Zurich (awp) - ABB souhaite électrifier d'ici 2030 l'ensemble sa flotte de véhicules, s'approvisionner en électricité à 100% renouvelable et se fixer des objectifs d'efficacité énergétique, notamment par l'utilisation de systèmes de gestion de l'énergie, a fait savoir jeudi le groupe zurichois. Les spécialistes environnementaux applaudissent ces mesures, mais soulèvent plusieurs difficultés.

ABB entend profiter de la Journée mondiale de l'environnement, le 5 juin, pour informer qu'il a adhéré à trois initiatives de Climate Group, une organisation internationale à but non lucratif, conformément à son plan d'action et aux domaines identifiés pour contrôler ses propres émissions.

"Ces trois objectifs en particulier ne sont pas irréalistes", estime un expert du domaine de l'énergie interrogé par AWP. Il ne faut toutefois pas confondre mesures spécifiques de réduction d'émissions et neutralité carbone, a ajouté le spécialiste qui a requis l'anonymat.

Il y a en effet plusieurs périmètres d'émissions de l'entreprise à considérer, appelés "scope" 1, 2 et 3. Le scope 1 englobe les émissions directes de l'entreprise, autrement dit la source énergétique à laquelle ABB fait appel, par exemple pour se chauffer.

Le scope 2 implique les émissions directes liées à la fabrication d'un produit, explique l'expert. Quant au scope 3, il concerne les autres émissions indirectes, soit toutes les autres émissions de gaz à effet de serre qui ne sont pas liées directement à la consommation d'énergie de l'entreprise ou à la fabrication du produit, mais à toutes autres activités de l'entreprise: extraction de matière première entrant dans la composition du produit, transport des employés sur le lieu de travail, émissions du produit sur l'ensemble de son cycle de vie, etc. 

Le scope 3 constitue souvent la part la plus élevée d'émissions. Si pour les composants de ses produits neutres en carbone, ABB travaille avec des composants fabriqués avec une énergie fortement carbonée, on peut se demander si l'impact climatique sera réellement significatif. "A ce jour, il n'existe pas à ma connaissance une entreprise étant parvenue à être réellement neutre au niveau du scope 3", constate l'expert.

Problème avec les véhicules de chantier

Le cycle de vie automobile est généralement renouvelé en dix ans. Il en ressort que pour ABB, le renouvellement du parc automobile jusqu'en 2030 n'est pas irréaliste et il pourrait aussi être réalisé pour ses véhicules utilitaires. Par contre, pour les véhicules de chantier, cela pourrait constituer un problème ou pour le moins représenter un véritable challenge, tempère l'expert. 

Pour son alimentation en énergie renouvelable, ABB pourra s'appuyer sur le système de certificats d'émission, appelés garanties d'origine en Suisse et certificats verts dans l'Union européenne. Ceux-ci rendent l'électricité consommée plus cher, car issue d'énergie renouvelable, mais permettent à une entreprise de consommer 100% d'électricité renouvelable.

Pour son efficacité énergétique, ABB devra se conformer en Suisse à la nouvelle loi sur le CO2, si celle-ci est acceptée par le peuple le 13 juin. Celle-ci demande aux entreprises désirant être exemptées de taxe sur le dioxyde de carbone de mettre en place des mesures d'efficience énergétique.

Si le cadre législatif est voté, cela nécessitera pour les sociétés des investissements, observe l'expert. Toutefois, les entreprises seront gagnantes à long terme en mettant en place de telles mesures.

Il faut de plus se demander qui en 2030 vérifiera que les objectifs d'ABB ont été atteints. Les pratiques d'audit environnementaux, par des cabinets spécialisés, deviennent cependant de plus en plus courant, ajoute le spécialiste contacté par AWP.

Mais insiste le même expert, les batteries représentent un gros point d'interrogation, car il coûte cher de recycler des batteries lithium-ion.

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