par Gwénaëlle Barzic et Arno Schuetze

PARIS/FRANCFORT (Reuters) - Le groupe allemand Bertelsmann a approché des candidats potentiels dont le géant français des médias Vivendi et l'opérateur télécoms Altice Europe en vue d'une possible cession de sa participation de contrôle dans le groupe de médias M6, ont déclaré plusieurs sources proches du dossier à Reuters.

Bertelsmann espère conclure une transaction qui pourrait représenter de l'ordre de 3 milliards d'euros pour M6, qui détient la première radio privée française RTL, ont dit deux sources, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat.

Fondé en 1987 et dirigé depuis 21 ans par Nicolas Tavernost, le groupe contrôle la chaîne M6, son vaisseau amiral, mais également W9, 6Ter ou encore Gulli, un ensemble qui affiche la deuxième plus forte part d'audience pour un groupe privé, derrière TF1, filiale du groupe Bouygues.

Dans un communiqué, RTL a dit examiner, comme à son habitude, les options stratégiques à sa disposition de manière à créer de la valeur pour ses actionnaires tout précisant qu'il n'était pas certain qu'un accord ou qu'une transaction se produise.

Bertelsmann a également sondé l'intérêt du concurrent de M6, TF1, filiale du groupe Bouygues, du groupe de médias italien Mediaset et du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, actionnaire à titre minoritaire du Monde et propriétaire de plusieurs titres de presse français, ont dit les sources.

Les discussions sont actuellement à un stade très préliminaire et aucune banque n'a été retenue pour le moment dans le cadre de cette opération, ont ajouté deux de ces sources.

"Ils font le tour de la place", a expliqué l'une des sources.

Bertelsmann, Vivendi, TF1, Mediaset et Altice n'ont pas souhaité faire de commentaires. Des représentants de Daniel Kretinsky n'étaient pas joignables dans l'immédiat.

A la suite de ces informations, le titre M6 s'est envolé à la Bourse de Paris où il a terminé en hausse de 5,41% à 14,02 euros.

SE REGROUPER FACE À LA COMPÉTITION INTERNATIONALE

Une cession entière de la participation de 48% détenue par Bertelsmann dans M6, via sa filiale RTL Group, marquerait la sortie du groupe de médias allemand du marché français, après l'accord de cession de Prisma Media signé en décembre avec Vivendi.

Bertelsmann souhaite renforcer sa présence aux Etats-Unis, son deuxième marché, où il a acquis récemment l'éditeur Simon & Schuster pour 2,175 milliards de dollars.

Un porte-parole de RTL n'a pas souhaité faire de commentaires mais a souligné que le président du directoire de Bertelsmann, Thomas Rabe, avait plaidé à plusieurs reprises pour une consolidation du secteur des médias en Europe.

Dans une interview accordée au Financial Times l'an dernier, Thomas Rabe a mentionné les avantages issus d'accords de partenariats et indiqué que RTL "était ouvert pour explorer de telles possibilités".

Le dirigeant estime que la création de grands groupes de médias nationaux dans un marché européen très fragmenté permettrait de mieux faire face à la concurrence des géants américains des services de vidéos en ligne, comme Netflix.

Le président du directoire de M6 Nicolas de Tavernost s'est également prononcé à plusieurs reprises en faveur d'une consolidation du secteur de la télévision tout en soulignant que de telles opérations risquaient de se heurter aux réglementations européennes et françaises en matière de concurrence.

Sur les neuf premiers mois de 2020, le groupe M6 qui possède également les radios RTL 2 et Fun Radio, a enregistré un chiffre d'affaires de 856,1 millions d'euros, en repli de 15,2% sous le coup de la baisse de ses recettes publicitaires dans le contexte des difficultés économiques provoquées par la crise sanitaire.

(Gwénaëlle Barzic à Paris et Arno Schuetze à Francfort; avec la contribution de Mathieu Rosemain et Marc Angrand à Paris, de Klaus Lauer à Berlin et d'Elvira Pollina à Milan, version française Jean-Michel Bélot, Blandine Hénault et Nicolas Delame)