* Assemblée générale de Vivendi le 22 juin

* Le projet bénéficiera surtout à Bolloré-fonds activistes

* Le fonds souverain norvégien parmi les soutiens de l'opération

PARIS, 21 juin (Reuters) - Vivendi sollicitera mardi le soutien de ses actionnaires pour la scission prévue d'Universal Music Group (UMG), un projet critiqué par certains fonds activistes aux yeux desquels il profitera davantage au principal actionnaire, Vincent Bolloré, qu'aux petits investisseurs.

Le joyau du groupe français de médias et de divertissement est valorisé 33 milliards d'euros par Vivendi, soit un montant supérieur à sa propre capitalisation boursière. Universal, premier label musical au monde, est la maison de disques d'artistes su succès mondial comme Lady Gaga et Taylor Swift.

Le projet de scission devrait recevoir l'approbation des actionnaires mardi lors de l'assemblée générale du groupe. Mais la structure de l'opération et la gouvernance jugée secrète de Vivendi suscitent les critiques.

Un bras de fer a été entamé entre Vincent Bolloré et certains actionnaires qui espèrent faire pression sur le groupe en vue d'obtenir davantage de liquidités ou une clarification des projets à long terme du groupe.

L'enjeu est d'importance notamment pour les investisseurs qui envisagent de prendre une part directe d'Universal.

Vivendi a déjà signé un accord avec le véhicule d'investissement (Spac) Pershing Square Tontine Holdings pour la vente de 10% du capital d'UMG pour un montant d'environ 3,5 milliards d'euros.

Un consortium emmené par le géant chinois Tencent détient pour sa part de 20% du capital d'Universal Music Group.

Le groupe Bolloré est le premier actionnaire de Vivendi avec une participation de 27% dans la société.

Le projet de scission prévoit la cotation d'UMG à Amsterdam et la distribution de 60% des actions du label aux actionnaires de Vivendi.

Le fonds d'investissement américain Artisan Partners, qui a refusé de fournir le montant de sa participation dans Vivendi, s'est opposé ce mois-ci à cette structure de distribution et a estimé que la cession des parts d'Universal avant son introduction en Bourse était préjudiciable aux actionnaires minoritaires.

PLUS DE DIVIDENDE EN NUMÉRAIRE

Glass Lewis et ISS, les deux premières agences de conseil aux investisseurs, ont recommandé un vote en faveur du projet de scission. Le projet remportera aussi les suffrages du fonds Bluebell Capital Partners, en dépit d'importantes critiques sur l'opération.

"Nous voterons en faveur de la scission car elle aura lieu et personne ne pourra l'arrêter", a déclaré Giuseppe Bivona, associé chez Bluebell.

Ce fonds plaide cependant pour le versement d'un dividende supplémentaire en numéraire d'environ trois milliards d'euros afin, dit-il, d'accroître l'attractivité de l'opération. Il pointe aussi du doigt, avec d'autres sociétés de conseil aux investisseurs, une motion qui permettrait à Vivendi de racheter et d'annuler ses actions jusqu'à 50% de son capital.

Bluebell se demande si l'opération pourrait permettre à Bolloré d'accroître sa participation dans Vivendi sans lancer une offre publique d'achat.

La holding du milliardaire français s'est engagée plus tôt ce mois-ci dans une lettre écrite à Vivendi à ne pas demander de dérogation pour déposer une offre publique d'achat sur les actions du conglomérat si elle franchit le seuil de 30% de détention du capital ou des droits de vote.

Le fonds d'investissement américain Third Point du milliardaire Daniel Loeb, qui détient une participation "significative" dans Vivendi, n'a pas publiquement exprimé son choix quant au soutien ou non du projet de scission d'UMG.

Le fonds d'investissement souverain norvégien, détenteur de 1,49% de Vivendi, a déclaré pour sa part qu'il soutiendrait le projet du groupe. (Reportage Mathieu Rosemain, Sarah White, Pamela Barbaglia et Gwénaëlle Barzic, version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault et Jean-Michel Bélot)