(Actualisation: commentaires du directeur général Eric Vallat sur les ventes aux Etats-Unis, l'activité liées aux voyages dans le monde, et la politique actuelle du groupe en matière d'acquisitions. Propos du directeur financier Luca Marotta sur les prévisions de résultat opérationnel courant pour 2020-2021)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le groupe de spiritueux Rémy Cointreau a relevé jeudi ses prévisions pour le premier trimestre de son exercice décalé 2020-2021, après avoir publié des résultats en baisse au titre de l'exercice précédent, marqué par le début de la pandémie de coronavirus.

Ce relèvement est salué par les investisseurs: vers midi, l'action Rémy Cointreau s'adjugeait 6,3% à 118,80 euros dans un marché parisien en baisse de 0,8%.

"Les évolutions plus favorables de la consommation de spiritueux aux Etats-Unis ces dernières semaines permettent au groupe de relever légèrement ses prévisions pour le premier trimestre 2020-2021", a indiqué Rémy Cointreau dans un communiqué.

Le groupe prévoit toujours que la crise sanitaire aura un fort impact sur son chiffre d'affaires du premier trimestre, qui comprend les mois d'avril à juin 2020, mais il anticipe désormais un recul organique d'environ 45% sur cette période, contre une chute de l'ordre de 50% à 55% attendue auparavant.

Aux Etats-Unis, les ventes devraient connaître au premier trimestre un repli de 20%, une baisse freinée par la robustesse de la consommation à domicile et des ventes en ligne, a souligné le directeur général de Rémy Cointreau, Eric Vallat, au cours d'une conférence de présentation des résultats et de la stratégie.

Le groupe reste tout de même prudent, et surveille au jour le jour l'évolution de la situation aux Etats-Unis en raison de la pandémie mais également des récents troubles dans le pays, a expliqué Eric Vallat.

De nombreuses manifestations sont organisées à travers les Etats-Unis depuis la mort il y a dix jours de George Floyd, un homme noir asphyxié par un policier blanc à Minneapolis.

Une forte reprise attendue au second semestre

Sur le plan du résultat opérationnel courant (ROC), le groupe table pour l'ensemble du premier semestre sur un repli organique de l'ordre de 45% à 50%, "sur la base d'un deuxième trimestre qui s'oriente vers un repli modéré".

"Le second semestre 2020-2021 devrait néanmoins bénéficier d'une forte reprise portée par la Chine et les Etats-Unis", anticipe le groupe.

Sur l'ensemble de l'exercice, le consensus prévoit un "repli très modéré" du résultat opérationnel, ce qui "a du sens" et convient à Rémy Cointreau, a déclaré le directeur financier du groupe, Luca Marotta.

Le dirigeant a tout de même tempéré ces propos en soulignant la difficulté d'établir actuellement des prévisions du fait des nombreux facteurs externes pesant sur l'activité.

Avec la levée progressive des mesures de confinement et la reprise graduelle des voyages dans le monde, le commerce de passage, ou "travel retail" en anglais, devrait commencer à se reprendre partiellement en septembre, avant de rebondir entre l'été 2021 et le début 2022, a estimé Eric Vallat.

"Dans un contexte sanitaire, économique et géopolitique incertain, le groupe Rémy Cointreau reste confiant quant à sa capacité à sortir renforcé de cette crise", a commenté le producteur du cognac Rémy Martin.

Les incertitudes actuelles font que la "priorité numéro 1" du groupe à court terme n'est pas aux acquisitions, mais le groupe reste tout de même attentif aux opportunités pouvant se présenter, a indiqué Eric Vallat.

Parmi les cibles possibles, une marque de champagne ou un alcool ancré dans un terroir seraient en adéquation avec le portefeuille du groupe, mais l'accent sera en priorité mis sur le développement des marques récemment acquises ou déjà présentes dans le giron de Rémy Cointreau, a expliqué Eric Vallat.

Une marge opérationnelle de 33% visée en 2030

A l'horizon 2030, Rémy Cointeau table sur une marge brute de 72% et une marge opérationnelle courante de 33%, grâce à "l'amélioration de la gestion de son portefeuille de marques".

Sur l'ensemble de l'exercice 2019-2020, le résultat net part du groupe annuel est ressorti à 113,4 millions d'euros, en repli de 28,8% à données publiées et de 31,7% à périmètre et taux de change constants.

Le résultat opérationnel courant s'est inscrit à 215,1 millions d'euros, en baisse de 18,6% en données publiées et de 22% sur une base organique, faisant ressortir une marge opérationnelle courante de 21%, en repli de 2,5 points en publié et 2,9 points en organique.

Fin avril, les dirigeants du groupe avaient indiqué attendre une chute du résultat opérationnel courant d'environ 20% en données publiées et d'environ 25% à taux de change et périmètre constants pour l'exercice 2020-2021.

Selon un consensus établi par FactSet, les analystes tablaient en moyenne sur un résultat net de 121 millions d'euros et sur un résultat opérationnel courant de 212 millions d'euros.

Déjà communiqué fin avril, le chiffre d'affaires du groupe a accusé une contraction de 9% en données publiées sur l'exercice 2019-2020, à 1,02 milliard d'euros. En données organiques, les revenus du groupe ont reflué de 11,2%. L'épidémie de Covid-19 a eu un impact négatif de 36 millions d'euros sur le chiffre d'affaires de l'année 2019-2021, a précisé Eric Vallat.

La dette nette en hausse au 31 mars

Au 31 mars, la dette nette du groupe s'établissait à 450,9 millions d'euros, en hausse de 107,6 millions d'euros sur un an. "Ceci s'explique principalement par le recul de l'Ebitda (résultat brut d'exploitation) du groupe, par la hausse des investissements industriels et des décaissements d'impôts sur la période ainsi que par le paiement intégral en numéraire du dividende relatif à l'année 2018-2019", a indiqué Rémy Cointreau.

Le ratio dette nette sur Ebitda s'est ainsi établi à 1,86 contre 1,19 à fin mars 2019, un niveau jugé "raisonnable" par le groupe.

Le retour sur capitaux employés (ROCE) s'établissait à 16,5% au 31 mars 2020, en baisse de 5 points sur l'exercice, a indiqué Rémy Cointreau. "Cette évolution s'explique par la conjonction du recul de la profitabilité des marques du groupe et la poursuite des achats d'eau-de-vie stratégiques pesant sur les capitaux employés", a expliqué Rémy Cointreau.

Le groupe a par ailleurs rappelé que le versement d'un dividende d'un euro au titre de l'exercice 2019-2020 serait soumis au vote des actionnaires réunis en assemblée générale le 23 juillet prochain. Le versement de ce dividende pourra être payé en numéraire ou en actions.

-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed: VLV - ECH

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