Après le rachat de Tiffany par LVMH, les observateurs du luxe s'attendaient à une réaction de son grand rival, Kering. Elle n'a pas tardé. Selon Bloomberg, le groupe de François-Henri Pinault a approché la griffe de luxe italienne Moncler en vue d'un éventuel rachat. En Bourse, la réaction est très favorable. Kering gagne 1,17% à 544,40 euros emportant le reste du secteur dans son sillage (+1,75% pour Hermès;+0,83% pour LVMH). A Milan, le fabricant de doudounes flambe de plus de 9% à 42,62 euros après avoir atteint un record de 43,61 euros. Sa capitalisation dépasse les 11 milliards d'euros.

L'approche du groupe français conforte le scénario établi par plusieurs brokers d'une offensive des géants du luxe sur des acteurs de niche et jouissant d'une très belle image de marque.
Les analystes citent régulièrement plutôt d'autres groupes moins dans l'ère du temps que Moncler comme cible potentielle à l'image de Tod's, Salvatore Ferragamo ou encore Burberry. A cet égard, les trois valeurs bondissent ce matin.

Moncler représente néanmoins une cible de choix. Sous la houlette de son dirigeant, Remo Ruffini, la griffe affiche un parcours impressionnant.

A l'image de Gucci et Louis Vuitton, l'italien bénéficie de l'appétit des Chinois pour le luxe mais aussi de la solide demande rencontrée aux Amériques comme en Europe. Le groupe a réussi sa diversification dans les habits pour toute saison.
En enchaînant avec succès des collections "capsules" étalées sur toutes les saisons, Moncler parvient à maintenir l'intérêt pour la marque tout en améliorant sa rentabilité.

L'an dernier, sa marge opérationnelle est ressortie à 29,2%, soit 10 points au-dessus de la moyenne du secteur. Ses ventes ont atteint un record de 1,42 milliard d'euros, en croissance organique de 22%.

Dans une note publiée ce matin, Société Générale rappelle tout le bien qu'il pense de Moncler. Le broker salue son potentiel de croissance, sa rentabilité solide et sa forte capacité d’exécution. Fort de ce constat, il estime, manifestement comme Kering, que le groupe italien est sous-valorisé.

Cependant, le bureau d'études ne croit guère dans les chances du groupe français pour une raison simple : Remo Ruffini n'a pas besoin de vendre sa participation de 22,5%. Sa société est florissante et il n'a aucun problème de succession.

Pour séduire l'homme d'affaires, François-Henri Pinault devra donc mettre le prix, et encore, cela ne sera peut-être qu'en vain.