MILAN (Reuters) - Le nouvel administrateur délégué de Telecom Italia (TIM) a vanté jeudi les mérites du projet de scission du groupe, présenté comme une alternative à l'offre d'achat du fonds américain KKR, alors même que l'opérateur télécoms a accusé l'an dernier une perte nette record et voit son cours de Bourse plonger.

Selon Pietro Labriola, l'offre de KKR, qui reste sujette à de nombreuses incertitudes, est proche du projet développé par le groupe de se scinder en deux entreprises, l'une reprenant ses activités réseau et l'autre les services.

La publication, tard mercredi soir, des résultats financiers du groupe a montré l'ampleur des problèmes qu'il rencontre. L'opérateur italien a accusé une perte nette de 8,7 milliards d'euros en 2021, plombé par des dépréciations d'actifs d'un montant total de 7,9 milliards d'euros.

Le groupe, qui est confronté à une forte concurrence sur le marché italien, a en outre déclaré qu'il ne verserait pas de dividende pour 2021.

Dans son nouveau plan à trois ans, TIM a dit s'attendre à un Ebitda stable sur l'ensemble de la période 2022-24, après une baisse attendue de l'ordre de 10% à 12% en 2022, ce qui augure une année difficile.

À la Bourse de Milan, l'action TIM décrochait de plus de 13% jeudi à la mi-journée et s'échangeait à 0,2991 euro, soit bien en dessous de l'offre de KKR d'un montant de 0,505 euro par action.

"Nous pensons que l'ampleur de la perte en 2021 qui conduit à l'absence de dividendes ainsi qu'à une prévision prudente sur 2022-2024 constitue une surprise", ont indiqué dans une note les analystes de Intesa Sanpaolo.

CRÉATION DE VALEUR

Le principal actionnaire de TIM, le français Vivendi, estime que l'offre de KKR est trop basse et Pietro Labriola assure que le projet de séparer les activités de réseaux des autres activités du groupe, comme celles au Brésil, aidera à créer de la valeur.

"Une fois que KKR exprime son intérêt à ce prix, vous vous rendez compte que la valeur réelle de l'entreprise est plus élevée", a déclaré Pietro Labriola, qui a dirigé par le passé la filiale au Brésil, aux journalistes.

"Si nous le faisons en interne, la valeur générée pourra probablement être redistribuée entre tous les actionnaires, majoritaires et minoritaires", a-t-il ajouté.

TIM a indiqué mercredi que ses conseillers finaliseraient leur examen de l'offre de KKR sous peu et que le conseil d'administration prendrait ensuite une décision.

KKR est déjà impliqué dans les activités de TIM puisque le fonds américain a déboursé 1,8 milliard d'euros l'année dernière pour une participation de 37,5% dans le réseau secondaire du groupe italien, FiberCop.

Des spéculations ont circulé selon lesquelles KKR pourrait abandonner son offre d'achat et se contenter d'un rôle renforcé dans la nouvelle activité de réseau de TIM mais Pietro Labriola a indiqué qu'il n'y avait eu aucune discussion à ce sujet avec le fonds.

(Reportage Elvira Pollina et Valentina Za; version française Valentine Baldassari, édité par Blandine Hénault)