PARIS (Reuters) - Les mesures de soutien à l'économie prises par la Banque centrale européenne pour atténuer les effets de la crise sanitaire seront maintenues au moins jusqu'en mars 2022, a déclaré mardi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

"Nous allons continuer nos achats au titre de notre programme exceptionnel COVID, ce que l'on appelle le PEPP, au moins jusqu'à mars 2022", a-t-il déclaré sur Franceinfo.

"Toute hypothèse de réduction du volume de nos achats d'ici là, ce que l'on appelle en anglais le 'tapering' ou le 'phasing out', est purement spéculative", a-t-il poursuivi.

"L'idée qu'on diminuerait la perfusion d'ici là, comme l'a dit Christine Lagarde, nous n'en avons même pas parlé lors de notre dernier conseil des gouverneurs il y a 15 jours", a-t-il insisté.

Dans un entretien accordé à la Repubblica au début du mois, le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, avait laissé entendre que l'institution pourrait commencer à réduire son soutien d'urgence en fonction du rythme des vaccinations contre le COVID-19 en Europe.

La BCE tiendra sa prochaine réunion de politique monétaire le 10 juin et certains membres au sein du conseil des gouverneurs plaident déjà pour une réduction des achats de titres de l'institution.

"Notre volume d'achat chaque mois va rester librement déterminé par, jusqu'au bout, notre volonté de garantir des conditions de financement favorables pour tous les acteurs économiques", a assuré François Villeroy de Galhau.

POLITIQUE ACCOMMODANTE

Le gouverneur de la Banque de France a également fait savoir que la politique de la BCE resterait accommodante bien au-delà de mars 2022.

"Il y a une deuxième certitude, c'est que si par hypothèse, je souligne le si, ces achats au titre du PEPP devaient s'arrêter après mars 2022, notre politique monétaire resterait très accommodante bien au-delà de cette date et aussi longtemps que nécessaire", a-t-il dit.

"Nous garderons en effet un quatuor, si je peux prendre l'image musicale, d'instruments très puissants: les achats de titres, la fourniture de liquidité favorable aux banques pour qu'elles financent l'économie - ce que l'on appelle le LTRO-, les taux d'intérêts négatifs et enfin une orientation future -ce que l'on appelle en anglais la "forward guidance"- qui donnera des garanties sur la durée future des taux d'intérêt très bas", a-t-il ajouté.

Concernant le surendettement des ménages, François Villeroy de Galhau a déclaré que la tendance à la baisse observée depuis cinq ans se poursuivait.

"Pour l'instant, nous ne constatons pas d'augmentation de surendettement des ménages, à travers une mesure très simple, c'est les dossiers déposés chaque mois à la Banque de France. Nous avons même comparé à une année normale, qui est 2019, une baisse sur les quatre premiers mois de l'année, une baisse de 16% du nombre de dossiers de surendettement", a-t-il dit.

"Ca veut dire probablement que jusqu'à présent les dispositifs publics de soutien à l'ensemble des Français, y compris les plus défavorisés, ont été efficaces, pour préserver le revenu", a-t-il souligné.

(Nicolas Delame et Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)