MUNICH, 19 décembre (Reuters) - Le principal témoin de l'accusation dans le procès de l'affaire Wirecard a reconnu lundi sa culpabilité dans les malversations qui ont conduit à la faillite du groupe allemand de paiements électroniques, tout en déclarant que, depuis sa création, la société était une "escroquerie" au centre de laquelle se trouvait Markus Braun, le fondateur et ancien président du directoire.

Le spectaculaire effondrement de Wirecard il y a deux ans, le plus grand scandale comptable de l'après-guerre en Allemagne, a terni la réputation financière du pays et éclaboussé la sphère politique.

Oliver Bellenhaus, ancien dirigeant d'une filiale du groupe à Dubaï, est devenu un témoin clé pour l'accusation après s'être rendu aux autorités allemandes en 2020. Il est jugé aux côtés de Markus Braun, qui nie tout acte répréhensible.

Les accusés doivent répondre de plusieurs chefs d'accusation, notamment de fraude et de manipulation de marché, et encourent des peines pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.

Florian Eder, un avocat de Oliver Bellenhaus, a déclaré à Reuters que la coopération de son client devrait entraîner une "réduction très significative" de sa peine.

À l'ouverture du procès ce mois-ci, les procureurs ont accusé les prévenus d'appartenir à une association de malfaiteurs qui inventait de vastes sommes de revenus fictifs par le biais de transactions fallacieuses avec des entreprises partenaires afin de tromper les créanciers et les investisseurs.

"Les petits mensonges sont devenus de gros mensonges (...) C'était une escroquerie depuis le début", a déclaré Oliver Bellenhaus à la Cour, ajoutant qu'il regrettait profondément son implication et les dommages qu'elle a causés.

Dans leur témoignage de la semaine dernière, les avocats de Markus Braun ont allégué que Oliver Bellenhaus était le principal auteur de la fraude chez Wirecard.

Oliver Bellenhaus a déclaré au tribunal lundi que c'était sa "loyauté aveugle" envers Markus Braun, qu'il a décrit comme un "dirigeant absolutiste", qui l'avait conduit devant le tribunal de Munich.

Un verdict n'est pas attendu avant 2024 au plus tôt.

(Reportage Christina Amann, avec la contribution de Marta Orosz, rédigé par Tom Sims ; Version française Augustin Turpin, édité par Kate Entringer)