(Actualisation: réaction en Bourse, communication de la CMA britannique sur le rachat d'Equans par Bouygues, déclarations du directeur général sur la fusion TF1/M6, sur les coûts exceptionnels et sur le rachat d'Equans)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le conglomérat diversifié Bouygues a confirmé mardi ses objectifs financiers pour l'exercice 2022, après que ses résultats semestriels ont dépassé les attentes des analystes. Sa filiale Bouygues Telecom a, pour sa part, modifié ses perspectives annuelles, relevant notamment son objectif de croissance de l'Ebitda (excédent brut d'exploitation). Le groupe prépare aussi ses arguments pour convaincre l'Autorité de la concurrence de valider le mariage entre TF1 et M6 après un premier rapport défavorable.

Pour 2022, le groupe présent dans les télécoms, la construction, l'immobilier et la télévision prévoit toujours une augmentation de son chiffre d'affaires et de son résultat opérationnel courant (ROC) par rapport à 2021.

Bouygues Telecom, de son côté, a modifié ses perspectives annuelles. L'opérateur télécoms a relevé son objectif de croissance de l'Ebitda après loyer pour le porter à plus de 8%, contre environ 7% auparavant. Bouygues Telecom a également remplacé son objectif de croissance d'environ 5% du chiffre d'affaires des Services par un objectif de croissance du chiffre d'affaires facturé aux clients supérieure à 5% en 2022. La société estime que cet indicateur est plus "représentatif" de sa performance.

Le ROC en hausse au premier semestre

Bouygues a livré ces perspectives alors que ses résultats ont globalement progressé au premier semestre. Sur la période, le bénéfice net du conglomérat est ressorti à 147 millions d'euros, contre 408 millions d'euros un an plus tôt. Le bénéfice des six premiers mois de 2022 a toutefois été grevé par un résultat non courant de -44 millions d'euros, qui comprend essentiellement les coûts relatifs aux projets d'acquisition d'Equans et de rapprochement entre TF1 et M6.

Olivier Roussat, le directeur général de Bouygues, a indiqué lors d'une conférence de presse téléphonique que ces coûts se répartissaient pour environ un tiers pour la fusion TF1/M6 et pour les deux tiers restants pour le rachat d'Equans. Ces dépenses englobent notamment des frais d'avocats et des frais d'économistes, a expliqué le dirigeant. Au second semestre, ces frais exceptionnels devraient encore s'élever à environ 45 millions d'euros, portant le montant total pour 2022 à près de 90 millions d'euros, a précisé Olivier Roussat.

Le premier semestre 2021, de son côté, avait bénéficié d'une contribution de l'équipementier ferroviaire Alstom - dont Bouygues est désormais presque totalement sorti du capital - de 219 millions d'euros, ainsi que d'un résultat non courant de 80 millions d'euros lié principalement à des plus-values de cessions de centres de données (data centers) chez Bouygues Telecom.

Le ROC des six premiers mois de 2022 s'est établi à 492 millions d'euros, contre 471 millions d'euros au premier semestre de l'an passé. Le chiffre d'affaires semestriel a progressé de 6% sur un an, à 18,53 milliards d'euros.

Selon un consensus fourni par le groupe, la médiane des prévisions des analystes se situait à 18,39 milliards d'euros pour le chiffre d'affaires du premier semestre, à 409 millions d'euros pour le ROC et à 129 millions d'euros pour le bénéfice net.

A la Bourse de Paris, l'action Bouygues prend 0,7% à 29,48 euros, alors que le CAC 40 recule de 0,6% dans le même temps.

Le mariage entre TF1 et M6 menacé

Concernant le projet de fusion entre TF1 et M6, "nous allons fournir [nos] arguments vers la mi-août" pour répondre au rapport d'instruction des services de l'Autorité de la concurrence, a indiqué Olivier Roussat, évoquant "une importante mobilisation de ressources durant l'été".

Ce rapport a été communiqué le 22 juillet aux entreprises, a précisé le dirigeant. Dans ce document, les services d'instruction de l'autorité ont jugé que le mariage entre les deux groupes audiovisuels soulevait des problèmes de concurrence significatifs, en particulier sur le marché de la publicité.

Malgré ce premier avis défavorable, TF1 et M6 ont annoncé leur intention de maintenir leur projet tel qu'il a été présenté. Les deux groupes jugent que les rémèdes requis dans le rapport des services d'instruction ferait perdre "toute pertinence" au projet de fusion.

Les entreprises feront valoir leurs points de vue lors d'auditions devant le Collège de l'Autorité de la concurrence, prévues les 5 et 6 septembre prochains.

Olivier Roussat a assuré qu'elles disposaient de "solides" arguments. "Nous pensons que le marché a évolué, que la publicité est en train de naître sur un certain nombre de plateformes, que les plateformes arrivent sur les droits du sport", a-t-il développé.

Le directeur général a cité comme exemple l'introduction de la publicité dans l'offre de Netlix et la diffusion sur la plateforme vidéo d'Amazon d'une partie des matchs du tournoi de tennis Roland-Garros. "Le monde a changé, ce sont des choses que nous allons pouvoir ré-expliquer auprès du Collège, qui sera réuni au complet lorsque nous interviendrons les 5 et 6 septembre", a indiqué Olivier Roussat.

Pas de "courses à l'étranger"

Interrogé sur une éventuelle opération de consolidation dans un autre pays européen, si la fusion TF1-M6 s'avérait impossible, le directeur général a répondu que le rapprochement entre les deux groupes audiovisuels français restait "le plan A". "On a pas un plan B pour aller faire les courses à l'étranger", a-t-il affirmé.

Concernant l'autre grand dossier de croissance externe du groupe, à savoir le rachat d'Equans, Bouygues a indiqué avoir déposé des propositions de remèdes auprès de la Competition & Markets Authority (CMA), l'autorité de la concurrence britannique. Cette dernière a annoncé mardi qu'elle examinerait ces remèdes, se fixant comme échéance le 28 septembre avec une potentielle extension jusqu'au 23 novembre. La CMA a toutefois considéré mardi qu'il existait des "motifs raisonnables" de penser qu'elle pourrait accepter les engagements de Bouygues et d'Equans ou "une version modifiée" de ces mêmes propositions.

Le 19 juillet, la CMA avait exprimé ses inquiétudes sur le rachat d'Equans par Bouygues, redoutant qu'il affaiblisse la concurrence dans le cadre de l'appel d'offres en cours sur la caténaire de la ligne à grande vitesse High Speed 2 au Royaume-Uni.

Le feu vert de la CMA constitue la dernière autorisation réglementaire à obtenir pour valider ce rapprochement. "A ce stade, nous sommes plutôt assez sereins", a déclaré Olivier Roussat. "Concrètement, le remède a déjà été accepté par la CMA dans son esprit", a-t-il ajouté.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV

(Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones et Ed Frankl, Dow Jones Newswires, ont contribué à cet article)

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August 02, 2022 05:52 ET (09:52 GMT)