par Sarah White et Silvia Aloisi

PARIS/MILAN, 27 juillet (Reuters) - LVMH a déclaré lundi observer des "signes vigoureux" de reprise depuis juin, en particulier en Chine, après le trou d'air provoqué au deuxième trimestre par la fermeture de magasins en raison du coronavirus.

LVMH a été contraint comme beaucoup de ses concurrents de fermer temporairement des magasins sur des marchés clés après l'apparition en Chine du nouveau coronavirus à la fin de l'année dernière et sa propagation en Europe puis aux États-Unis.

"Je ne pense pas que nous ayons jamais vu un alignement de planètes aussi parfaitement contraire", a déclaré lors d'une conférence téléphonique le directeur financier, Jean-Jacques Guiony, qui voit toutefois dans le redressement de pays comme la Chine des raisons de rester optimiste.

Les concurrents de LVMH, comme Kering, propriétaire de Gucci, et Hermès, qui n'ont pas encore publié leurs résultats, sont soumis aux mêmes vents contraires, même si les activités du groupe de Bernard Arnault sont plus diversifiés, notamment dans le vin et le champagne.

Le titre du groupe a enregistré ainsi une meilleure performance boursière que ses concurrents depuis le début de la crise du coronavirus.

LVMH ESPÈRE AVOIR CET ÉTÉ LE FEU VERT AU RACHAT DE TIFFANY

Signe encourageant pour le secteur, la tendance est au redressement en Asie (hors Japon) avec une baisse limitée à 13% des ventes au deuxième trimestre après -32% au premier.

Le groupe reste néanmoins pénalisé par la limitation du transport aérien, qui pèse sur ses magasins d'aéroport en duty free ainsi que sur ceux situés dans des destinations touristiques comme Paris ou Milan.

Jean-Jacques Guiony a observé que les ventes liées au tourisme continueraient d'être impactées pendant encore plusieurs trimestres, ajoutant que les ventes réalisées en Chine ne permettraient pas de compenser la chute des dépenses des touristes chinois à l'étranger.

Au total, le numéro un mondial du luxe a réalisé un chiffre d'affaires de 7,8 milliards d'euros sur la période d'avril à juin, en recul de 38% en données organiques, c'est-à-dire à changes et périmètre constants.

Ce chiffre est légèrement meilleur qu'attendu, les analystes d'UBS citant un consensus portant sur un recul organique de 39%.

"Tandis que des signes vigoureux de reprise de l’activité se font sentir depuis le mois de juin, nous restons très vigilants pour le reste de l’année", a déclaré dans un communiqué le PDG du groupe, Bernard Arnault.

Le groupe a par ailleurs augmenté les prix de Louis Vuitton de quelque 5% fin juin, pour la troisième fois depuis mars.

LVMH a déclaré lundi qu'il espérait obtenir le feu vert des autorités de la concurrence à son rachat du joaillier américain Tiffany pour 16,2 milliards de dollars, une opération que la crise sanitaire a rendue plus complexe et plus longue que prévu.

Le résultat opérationnel courant totalise 1,67 milliard d'euros au premier semestre, en recul de 68% par rapport à l'année précédente.

Son concurrent Moncler, le spécialiste italien des doudounes haut de gamme, a annoncé lundi une perte au premier semestre, pour la première fois de son histoire. (version française Jean-Michel Bélot, édité par Henri-Pierre André)