Londres (awp/afp) - L'autorité britannique de la Concurrence (CMA) a ouvert une enquête sur les pratiques de Google dans la publicité en ligne, s'inquiétant d'un éventuel abus de position dominante qui pourrait nuire à l'accès à l'information pour les Britanniques.

C'est la deuxième enquête ouverte par la CMA sur Google et sa maison mère Alphabet après celle sur un possible accord illicite du géant de l'internet avec Meta, la maison mère de Facebook.

"Google bénéficie déjà de positions fortes à plusieurs niveaux de la technologie publicitaire" numérique "et facture des frais à la fois aux éditeurs et aux annonceurs", explique la CMA dans un communiqué jeudi.

La CMA va notamment évaluer si "les pratiques de Google" dans les technologies de vente d'espaces publicitaires en ligne "déforment la concurrence", par exemple en "limitant l'interopérabilité de ses plateformes d'échange publicitaires ou en liant ces services entre eux, ce qui compliquerait les offres rivales".

Le gendarme de la concurrence britannique s'inquiète aussi que Google puisse avoir "utilisé son serveur de publication de publicités" pour "favoriser ses propres services d'échanges, tout en prenant des mesures pour évincer les services rivaux".

En 2019, les annonceurs britanniques ont dépensé environ 1,8 milliard de livres dans les publicités en ligne, un marché "important" car il permet à des millions de Britanniques d'avoir accès des "sites internet [d'information] qui dépendent de recettes publicitaires pour offrir des contenus de grande qualité gratuits", explique la CMA dans le communiqué.

"Une concurrence affaiblie peut réduire les recettes publicitaires des éditeurs de presse, qui pourraient être forcés de compromettre la qualité de leurs contenus pour réduire leurs coûts ou de les rendre payants", détaille la CMA.

"Cela peut aussi augmenter les coûts pour les annonceurs qui sont ensuite reportés sur les prix des biens et services", ajoute-t-elle.

La Commission européenne et la CMA ont déjà annoncé en mars enquêter sur l'accord conclu en 2018 entre Google et Meta dans la publicité en ligne, soupçonné de leur offrir un monopole illégal.

Cet accord, baptisé "Jedi Blue", est déjà dans le collimateur de la justice américaine depuis 2020.

La CMA "surveille par ailleurs le respect des engagements de Google" concernant la confidentialité des données de ses utilisateurs (politique dite de "Privacy sandbox") à la suite de promesses du géant technologique faites en février.

La CMA craignait que des changements dans la politique de gestion des données sur la navigation de ses utilisateurs, tracées par les cookies, prévus sur le navigateur Chrome du géant technologique américain, ne renforce sa domination dans les publicités en ligne.

Enfin, la CMA rappelle jeudi qu'un projet de loi doit lui donner plus de pouvoirs pour gérer le comportement des géants de la technologie.

afp/rp