PARIS (Agefi-Dow Jones)--Crédit Agricole SA (CASA) a annoncé jeudi un bénéfice net part du groupe de 954 millions d'euros au deuxième trimestre, en recul de 21,9% sur un an mais nettement supérieur au consensus FactSet des analystes qui tablait sur 630 millions d'euros. Dernière banque française à publier ses résultats, le véhicule coté du Crédit Agricole se démarque face à la Société Générale et à Natixis, en pertes à fin juin, mais sans égaler les 2,3 milliards d'euros de profits (-6,8%) de BNP Paribas. Le groupe Crédit Agricole, qui englobe CASA et les caisses régionales, affiche un bénéfice net de 1,48 milliard d'euros (-18,2%) pour le trimestre écoulé.

"Crédit Agricole SA a fait face sans dommages à ce trimestre choc. Nous avons conforté notre solidité totalement mise au service de l'économie", a déclaré Philippe Brassac, directeur général de CASA, lors d'une conférence de presse mercredi soir. Il voit dans ce trimestre, fortement marqué par la crise sanitaire, "la confirmation une nouvelle fois du modèle de l'universalité", "stabilisateur" pour un groupe présent dans quasiment tous les métiers de la banque, de l'assurance et de l'investissement. Le dirigeant constate une "reprise en V" des activités du groupe avec, en juin, "un retour à la normale de la conquête brute de clients".

Sur l'ensemble du trimestre écoulé, le produit net bancaire (PNB) de CASA a reculé de 4,9% sur un an, à 4,9 milliards d'euros, légèrement en-dessous des attentes (4,95 milliards). Les revenus de LCL (-4%), de la banque de détail à l'international (-10,5%) et des services financiers spécialisés (-11,6%) ont été pénalisés par le confinement. Le pôle de gestion d'actifs, de fortune et d'assurance (-8,1%) a souffert de la baisse des marchés financiers, que n'a pas compensé le rebond de l'assurance.

Seule division en croissance, la banque de financement et d'investissement (BFI) a vu son PNB croître de 16,3% au deuxième trimestre, grâce au dynamisme des activités de fixed income (produits taux et change). La BFI est aussi le seul métier dont le résultat brut d'exploitation (avant coût du risque) progresse. Au total, les charges de la banque cotée ont reculé de 1,7%, hors contribution au fonds de résolution unique.

Forte hausse des provisions pour créances douteuses

En dehors des activités courantes, plusieurs éléments exceptionnels ont pesé sur les comptes. CASA a enregistré 908 millions de provisions pour créances douteuses sur la période avril-juin : 667 millions d'impayés et 209 millions d'euros portant sur des encours de crédit sains, en application de la norme comptable IFRS 9. Les provisions ont été "multipliées par 2,5" en un an, une hausse partagée entre risques avérés et créances encore saines. Pour le second semestre, Philippe Brassac anticipe "une relative continuité" du provisionnement, "sans rupture franche" du fait des liquidités injectées dans les entreprises via les prêts garantis par l'Etat et des moratoires de remboursement des crédits, accordés à "un tiers" des professionnels et entreprises clients du groupe.

Au deuxième trimestre, d'autres "éléments spécifiques" ont amputé le bénéfice net, à hauteur de -153 millions d'euros contre -20 millions un an plus tôt. La banque cite notamment des "éléments de volatilité comptable récurrents" (pour -68 millions d'euros) et le rachat de 3 milliards d'euros de dette CASA sur les marchés pour la remplacer par des titres moins chers (pour -28 millions).

Des "éléments spécifiques" aux activités d'assurance ont également joué, avec un effet négatif et un effet positif. D'une part, les gestes commerciaux envers les clients professionnels assurés contre les pertes d'exploitation - dont les contrats ne couvraient pas le risque de pandémie - ont amputé le résultat net de 98 millions d'euros et le PNB de 145 millions d'euros.

D'autre part, CASA a amélioré ses profits de 44 millions d'euros grâce au "switch" de ses activités d'assurance. Au 30 juin, le groupe a activé ce mécanisme interne par lequel les caisses régionales garantissent la mise en valeur de marché de Crédit Agricole Assurances. Du fait des "tensions ce semestre sur les marchés actions et obligataires", la valeur des actifs de CA Assurances a reculé de "150 millions d'euros, soit 1%" à fin juin, a expliqué Jérôme Grivet, directeur financier de CASA. Les caisses régionales ont donc "indemnisé CASA pour 45% de cette baisse", a-t-il ajouté, soit 65 millions en coût du risque et 44 millions en résultat net. Le "switch" n'avait pas été utilisé depuis mi-2015.

Enfin, le ratio de fonds propres durs CET1 de CASA a atteint 12% fin juin, en hausse de 60 points de base depuis fin mars et au-dessus de la cible de 11% fixée par le groupe.

-Amélie Laurin, L'Agefi. ed: VLV

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