PARIS, 4 avril (Reuters) - Total a décidé de continuer la production de gaz du champ Yadana situé en Birmanie afin de garantir la sécurité de ses employés et d'éviter d'aggraver les conditions de vie de la population, déclare le PDG du groupe pétrolier Patrick Pouyanné dans une tribune au Journal du Dimanche.

Le groupe a en revanche décidé d'arrêter le projet de futur développement de sa découverte de gaz sur le permis A6, une zone d'exploration à l'ouest du pays, et la campagne de forage de puits de gaz en cours, indique le dirigeant.

La major pétrolière est sous le feu des critiques en raison de son activité dans le pays en proie à d'importantes manifestations depuis le coup d'Etat début février de la junte militaire qui réprime violemment le mouvement pro-démocratie.

"Pouvons-nous arrêter cette production, alors que ce gaz alimente en électricité une population nombreuse à Rangoun, et ajouter ainsi au drame quotidien de ces habitants", s'interroge Patrick Pouyanné.

"Quand bien même nous déciderions darrêter la production pour protester contre la situation en Birmanie, nous pourrions mettre nos collaborateurs dans une situation dramatique, celle du travail forcé", ajoute-t-il.

"Voici pourquoi nous avons décidé darrêter nos projets et nos forages en Birmanie, mais nous continuons de produire du gaz", indique le dirigeant.

"Non pas pour maintenir nos profits ni pour continuer à verser des taxes ou impôts à la junte militaire. Mais pour garantir la sécurité de nos personnels, employés et responsables, leur éviter la prison ou le travail forcé, et surtout éviter daggraver encore les conditions de vie de ces populations en coupant lélectricité de millions de personnes".

Patrick Pouyanné assure que le groupe n'a payé "aucun impôt ni taxe" à la junte militaire depuis le début de la crise en février, "tout simplement parce que le système bancaire ne fonctionne plus".

Si le système bancaire venait à être rétabli, Total serait obligé de cesser la production de gaz dans le pays pour ne pas payer d'impôts à la junte militaire.

Cette solution étant écartée, le groupe a décidé de verser aux associations qui travaillent pour les droits humains en Birmanie "léquivalent" des taxes que le groupe sera amené à payer effectivement à lÉtat birman. (Blandine Hénault)