Telecom Italia gagne 0,76% à 0,488 euro ce matin à la bourse de Milan, représentant ainsi une des seules hausses de son indice de référence, le FTSE MIB, qui évolue dans le rouge écarlate comme la quasi totalité des bourses européennes. La journée s'annonce décisive pour l'avenir l'opérateur de télécommunication italien, puisque se tient aujourd'hui la réunion de son conseil d'administration. A l'ordre du jour figurent les derniers résultats (calamiteux) du groupe, mais aussi et surtout l'offre de rachat de KKR et l'avenir du directeur général, Luigi Gubitosi.

Ce dernier aurait adressé une lettre aux membres du conseil d'administration dans laquelle il aurait affirmé vouloir se retirer pour accélérer le processus de rachat, révèle Bloomberg. Il aurait également demandé la nomination de conseillers financiers pour aider KKR à accéder plus facilement aux comptes de Telecom Italia.

Le fonds de private equity américain envisagerait par ailleurs de s'allier à son concurrent CVC Capital Partners, "ce qui permettrait de partager le fardeau financier de la plus grande opération de leveraged buyout jamais réalisée en Europe", révèle aussi l'agence de presse, citant des personnes proches du dossier. Les deux sociétés auraient d'ores et déjà eu "des discussions exploratoires", alors que CVC serait intéressé par Telecom Italia depuis déjà plusieurs mois.

En revanche, la société d'investissement Advent International, elle aussi intéressée par l'opérateur italien et un temps en pourparlers avec CVC, aurait revu à la baisse ses ambitions face à la complexité de l'opération et au soutien du gouvernement de Mario Draghi à l'intérêt de KKR, précise encore Bloomberg. L'Etat italien, actionnaire de Telecom Italia à hauteur d'environ 10% via la Cassa Depositi e Prestiti, dispose qui plus est d'un "golden power" lui permettant d'apposer son véto sur des opérations dans des secteurs stratégiques.

Toujours est-il qu'un départ de Luigi Gubitosi ne serait pas pour déplaire au principal actionnaire du groupe de télécoms, Vivendi, qui détient 24% du capital. Le français considère en effet l'administrateur comme responsable des mauvaises performances de la société ces dernières années, selon Invest Securties. Mas ce n'est pas pour autant que le géant des médias lâchera ses actions. Celui-ci se considère en effet comme un actionnaire de long terme, et il n'a "aucune raison de vendre", affirme un proche de Vincent Bolloré cité par BFM Business.

D'autant plus que la première offre de KKR, à 50,5 centimes d'euros par action Telecom Italia, se situe bien en-dessous de leur valeur comptable telle qu'enregistrée par Vivendi au 30 juin 2021 (83 centimes). Pour surmonter cette résistance, le fonds serait prêt à revoir son prix à la hausse à 70-80 centimes, rapporte le Wall Street Journal. Mais cela sera-t-il suffisant pour autant ? Les décisions du conseil d'administration de l'italien qui se déroule vendredi seront en ce sens déterminantes.