PARIS, 14 décembre (Reuters) - L'économie française devrait rebondir de 5% en 2021 et 2022, estime lundi la Banque de France, soit un rythme inférieur à ses précédentes prévisions du fait du second confinement.

"Dans le scénario central, l’hypothèse est que l’épidémie ne cesserait pas immédiatement et que le déploiement généralisé de vaccins ne serait pleinement effectif que vers fin 2021", explique la Banque de France.

"Dans ces conditions, le niveau d’activité de fin 2019 ne serait retrouvé qu’à mi-2022, et le rattrapage s’étalerait sur 2021 et 2022, avec une croissance du PIB (produit intérieur brut) autour de 5% sur chacune de ces deux années."

"En 2023, la croissance serait encore un peu supérieure à 2%, un rythme certes toujours élevé, mais moins inhabituel."

"Nous sortons d'une année de brouillard économique", a commenté sur France Inter le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Sur l'ensemble de l'année 2020, la Banque de France prévoit désormais un recul du PIB de 9%, contre -8,7% dans ses précédentes estimations, une "récession très sévère" et "jamais vue depuis la dernière guerre", a-t-il souligné.

Pour 2021 et 2022, le PIB de la France devrait se redresser de 5% (contre +7,4% et 3% dans les précédentes prévisions de la BDF) avant un peu plus de 2% en 2023.

Un scénario "plutôt prudent", a dit François Villeroy de Galhau. "Nous faisons l'hypothèse que l'épidémie va continuer à exister début 2021 et que le plein effet des vaccins (...) ne sera que fin 2021", a-t-il ajouté.

"La situation est mauvaise (...) mais il y a devant nous quelques raisons d'espérer", a toutefois noté François Villeroy de Galhau, indiquant notamment que la contraction économique avait été moins marquée sous le second confinement.

"NOUS AVONS APPRIS À TRAVAILLER EN NOUS PROTÉGEANT"

Le nouveau confinement en vigueur en France depuis le 30 octobre devrait entraîner une baisse du PIB de 11% en novembre et de 8% en décembre, estime la Banque de France dans son point mensuel sur la conjoncture économique.

"Comme prévu le mois dernier, cet impact est globalement beaucoup moins marqué que celui du premier confinement tout en étant inégal selon les secteurs", écrit-elle dans le document publié lundi.

"Sur le mois de novembre, l'activité a été relativement peu affectée dans l'industrie et le bâtiment tandis que les services ont enregistré un repli marqué, en particulier dans l'hébergement, la restauration et les services à la personne."

"Nous avons appris à travailler en nous protégeant", a dit François Villeroy de Galhau.

Pour établir ses estimations, la Banque de France a réalisé son enquête mensuelle entre le 26 novembre et le 3 décembre auprès de 8.500 entreprises ou établissements.

"Pour le mois de décembre, avec un assouplissement par étapes des contraintes sanitaires à partir du 28 novembre, les chefs d'entreprise tablent sur une stabilité de l'activité dans l'industrie et le bâtiment et une certaine amélioration dans les services", poursuit-elle.

"Au total, la perte de PIB est estimée à -11% en novembre et à -8% en décembre. Notre estimation de la contraction du PIB est de -4% au 4e trimestre 2020 (par rapport au trimestre précédent)." (Leigh Thomas, Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André, édité par Blandine Hénault)