Les élections en Italie ont donné une majorité confortable à la coalition de droite dans les chambres haute et basse, conformément aux sondages et aux attentes d'abrdn. Selon Pietro Baffico, économiste spécialisé sur l'Europe, les résultats augmentent le risque de dégradation des perspectives pour l'Italie, si le nouveau gouvernement entre en conflit avec les institutions européennes.

L'élection a été caractérisée par un taux d'abstention record, avec une participation autour de 64% seulement. Cette histoire n'est pas nouvelle, les électeurs se sont de plus en plus démobilisés à travers l'Europe, laissant les partis d'extrême droite et populistes gagner des points au cours de l'année dernière dans un contexte de crise du coût de la vie, et avec une guerre enragée en Ukraine, observe l'expert.

Ce dernier souligne que la chef de file du FdI (Fratelli d'Italia) Giorgia Meloni, qui devrait devenir la première femme présidente du Conseil, a modéré son discours d'extrême droite et eurosceptique au fil du temps, suggérant moins de confrontation avec les institutions européennes.

Dans une tentative de présenter la coalition comme une équipe sérieuse, Mme Meloni a insisté sur le fait qu'elle serait prudente en matière de dépenses publiques et qu'elle envisageait de nommer des ministres modérés à des postes clés du gouvernement, poursuit l'économiste.

Ce dernier note qu'elle a également adopté un ton sobre après le résultat, reconnaissant les sérieux défis économiques à venir.

Pour les investisseurs, une telle modération peut contribuer à limiter le degré initial de réaction du marché aux résultats des élections, d'autant plus que l'avance importante constamment donnée par les sondages a laissé au marché beaucoup de temps pour anticiper ces résultats.

"Mais si les partis de la coalition ont sensiblement adouci leurs positions eurosceptiques au fil du temps, beaucoup dépendra de leur plan pour assouplir la discipline budgétaire et réviser en partie le programme de réformes déjà convenu sous le gouvernement Draghi", précise Pietro Baffico.

Selon lui, le premier test sera le budget fiscal, qui doit être approuvé selon un calendrier serré à l'automne.

"Les tensions entre le nouveau gouvernement et les institutions de l'UE constituent donc un problème potentiel, qui pourrait compromettre le versement des fonds de l'UE, accroître le risque de dégradation des perspectives de l'Italie et limiter la capacité de la BCE à contenir les spreads entre les taux souverains", conclut l'économiste.