Herbert Diess est connu pour son traitement dur des fournisseurs et l'homme ne craint pas les conflits, fréquents chez le constructeur allemand qui s'emploie à tourner la page du dieselgate.

Deux sources ont rapporté mardi à Reuters que le groupe pourrait le nommer à la présidence de son directoire en remplacement de Matthias Müller dans le cadre d'une évolution de sa structure de direction.

Le conseil de surveillance se réunira vendredi pour évoquer la question, ont-elles indiqué.

Herbert Diess a poussé la marque VW à réduire ses coûts et à élargir sa gamme plus rapidement, grâce à une technique simplifiée de développement inspirée de celle de BMW, son précédent employeur.

Ce Bavarois de 59 ans a quitté le constructeur de véhicules haut de gamme pour le groupe de Wolfsburg en juillet 2015, deux mois avant la révélation du "dieselgate".

Le scandale des émissions polluantes des moteurs diesel a fait plonger le cours de Bourse de VW, coûté des milliards de dollars et contraint à la démission le président du directoire d'alors, Martin Winterkorn.

Au moment de son arrivée, le constructeur avait présenté Herbert Diess comme le "candidat idéal" pour relancer la marque VW, dont la rentabilité était alors à la traîne de celle de Toyota, de Renault-Nissan, de General Motors et de Ford.

Sous sa houlette, la rentabilité de marque VW, plus grande contributrice au chiffre d'affaires du groupe Volkswagen, a plus que doublé en 2017 grâce à la réduction des investissements en recherche et développement, à la baisse des coûts de production et la hausse des ventes de SUV, véhicules à plus forte marge.

Cela s'avère prometteur pour ses nouvelles fonctions si elles sont confirmées.

DE GRANDES AMBITIONS

"Les investisseurs apprécieront son solide bilan et sa compréhension de la mobilité 2.0", estime Arndt Ellinghorst, analyste d'Evercore ISI, faisant allusion à l'apparition de services nouveaux.

"Pour faire court, nous ne voyons pas de meilleure alternative (...) pour préparer le groupe à l'avenir en soldant certaines activités anciennes et en réalisant les bons investissements dans les technologies."

Herbert Diess a étudié l'ingénierie mécanique à Munich de 1977 à 1983 et a travaillé chez Bosch [ROBG.U], premier équipementier automobile mondial, avant de rejoindre BMW en 1996.

Titulaire d'un doctorat en automatisation d'assemblage, il est arrivé à VW avec de grandes ambitions. Une source avait rapporté qu'à l'époque qu'il avait accepté l'offre faute d'avoir obtenu la présidence du directoire de BMW.

Mais ses espoirs de devenir le numéro un de Volkswagen dépendent du soutien qu'il obtiendra de la direction et des représentants du personnel, qui occupent la moitié des 20 sièges du conseil de surveillance.

Martin Winterkorn lui a confié la tâche de réduire les coûts de la marque VW de cinq milliards d'euros en deux ans, ce qui lui a donné l'occasion de nombreuses passes d'armes avec les puissants représentants du personnel, qui lui reprochaient d'utiliser le "dieselgate" comme prétexte pour tailler dans les effectifs.

En novembre 2016, les syndicats ont accepté la suppression de 30.000 emplois dans le monde contre la promesse du constructeur d'éviter les licenciements secs jusqu'en 2025.

En mars 2017, le puissant président du conseil d'entreprise de VW, Bernd Osterloh, a annoncé une trêve avec Herbert Diess dans leur conflit autour du plan d'économies en préparation chez le constructeur automobile allemand. "Il y avait un différend fondamental entre le conseil d'entreprise et le patron de la marque. C'est de la vieille histoire", avait-il alors déclaré au journal financier Handelsblatt.

(Avec Irene Preisinger, Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Christoph Steitz et Edward Taylor