MILAN (Reuters) - L'administrateur délégué d'UniCredit, Jean-Pierre Mustier, cherche à accélérer la mise en oeuvre de son projet de scission des actifs étrangers de la banque italienne, a-t-on appris de source proche du dossier, alors que le conseil d'administration a choisi mardi l'ancien ministre de l'Economie Pier Carlo Padoan comme futur président.

UniCredit a mis à l'étude une possible séparation entre ses activités italiennes et étrangères dans le but de réduire les coûts de financement. Le quotidien Il Sole 24 Ore a rapporté mardi que Jean-Pierre Mustier souhaitait soumettre un projet détaillé au conseil d'administration avant la fin de l'année, en ajoutant que les administrateurs étaient divisés sur le sujet et que certains préfèreraient attendre le renouvellement du conseil, donc le printemps 2021.

Une personne a confirmé à Reuters que Jean-Pierre Mustier voulait accélérer le dossier sans attendre le nouveau conseil mais a ajouté que le projet pourrait se heurter à d'importantes difficultés techniques, liées par exemple aux systèmes informatiques de la banque.

UniCredit a refusé de commenter ces informations.

Le conseil d'administration du groupe s'est réuni mardi pour entériner entre autres la nomination de Pier Carlo Padoan, 70 ans, à un poste d'administrateur en vue de sa nomination à la présidence du groupe dans quelques mois.

Des sources proches du dossier ont expliqué à Reuters que la scission de certaines activités pourrait faciliter des alliances, voire aider UniCredit à conclure une fusion avec un groupe étranger pour ses activités internationales et une autre avec un compatriote en Italie.

La pression sur la banque s'est accrue ces derniers mois avec le rachat d'UBI par Intesa SanPaolo, le nouvel ensemble lui ayant ravi le titre de numéro un du secteur dans la péninsule.

D'autres opérations pourraient être annoncées prochainement puisque le Trésor cherche un repreneur pour les parts de l'Etat dans Monte dei Paschi di Siena, dont Pier Carlo Padoan a supervisé le sauvetage en 2017 en tant que ministre.

Selon Il Sole, UniCredit pourrait à terme introduire en Bourse à Francfort 49% ou 50% du capital de la structure qui regroupe ses activités à l'étranger.

Pour plusieurs analystes, les activités italiennes du groupe, plombées par leur exposition à la dette publique du pays et à une situation économique toujours fragile, nuisent à la valorisation des actifs étrangers.

Pour le courtier Equita, les activités italiennes valent 1,40 euro par action contre 7,90 euros pour les activités étrangères et une introduction en Bourse de ces dernières pourrait dégager cinq milliards d'euros de fonds propres.

(Avec Giuseppe Fonte, Giselda Vagnoni, Andrea Mandala et Agnieszka Flak; version française Marc Angrand et Bertrand Boucey)

par Valentina Za et Gianluca Semeraro