PARIS, 28 octobre (Reuters) - La croissance de l'économie française a ralenti au troisième trimestre après son rebond du printemps, notamment sous l'effet de l'atonie de la consommation des ménages, son traditionnel moteur, dans un contexte d'inflation record qui ne montre pas de signe de répit et laisse augurer un tassement supplémentaire en fin d'année.

Selon

les premiers résultats publiés vendredi par l'Insee, la croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France s'est établie à 0,2% au troisième trimestre, conformément aux attentes des économistes interrogés par Reuters et à la dernière prévision de l'institut statistique publiée au début du mois.

La Banque de France tablait de son côté sur une croissance de 0,25% pour la période juillet-septembre.

L'acquis de croissance pour 2022, à savoir l'évolution du PIB si la croissance du dernier trimestre était nulle comme anticipé par l'Insee, se situe à 2,5% au 30 septembre, légèrement en deçà de la prévision d'une croissance de 2,7% sur l'ensemble de l'année retenue par le gouvernement.

Les dépenses de consommation des ménages, traditionnel moteur de l'économie française, ont marqué le pas au troisième trimestre (+0,0% après +0,3% au trimestre précédent), pénalisées par une confiance en berne et un pouvoir d'achat affecté par les pressions inflationnistes persistantes.

Un redémarrage de la consommation reste peu probable alors que l'inflation a réaccéléré ce mois-ci après deux mois de fléchissement.

LES MOTEURS CALENT

Selon

la première estimation publiée vendredi par l'Insee

, l'indice des prix à la consommation harmonisé selon les normes européennes (IPCH) a atteint en octobre un niveau record de 7,1%, sans précédent depuis le début de cette série statistique en 1997.

Cette hausse est "surtout liée aux prix de l'énergie (dans le contexte de pénurie de carburant) et aux prix de l'alimentation, dont l'évolution sur un an atteint près de 12%", souligne Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l'Insee, sur Twitter.

Sur le trimestre écoulé, la progression du PIB a principalement été alimentée par les investissements (en hausse de 1,3% après un début d'année déjà dynamique), en particulier ceux des entreprises.

Là encore, les perspectives s'annoncent peu favorables pour les prochains mois, étant donné que la hausse des coûts de financement - pour les ménages comme pour les entreprises - risque de conduire à une contraction des investissements.

Côté production, outre les risques sur l'approvisionnement énergétique pendant la période hivernale, les stocks risquent de contribuer négativement à la croissance du PIB dès le prochain trimestre, observe en outre Charlotte de Montpellier, économiste d'ING, dans une note.

LE RALENTISSEMENT VA SE POURSUIVRE

"La dégradation des carnets de commande et le niveau élevé actuel des stocks risquent de conduire dans les prochains mois à une réduction volontaire des stocks de la part des entreprises", souligne-t-elle.

Au-delà des perspectives moroses pour la demande intérieure et l'évolution des stocks, il est peu probable que la planche de salut vienne du commerce extérieur.

Sur la fin 2022, voire le début de 2023, le ralentissement économique attendu dans plusieurs pays risque de réduire la demande pour les exportations et l'effet de rattrapage post-pandémie sur le tourisme devrait commencer à s'atténuer.

"Tous ces éléments laissent penser qu'une contraction du PIB français pourrait être observée au quatrième trimestre, ainsi qu'en début d'année 2023", relève Charlotte de Montpellier, qui table désormais sur une contraction de 0,3% du PIB sur l'ensemble de l'année 2023.

De son côté, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a confirmé vendredi matin lors d'une interview dans l'émission en ligne Ecorama que la banque centrale française tablait toujours sur une évolution du PIB l'an prochain comprise entre une "récession limitée" (-0,5%) et une croissance "légèrement positive" (+0,8%), comme

annoncé mi-septembre

.

"Ce matin je n'ai aucune raison de changer cette fourchette, y compris (au vu du) taux de croissance de l'économie française au troisième trimestre" publié par l'Insee, a-t-il dit.

Pour François Villeroy de Galhau, il faut donc s'attendre à "une croissance résiliente cette année et au moins un ralentissement significatif l'an prochain". (Rédigé par Myriam Rivet, édité par Kate Entringer et Bertrand Boucey)