L'éclatement au grand jour de la querelle au sein du conseil d'administration est rare dans le paysage des entreprises canadiennes et a pris les analystes par surprise. Elle intervient alors que Rogers tente de renforcer sa position sur le marché canadien des télécommunications, déjà très concentré, en lançant une offre publique d'achat de 20 milliards de dollars canadiens (16,2 milliards de dollars) sur son rival Shaw Communications, plus petit.

L'opération fait l'objet d'un examen minutieux de la part de plusieurs organismes de réglementation gouvernementaux qui se demandent si elle ne risque pas de réduire la concurrence.

Rogers doit également faire face au départ soudain du directeur financier Tony Staffieri le mois dernier. Cela s'est produit après que le président du conseil Edward Rogers, fils du défunt fondateur de l'entreprise Ted Rogers, ait fait une offre infructueuse pour remplacer le chef de la direction Joe Natale, une décision à laquelle s'est opposée sa sœur et vice-présidente du conseil, Melinda Rogers-Hixon, selon le journal Globe and Mail la semaine dernière.

Scott Rattee, premier vice-président de DBRS Morningstar, a déclaré que le désaccord était une surprise, soulignant que l'agence de notation avait récemment amélioré les perspectives de crédit de Rogers, en partie grâce au leadership de Natale.

Bien que les désaccords au sein du conseil d'administration ne soient pas une mauvaise chose, la façon dont la querelle a été gérée pourrait affecter l'entreprise à long terme si elle détourne les ressources et l'attention d'autres problèmes, a-t-il ajouté.

Rogers Communications a refusé de commenter.

La sous-performance du cours de l'action Rogers a également inquiété les investisseurs. Les actions de Rogers ont augmenté de plus de 3 % cette année, ce qui est bien en deçà des gains de près de 14 % de Telus Corp et d'une hausse de 16 % de BCE Inc.

Le président du conseil d'administration, Edward Rogers, a déclaré dans un communiqué mardi qu'il y avait "place à l'amélioration" dans le rendement à long terme de l'entreprise, à la suite d'un rapport indiquant qu'il avait tenu des discussions avec des candidats potentiels pour remplacer des membres du conseil.

"Il est décevant que l'attention des autres se soit éloignée de ce qui est le mieux pour l'entreprise", a-t-il déclaré.

Rogers est le président du Rogers Control Trust, l'actionnaire majoritaire de Rogers Communications, ainsi que le président de l'équipe de baseball des Blue Jays de Toronto, propriété de Rogers, et membre du conseil d'administration de la société propriétaire des clubs professionnels de basket-ball, de hockey et de football de la ville.

La société basée à Toronto devrait enregistrer une hausse de 0,4 % de son chiffre d'affaires, qui passerait de 3,67 milliards de dollars canadiens l'an dernier à 3,68 milliards de dollars canadiens, selon l'estimation moyenne de 9 analystes, basée sur les données de Refinitiv, tandis que le bénéfice par action devrait chuter à 1,02 dollar canadien par action, contre 1,08 dollar canadien par action l'an dernier.

"Notre opinion était que Joe Natale avait stabilisé un certain nombre de paramètres financiers dans l'organisation", a déclaré M. Rattee. "Il nous semblait à l'époque qu'une main ferme à la barre était bénéfique pour l'organisation dans son ensemble."

(1 $ = 1,2322 dollar canadien)