(Actualisé avec ISS et Glass Lewis sur Telecom Italia)

par Gwénaëlle Barzic, Mathieu Rosemain et Stefano Rebaudo

PARIS/MILAN, 19 avril (Reuters) - Vivendi et son principal actionnaire Vincent Bolloré ont accumulé les revers ces dernières heures, rappelés à l'ordre sur la gouvernance et leur conquête éclair en Italie à l'approche de deux assemblées générales clefs.

La réunion annuelle des actionnaires de Vivendi mardi prochain doit acter la prise de pouvoir effective du milliardaire Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance depuis juin 2014, qui devrait détenir à cette date 29% des droits de vote du fait de l'attribution de droits de vote double.

La semaine suivante, Vivendi ambitionne d'asseoir son influence sur le conseil de l'opérateur télécoms italien Telecom Italia, dont il est le principal actionnaire, en proposant à l'assemblée générale prévue le 4 mai une liste de dix candidats sur un total de 15 sièges.

Les Français doivent cependant faire face au feu des critiques des deux principales sociétés mondiales de conseil aux actionnaires ISS et Glass Lewis, selon des documents obtenus par Reuters mercredi.

ISS recommande ainsi aux actionnaires de Vivendi de voter contre la majorité des résolutions, dont la proposition de reconduire au conseil de surveillance son principal actionnaire Vincent Bolloré.

ISS critique la recomposition envisagée du conseil du groupe de médias, qui aurait pour conséquence de réduire la part des administrateurs indépendants de 71% à 33% selon les critères reconnus par la société de conseil.

Vivendi a annoncé début mars le non-remplacement de trois administrateurs indépendants dont le mandat arrive à échéance, ce qui renforce de fait l'influence du milliardaire Vincent Bolloré.

ISS, qui pointe en outre les mandats détenus par Vincent Bolloré dans d'autres sociétés, s'oppose également à la désignation de trois autres candidats au conseil, dont la ratification de la nomination de Yannick Bolloré, PDG d'Havas et fils de Vincent Bolloré.

VIVENDI DOIT SE DÉLESTER DANS T. ITALIA OU MEDIASET

Dans ses recommandations aux actionnaires, ISS conseille par ailleurs aux investisseurs de s'opposer aux rémunérations perçues en 2016 par les membres du directoire et au calcul des rémunérations prévu pour 2017, en pointant notamment la hausse conséquente des salaires de base.

Dans son document préparatoire à l'AG de Vivendi, Glass Lewis se montre en revanche plus clément et recommande aux actionnaires d'approuver les rémunérations du directoire ainsi que les candidats proposés au conseil à l'exception de Véronique Driot, une salariée de Vivendi, jugeant la représentation des effectifs du groupe déjà suffisante.

Vivendi a déjà connu une fronde d'actionnaires emmenés par le fonds américain PSAM qui s'est toutefois rapidement éteinte.

L'issue des votes à la prochaine assemblée générale du groupe semble toutefois faire peu de doutes au vu des droits de vote désormais contrôlés par Vincent Bolloré.

L'assemblée générale de Telecom Italia semble en revanche davantage ouverte.

ISS comme Glass Lewis ont recommandé aux actionnaires de l'opérateur télécoms de ne pas voter en faveur des candidats présentés par Vivendi au conseil d'administration. et

Ils soutiennent a contrario les candidats présentés par l'association de fonds Assogestioni, qui sont selon ISS "mieux placés pour défendre les intérêts de long terme des actionnaires minoritaires et assurer un contrôle indépendant des actions de la direction."

La veille, Vivendi avait connu un premier revers en Italie, où l'autorité locale des communications (AGCom) a jugé que le groupe avait un an pour réduire sa participation soit dans Telecom Italia soit dans Mediaset afin de se mettre en conformité avec le droit de la concurrence local.

Vivendi n'était pas joignable dans l'immédiat pour un commentaire.

(Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : Bolloré, Havas, Mediaset SpA, Telecom Italia SpA, Vivendi