgan réduit son objectif de cours de 22,70 à 16,60 EUR.
  • KBC Group : Goldman Sachs reprend le suivi à neutre en visant 77 EUR.
  • LEM Holding : Vontobel reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 2280 à 2060 CHF.
  • Maisons du Monde : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 26 à 21 EUR.
  • Nordea : Société Générale passe de conserver à acheter en visant 112,79 SEK.
  • RWS Holdings : Berenberg reprend le suivi à l'achat en visant 650 GBp.
  • Société Générale: Goldman Sachs reprend le suivi à neutre en visant 35 EUR.
  • Traton : Exane BNP Paribas passe de neutre à sousperformance en visant 15 EUR.
  • Unicredit: Goldman Sachs reprend le suivi à l’achat en visant 18,50 EUR.
  • Voestalpine : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 34 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Pas grand-chose à se mettre sous la dent aujourd'hui.
  • La FDA a informé Sanofi que le lancement de l’essai pour appuyer la demande de transfert de Cialis sur le marché de l’automédication avait été différé en raison de motifs liés au protocole de l’essai.
  • Getlink satisfait de la première semaine d'exploitation d'ElecLink.
  • Jumpgate et Nacon concluent un accord de publication pour trois jeux.
  • Pharnext boucle le recrutement de sa phase III.
  • EssilorLuxottica, Crédit Agricole, Legrand, Getlink et Bic détachent leurs dividendes.
  • Nacon, Dékuple, Vente-Unique et Mare Nostrum publient des chiffres.
  • TotalEnergies EP Gabon tient son assemblée générale.

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Cellnex Telecom envisage un partenariat avec la société d'investissement canadienne Brookfield Asset Management pour l'acquisition conjointe de la filiale de tours de Deutsche Telekom, selon Bloomberg.
  • La SEC demande des explications à Elon Musk sur sa montée au capital de Twitter.
  • Siemens Mobility (Siemens AG) remporte un contrat de 9 Mds$ pour la fourniture de trains à grande vitesse destinés au nouveau système ferroviaire égyptien.
  • Telecom Italia et la Caisse italienne des dépôts ont signé un accord préliminaire pour fusionner les actifs du réseau fixe de l'opérateur télécoms avec ceux de son concurrent Open Fiber.
  • Le deuxième plus grand actionnaire d'Assicurazioni Generali démissionne du conseil d'administration après l'éch
  • zec de la tentative de remplacement du PDG.
  • Shell donne le feu vert à un projet gazier Crux de 2,5 Mds$ au large de l'Australie.
  • Reckitt voit sa part de marché grimper aux Etats-Unis dans le lait infantile, à cause des problèmes d'Abbott.
  • D'anciens cadres de Glencore sont personnellement impliqués dans des systèmes de corruption, selon Bloomberg.
  • L'antitrust britannique ouvre une enquête sur le rachat par Sika du groupe MBCC.
  • Volkswagen fait face à de nouvelles accusations liées à la dictature au Brésil, cette fois pour pratiques "esclavagistes" entre 1974 et 1986.
  • Kuehne + Nagel signe un contrat avec Shell aux Pays-Bas.
  • Norwegian va acheter 50 B737 MAX et pose une option sur 30 autres.
  • Toyota produit moins de véhicules que prévu en avril à cause des pénuries.
  • Novartis a obtenu une autorisation d'extension d'homologation de la part de l'Agence américaine des médicaments pour son traitement cellulaire Kymriah.
  • AGL Energy abandonne son projet de scission. Le président démissionne.
  • Pinduoduo renoue avec les bénéfices au premier trimestre et ses revenus dépassent les prévisions.
  • DSV tient une journée investisseurs.
  • Principales publications de résultats du jour : S4 Capital, TotalEnergies EP GabonTout l'agenda ici.

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