PARIS (Reuters) - Stellantis a annoncé vendredi qu'il aura besoin de plus que deux "gigafactories" de batteries pour équiper ses véhicules électriques, notamment avec le tour de vis réglementaire sur le CO2 qui se profile en Europe.

Le groupe automobile, né de la fusion entre PSA et FCA, estime qu'il aura besoin d'une capacité totale de production de batteries de 250 GWh en 2030, pour moitié en Amérique du Nord et pour l'autre en Europe.

Les deux usines de batteries annoncées jusqu'ici par Stellantis, à Douvrin, dans le nord de la France, et à Kaiserslautern en Allemagne, doivent afficher chacune à terme une capacité de 24 GWh.

"Ce que nous avons déjà décidé n'est pas suffisant", a déclaré Carlos Tavares au cours d'une téléconférence de presse organisée de Douvrin, où il a effectué un déplacement. Il a ajouté qu'il donnerait davantage de précisions "sur l'ensemble des gigafactories que (le groupe va) implanter dans le monde" lors de son "EV Day", jeudi prochain.

Stellantis réfléchit notamment à compléter son dispositif avec une "gigafactory" en Italie.

"Nous avons engagé des conversations avec le gouvernement italien pour en implanter une en Italie. C'est une possibilité qui prend jour mais qui n'est pas encore décidée", a-t-il dit. "Mais même dans un schéma de trois usines, on devra augmenter les capacités."

Portée par la co-entreprise ACC entre PSA et Opel - aujourd'hui partie de Stellantis - et Saft, filiale de TotalEnergies, l'usine de Douvrin devrait afficher une capacité totale de 24 GWh à l'horizon 2028-2030, voire 32 GWh si un quatrième bloc de 8 GWh est mis en service.

L'usine doit entrer en service en juillet 2023. Les deux sites français et allemand doivent permettre d'alimenter un million de voitures électriques chaque année.

L'Europe va connaître au cours des prochaines années une déferlante de projets de ce type pour répondre à l'accélération de l'électrification des véhicules et réduire la dépendance du continent à l'Asie.

A lui seul, Volkswagen envisage de construire six usines de 40GWh chacune. Renault et Nissan ont pour leur part annoncé cette semaine chacun un projet d'usine de batteries, à Douai (Nord) et à Sunderland au Royaume-Uni.

Les constructeurs se préparent ainsi en Europe au durcissement à venir des objectifs d'émissions de CO2 et à la prochaine interdiction des ventes de véhicules à moteur thermique.

La Commission européenne, qui a relevé au printemps ses ambitions en matière de réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre - visant désormais une baisse de 55% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, et non plus seulement de 40%, tous secteurs confondus -, doit présenter mi-juillet ses nouveaux objectifs pour le secteur automobile.

Ceux-ci pourraient prévoir une réduction d'environ 50% par rapport aux niveaux de 2021, contre -37,5% jusqu'ici.

Carlos Tavares a refusé d'évoquer un chiffre, mais indiqué que le nouvel objectif serait "significativement plus sévère".

Quant à la date à laquelle les ventes de moteurs thermiques seront prohibées, il a estimé que la ligne en faveur d'une interdiction dès 2035 allait l'emporter sur celle favorable à un arrêt en 2040 seulement.

(Reportage Gilles Guillaume, rédigé par Bertrand Boucey, édité par Sophie Louet)

par Gilles Guillaume