LUDWIGSBURG (Allemagne) (Reuters) - Renault doit encore abaisser ses coûts afin de simplifier son organisation et de préparer l'arrivée de la meilleure gamme de son histoire entre 2023 et 2025, a déclaré mardi le directeur général du groupe au losange Luca de Meo.

"Il y a encore beaucoup de potentiel", a-t-il dit lors d'une conférence organisée en Allemagne par Automobilwoche. "Mais la situation pour nous est encore compliquée."

Le constructeur automobile français, en pleine restructuration après avoir accusé l'an dernier une perte historique de huit milliards d'euros, pense atteindre son objectif de deux milliards d'euros de réduction des coûts fixes fin 2021, un an plus tôt que prévu. Il compte encore porter ces économies à trois milliards d'ici 2025.

"Renault doit retrouver une meilleure condition pour être capable d'investir pour l'avenir", a ajouté Luca de Meo, faisant référence à l'année 2020 plombée par l'épidémie de coronavirus.

Lors de la publication du chiffre d'affaires du troisième trimestre fin octobre, ce redressement semblait en bonne voie sur l'année qui s'achève puisque Renault a confirmé son objectif d'une amélioration de sa marge opérationnelle annuelle à environ 2,8%, contre -0,8% l'an passé, malgré un impact bien plus lourd qu'anticipé de la pénurie de semi-conducteurs sur sa production.

L'annonce mardi matin par Nissan d'un relèvement de sa prévision de bénéfice d'exploitation annuel est également de bon augure, le groupe japonais contribuant aux résultats de son partenaire et actionnaire français.

A la tête du groupe depuis juillet 2020, Luca de Meo a assuré avoir engagé concrètement chez Renault davantage de projets en un an que ce que le groupe avait vu sur les douze années passées, avec pour objectif de simplifier la structure organisationnelle de l'entreprise.

"J'ai du couper toutes les choses qui n'étaient pas nécessaires, puis redémarrer", a poursuivi l'ancien cadre dirigeant du groupe Volkswagen.

Tournant le dos à l'ambitieuse stratégie d'expansion de l'ex-PDG Carlos Ghosn pour se recentrer sur les modèles et les marchés les plus rémunérateurs, Renault est aussi confronté à l'heure actuelle à un étiage dans son cycle produits.

Hormis la nouvelle Mégane et le Dacia Jogger l'an prochain, les autres nouveautés électriques les plus prometteuses - un SUV, la fameuse R5 et les nouvelles Alpine - ne devraient défiler qu'à partir de 2023, et surtout de 2024.

Le groupe espère ainsi reprendre la main dans la course à l'électrique, car s'il a été avec Nissan l'un des précurseurs de cette technologie au début de la décennie précédente, il est aujourd'hui éclipsé par le succès de Tesla et les ambitions de Volkswagen.

(Victoria Waldersee, Gilles Guillaume pour la version française, édité par Blandine Hénault et Jean-Michel Bélot)

par Victoria Waldersee