PARIS (Reuters) - La Banque centrale européenne a du temps devant elle pour décider dans quelles conditions elle sortira du programme d'achats d'actifs lancé au début de la crise du coronavirus et elle pourrait être encore plus flexible en matière d'achats par la suite, a déclaré mardi François Villeroy de Galhau, l'un des membres du Conseil des gouverneurs de la BCE.

Face au rebond de l'économie dans la zone euro et aux progrès des campagnes de vaccination, plusieurs responsables de l'institution ont laissé entendre ces dernières semaines que la BCE pourrait commencer dès juin à envisager comment elle réduira progressivement les achats de titres réalisés dans le cadre du Programme d'achats d'urgence face à la pandémie (PEPP), lancé en mars 2020 et dont l'enveloppe globale a été portée depuis à 1.850 milliards d'euros.

La BCE y consacre actuellement environ 20 milliards d'euros par semaine et l'échéance du programme est pour l'instant fixée à mars 2022 mais l'institution ne devrait pas attendre aussi longtemps avant de donner des indications sur l'évolution de ce programme.

"Nous avons encore beaucoup de temps avant de juger et de décider, bien au-delà de notre réunion de juin", a dit François Villeroy de Galhau, également gouverneur de la Banque de France, lors d'un colloque en ligne organisé par Danske Bank.

Il a assuré que toute hypothèse incluant une réduction des achats dès le troisième trimestre ou au cours des trimestres suivants serait "purement spéculative" et que le rythme des achats d'actifs serait "librement" déterminé au moins jusqu'en mars prochain.

Même après la sortie de celui-ci, a-t-il expliqué, la BCE disposera encore de plusieurs outils non-conventionnels, comme les achats d'actifs, les taux d'intérêt négatifs, la fourniture de liquidités ou les orientations sur l'évolution future de la politique monétaire ("forward guidance").

"Ces instruments non-conventionnels sont là pour durer, au-delà du COVID et de ses instruments anti-crise, ce qui signifie que notre politique monétaire peut rester aussi accommodante que nécessaire aussi longtemps que nécessaire", a-t-il déclaré.

Il a en outre laissé entendre que le taux de la facilité de dépôt de la BCE, fixé à -0,5%, pouvait encore être abaissé en cas de besoin, disant que son niveau actuel "n'est pas un plancher".

La BCE pourrait aussi maintenir les TLTRO, les opérations de fourniture de liquidités aux banques de la zone euro à des taux très avantageux, a-t-il dit.

(Version française Marc Angrand)

par Leigh Thomas