BOULOGNE-BILLANCOURT (Hauts-de-Seine)/MILAN (Reuters) - Stellantis est convaincu qu'il peut rattraper le champion californien de l'électrique Tesla au cours de prochaines années, a déclaré vendredi le directeur général du constructeur automobile né de la fusion entre PSA et FCA, ajoutant que la compétition dans le secteur profiterait au client final.

Le quatrième groupe automobile mondial a présenté au début du mois son premier plan stratégique, grâce auquel il entend doubler son chiffre d'affaire 300 milliards d'euros d'ici 2030 et accélérer fortement l'électrification de sa gamme de véhicules.

"J'ai vraiment confiance, et je n'essaie pas d'être arrogant, j'ai simplement confiance dans le fait que nous allons rattraper d'ici quelques années Tesla, et cela va être une compétition très saine", a dit le directeur général de Stellantis à des journalistes au cours d'une rencontre digitale avec la presse organisée par Mobility TV World.

Carlos Tavares a également appelé à une augmentation des investissements dans les réseaux de bornes de recharge en Europe et aux Etats-Unis afin de créer une "densité" jugée fondamentale pour convaincre les automobilistes de passer aux voitures à batteries.

Le dirigeant a aussi indiqué qu'en raison de l'invasion russe de l'Ukraine, le groupe allait transférer en Europe de l'Ouest, dans l'usine française de Sevelnord et l'usine britannique de Luton, sa production russe de fourgons destinée à l'export, et que dans le contexte de guerre actuel, la question de nouveaux investissements sur le sol russe n'était pas d'actualité.

Cette décision constitue un revirement alors qu'en janvier, Stellantis prévoyait d'utiliser son site russe de Kaluga pour compléter son dispositif occidental et exporter des fourgons depuis la Russie pour faire face à la forte demande enregistrée actuellement sur ce type de véhicules.

Dans le contexte actuel, "de nouveaux investissements en Russie ne sont pas sur la table", a indiqué Carlos Tavares.

L'usine russe de Kaluga, détenue avec Mitsubishi, poursuit en revanche sa production pour le marché local.

"Kaluga continue sa production à faible cadence dans un contexte de flux logistiques de plus en plus compliqués", a précisé un porte-parole de Stellantis.

La guerre en Ukraine fait aussi monter le prix des métaux utilisés dans les voitures, de l'aluminium des carrosseries au palladium des pots catalytiques, en passant par le nickel des batteries électriques. Les constructeurs, déjà exposés à une pénurie de semi-conducteurs, se retrouvent ainsi confrontés à une pression supplémentaire qui vient s'ajouter aussi à la hausse de la facture énergétique.

"Stellantis n'a pas été jusqu'ici aussi affecté car notre base d'approvisionnement n'est pas concentrée en Europe de l'Est", a-t-il ajouté, précisant toutefois s'attendre à ce que le secteur souffre de nouvelles pénuries de matières premières, notamment de nickel.

(Reportage Giulio Piovaccari, avec Gilles Guillaume, rédigé par Myriam Rivet, et Matthieu Protard, édité par Sophie Louet)

par Gilles Guillaume et Giulio Piovaccari