par Greg Roumeliotis et Pamela Barbaglia

LVMH réfléchit à des moyens de renégocier l'acquisition du joaillier américain Tiffany, prévue pour 16,2 milliards de dollars (14,4 milliards d'euros), alors que la pandémie liée au nouveau coronavirus et les émeutes aux Etats-Unis pèsent sur le secteur de la distribution, ont déclaré mercredi des sources proches du dossier.

LVMH a conclu en novembre un accord pour racheter Tiffany, sa plus importante acquisition, mais l'opération n'est pas encore finalisée dans l'attente de toutes les autorisations nécessaires.

Bernard Arnault, PDG du géant français du luxe, a discuté avec ses conseillers cette semaine pour identifier les moyens qui permettraient de convaincre Tiffany d'abaisser le prix convenu pour l'opération de 135 dollars par action, ont dit les sources. Il envisage notamment de plaider que Tiffany ne respecte pas les obligations prévues par l'accord de rachat, ont ajouté les sources.

LVMH n'a pas encore arrêté sa stratégie pour obtenir un rabais et n'a pas demandé à Tiffany de rouvrir des négociations, selon les sources. On ignore encore si le numéro un mondial du luxe prendra cette initiative et quels arguments il pourrait précisément avancer.

A moins de 115 dollars vers 16h10 GMT, l'action Tiffany se traite actuellement environ 15% en dessous du prix convenu avec LVMH.

Du côté de Tiffany, on ne pense pas qu'il existe de base juridique pour une renégociation, ont dit les sources. Le joaillier respecte les conditions financières prévues par l'accord avec LVMH et entend continuer à le faire après avoir annoncé il y a deux semaines un dividende trimestriel, ont-elles ajouté.

La publication spécialisée WWD a la première fait état de cette réflexion engagée chez LVMH.

Ni LVMH ni Tiffany n'ont répondu dans l'immédiat aux demandes de Reuters.

Si Bernard Arnault craint désormais de payer un montant trop élevé pour mettre la main sur Tiffany, l'homme d'affaires reste convaincu de la pertinence stratégique de cette opération, ont dit les sources. Tiffany permettrait à LVMH d'augmenter sa part du lucratif marché américain et de développer son offre en joaillerie, l'activité la plus dynamique du secteur du luxe.

Si Tiffany repoussait une possible demande de renégociation de la part de LVMH, leur litige pourrait se porter devant la justice du Delaware, ont dit les sources, mais une telle issue compliquerait une éventuelle autre tentative de rachat du joaillier par le groupe français.

Plusieurs acquéreurs ont renoncé à des rachats d'entreprises ou renégocié des accords en raison de l'épidémie liée au coronavirus. Dans la distribution, le fonds de capital investissement Sycamore Partners a aussi annulé une opération de 525 millions de dollars pour prendre une participation majoritaire dans Victoria Secret, marque de lingerie de L Brands.

(Avec Sarah White à Paris et Melissa Fares à New York; version française Bertrand Boucey, avec Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)