PARIS (Reuters) - Suez a publié mercredi des résultats en nette baisse au titre des neuf premiers mois de 2020, marqués par l'impact du coronavirus mais avec un troisième trimestre supérieur à ses attentes, et a redit son opposition au projet de rachat porté par Veolia.

Le numéro deux mondial de la gestion de l'eau et des déchets, dont Veolia est devenu le premier actionnaire en acquérant près de 30% de son capital auprès d'Engie début octobre, a de nouveau estimé que la proposition de son concurrent - qui envisage une offre sur le solde des titres de Suez - était contraire à son intérêt.

"Il n'y a pas de dialogue sous quelque forme que ce soit avec Veolia ; en fait, aucune des conditions normales à un dialogue ne sont réunies", a dit lors d'une conférence téléphonique son directeur général, Bertrand Camus.

"Aucune des questions fondamentales que nous avons inlassablement posées depuis le lancement de cette opération n'a trouvé de réponse concrète ; il n'y a pas d'offre précise, structurée, engageante pour l'ensemble de nos actionnaires (et) la pertinence du projet industriel n'est pas démontrée (...)", a-t-il notamment estimé.

"Notre responsabilité est de faire croître la valeur de Suez pour toutes nos parties prenantes. À ce titre, notre principal objectif est de poursuivre l'exécution de cette stratégie (...)"

Suez, a ajouté Bertrand Camus, est notamment en discussions avancées pour procéder à une nouvelle vague de cessions d'actifs représentant environ deux milliards d'euros.

La justice a ordonné le 9 octobre la suspension des effets de l'acquisition par Veolia de l'essentiel des actions Suez détenues par Engie, ainsi que de l'OPA prévue dans la foulée par le groupe de services aux collectivités sur son rival, tant que les comités sociaux et économiques (CSE) concernés n'auront pas été informés et consultés.

Veolia et Engie ont fait appel de cette décision et feront valoir leurs arguments lors d'une audience programmée le 5 novembre.

CALTAGIRONE ET CRITERIA CAIXA QUITTENT LE CONSEIL

Suez a en outre annoncé mercredi la cooptation de deux nouveaux administrateurs indépendants à son conseil, à savoir le président d'Atos Bertrand Meunier et le PDG d'Allianz France Jacques Richier.

Ils remplacent les représentants de l'italien Caltagirone, dont Suez a annoncé que la cession de la participation de 3,5% était survenue dans le courant de l'été, ainsi que celui de l'espagnol Criteria Caixa, qui continue toutefois de détenir 5,9% du capital et "a confirmé son soutien au plan Shaping Suez 2030".

Suez a également fait savoir qu'il entretenait "un dialogue actionnarial" au sujet du dispositif controversé mis en place en septembre pour protéger son activité Eau France, qui repose sur une fondation de droit néerlandais et a pour effet de compliquer la réalisation du projet de Veolia.

Le groupe a précisé qu'il comptait "le maintenir le temps nécessaire, et jusqu'en septembre 2024 au plus tard, dans le but de protéger les intérêts de ses actionnaires, salariés, clients et ses autres parties prenantes".

Suez a enregistré à fin septembre un résultat d'exploitation (Ebit) de 413 millions d'euros (-59% en variation brute, -55% en organique), un Ebitda de 2,0 milliards (-14,6% en variation brute, -11,7% en organique) et un chiffre d'affaires de 12,6 milliards (-4,3% en variation brute, -2,9% en organique).

Les ventes du groupe ont cependant enregistré une croissance organique de 0,4% au troisième trimestre, tiré notamment par le segment "Environmental Tech & Solutions".

Suez vise toujours pour le second semestre un chiffre d'affaires en décroissance organique de 2% à 4% par rapport au second semestre 2019, avec un Ebit d'environ 600 à 650 millions d'euros.

(Benjamin Mallet, édité par Jean-Michel Bélot)