Lors d'une conférence de presse organisée au siège du groupe à Wolfsburg, Herbert Diess a minimisé l'importance de ces changements en prenant soin de ne pas alimenter des craintes éventuelles sur l'avenir des emplois, comme cela fut le cas par le passé lors de précédentes tentatives de réorganisation bloquées par les syndicats.

"C'est une évolution, pas une révolution", a dit le nouveau président du directoire pour commenter le remodelage du groupe, dont les activités vont être réparties différemment avec notamment le regroupement des différentes marques de voitures en trois pôles.

Les détails de cette réorganisation seront finalisés dans les prochains mois, a-t-il dit.

"La création de pôles de marques est envisagée depuis un certain temps", a poursuivi Herbert Diess, dont la nomination a été annoncée jeudi soir.

Les analystes ne sont pas tenus à la même prudence et ils saluent ces signes de mutation en profondeur de Volkswagen, où les changements de structure se sont souvent heurtés aux réticences des actionnaires.

"Nous ne pouvions pas demander plus et il faut s'attendre à ce que le marché accueille la nouvelle positivement", écrit Arndt Ellinghorst, analyste d'Evercore ISI, dans une note publiée vendredi.

L'action Volkswagen a fini en hausse de 0,3% en Bourse de Francfort, portant ses gains à quasiment 8% en quatre séances depuis qu'ont commencé à filtrer les premières informations sur cette réorganisation.

"MARQUES FORTES"

Alors que Volkswagen a annoncé jeudi soir un vaste remaniement de son équipe de direction, Herbert Diess et le président du conseil de surveillance, Hans Dieter Pötsch, ont été les seuls vendredi à répondre aux questions des journalistes.

Les deux autres hommes forts à l'issue de ces changements, Rupert Stadler et Oliver Blume, étaient absents, de même que le nouveau directeur des ressources humaines, Gunnar Kilian.

Patron de la marque Audi, Rupert Stadler va prendre en charge les ventes de l'ensemble du groupe tandis que son homologue chez Porsche, Oliver Blume, va superviser toutes les activités de production.

Herbert Diess, qui dirige la marque VW depuis son arrivée en 2015 en provenance de BMW, va devenir responsable de la recherche et développement et de la "connectivité" des véhicules au niveau du groupe.

"Nous voulons créer une entreprise amincie avec des marques fortes", a-t-il dit.

Lui-même va prendre la tête de la catégorie automobile "Volume" qui comprendra les marques Volkswagen, Seat, Skoda et les véhicules commerciaux.

Oliver Blume va diriger le pôle "super premium" composé de Bentley, Porsche, Bugatti et peut-être Lamborghini, qui est actuellement regroupée avec Audi.

Audi sera la marque principale de la catégorie "premium" avec l'objectif de dépasser ses concurrentes Mercedes-Benz et BMW.

"Regrouper les marques au sein de pôles aide grandement à accroître les synergies", souligne Jürgen Pieper, analyste de Bankhaus Metzler. "L'astuce consiste à réduire les coûts là où cela est possible", ajoute-t-il, en évoquant les budgets de développement et marketing.

PACTE AVEC LES SYNDICATS

Herbert Diess, qui a justement la réputation d'un redoutable chasseur de coûts, a pris la place de Matthias Müller après avoir conclu un pacte inédit avec les puissants représentants syndicaux du groupe, auxquels il a accordé un siège au sein du directoire.

Les représentants du personnel ont pris soin de lui apporter leur soutien avant sa conférence de presse.

"Nous sommes convaincus que, avec Diess, nous avons la bonne personne aux commandes", écrit le chef syndical Bernd Osterloh dans une lettre adressée vendredi au personnel du groupe, alors qu'il s'est lui-même régulièrement heurté à Herbert Diess dans le cadre des plans d'économies mis en oeuvre au sein de la marque VW à la suite du scandale des émissions polluantes des moteurs diesel.

Herbert Diess a aussi déclaré qu'il allait examiner certains actifs du groupe, qui pourraient être cédés.

Hans Dieter Pötsch a dit de son côté que le constructeur n'introduirait pas en Bourse son pôle camions cette année et qu'il n'avait aucunement l'intention d'en céder le contrôle.

Le mandat de Matthias Müller était censé expirer en 2020 mais son contrat ne va pas être rompu, ce qui signifie qu'il pourrait continuer à empocher de fortes rémunérations pendant deux ans malgré l'absence de responsabilités. Il a gagné environ 10 millions d'euros en salaires et primes l'an dernier.

(Wilfrid Exbrayat et Bertrand Boucey pour le service français)

par Andreas Cremer et Maria Sheahan

Valeurs citées dans l'article : Bayerische Motoren Werke, Daimler, Volkswagen