Le groupe allemand a en outre mis en place des préparatifs en vue d'une possible introduction en Bourse de son activité de poids lourds.

Ces annonces ont été faites à l'issue d'une réunion du conseil de surveillance, qui a mis un terme avec effet immédiat au mandat de Matthias Müller et a réfléchi à une refonte globale d'un géant automobile dont les activités vont des voitures aux poids lourds en passant par les motos avec des marques telles que Volkswagen, Ducati, Bentley, Porsche, Audi, Scania ou Skoda.

La mise à l'écart de Matthias Müller peut se voir comme la conséquence de la lenteur de la réorganisation du portefeuille de marques automobiles du groupe. Cette réorganisation est l'un des piliers du plan "Stratégie 2025" destiné à faire de Volkswagen un leader en matière de véhicules moins polluants à la suite du scandale de la manipulation de ses moteurs diesel en 2015.

Ces changements constituent le plus profond bouleversement de Volkswagen depuis que le constructeur s'est mué en conglomérat en multipliant les acquisitions sous la houlette de son ancien patron Ferdinand Piech, petit-fils de Ferdinand Porsche, le concepteur de la Coccinelle.

Dans le cadre du plan dévoilé jeudi, Volkswagen, qui a fait le choix stratégique de miser sur les "nouvelles mobilités" comme la voiture électrique, va se décomposer en six nouveaux secteurs d'activité plus un pôle spécialement dédié à la Chine, son principal marché. L'objectif est de décentraliser les responsabilités et d'améliorer l'efficacité du groupe.

Parmi ces secteurs, les trois nouvelles catégories de marques automobiles s'appelleront "Volume", "Premium" et "Super Premium", conformément à ce qu'a rapporté Reuters un peu plus tôt dans la journée.

PRÉROGATIVES ÉLARGIES POUR DIESS, STADLER ET BLUME

Volkswagen va modifier le statut de sa division de poids lourds et d'autocars en vue de son éventuelle introduction en Bourse.

La nomination de Herbert Diess, qui a plus que doublé la rentabilité de la marque VW depuis qu'il en a pris les commandes en 2015, quitte à froisser les syndicats, ravit les analystes.

"Diess est un homme d'action, il est le meilleur choix au sein de VW pour entraîner le groupe dans la prochaine phase de sa transformation", dit Frank Schwope, analyste de Nord LB.

Parmi les autres changements au sein de l'équipe de direction, Gunnar Kilian, proche de l'influent chef syndical Bernd Osterloh, va devenir directeur des ressources humaines à la place de Karlheinz Blessing, qui va conserver un poste de conseiller au sein du groupe.

Le directeur des achats, Francisco Javier Garcia Sanz, le plus ancien membre du directoire, va pour sa part quitter le groupe.

Volkswagen va concentrer les prérogatives et confier aux patrons des trois pôles automobiles des responsabilités au niveau de l'ensemble du groupe.

Comme la marque VW supporte l'essentiel des dépenses en recherche et développement, Herbert Diess va aussi superviser les activités de R&D à travers le groupe.

Rupert Stadler, qui dirige la marque haut de gamme Audi, va faire office de directeur commercial de toute l'entreprise.

Quant à Oliver Blume, patron de la marque Porsche et tout juste nommé au directoire, il va prendre la main sur la production de l'ensemble du groupe.

Herbert Diess, Rupert Stadler et Oliver Blume seront placés à la tête des catégories de voitures Volume, Premium et Super Premium, respectivement.

Volkswagen devrait détailler ces différents changements lors d'une conférence de presse prévue vendredi à 10h30 (08h30 GMT).

Le groupe de Wolfsburg n'est pas le seul constructeur à réfléchir aux moyens de simplifier son organisation et de se séparer d'actifs non stratégiques.

Les analystes de Goldman Sachs estiment qu'il y a pour 160 milliards d'euros de "valeur cachée" dans le secteur automobile européen, qui pourrait être libérée via des simplifications de portefeuilles.

(Andreas Cremer; Bertrand Boucey pour le service français)