DANS LE TRAIN PARIS-LYON-MILAN (awp/afp) - Pour un premier voyage sans encombre face au TGV de la SNCF, la compagnie italienne Trenitalia aligne des prix bas, des fauteuils de cuir et des machines à café de compétition.

Partie à 07H26 de la Gare de Lyon à Paris, la Frecciarossa (flèche rouge) 9281 est arrivée à Lyon à 09H18, avec deux minutes d'avance, avant de poursuivre son chemin jusqu'en Italie.

Pas de drapeaux ni de sirènes syndicales au départ pour protester contre l'arrivée sur les rails français du premier train à grande vitesse en concurrence frontale avec la SNCF. Seul problème, technique: les écrans de la gare ne peuvent pas encore afficher le logo rouge de Trenitalia.

"Le train est plein", se réjouit Roberto Rinaudo, le directeur général de Trenitalia France (ex-Thello). Un effet de curiosité, des prix attractifs et aussi la peur de la grève SNCF - finalement évitée in extremis - ont attiré les clients.

"Les réservations se passent bien, au-delà de nos attentes, sur toutes les classes", dit-il à l'AFP dans le petit salon que les voyageurs affaires peuvent désormais réserver entre Paris, Lyon, Chambéry, Modane, Turin et Milan.

En tête de la rame au nez décoré d'un drapeau européen, la classe "Executive", fierté de Trenitalia, offre dix lourds fauteuils de cuir, larges, inclinables, pivotables... On se croirait à l'avant d'un avion. Et "c'est open bar", dit M. Rinaudo, avec des croissants fourrés aux noisettes au petit-déjeuner, en attendant la joue de boeuf au vin rouge et purée de céleri-rave pour plus tard.

Dans les deux voitures voisines, la classe "Business", équivalent de la première, propose des fauteuils de cuir plus modestes. Une collation est offerte, avec notamment un bon expresso. Italie oblige, la compagne aligne en effet des machines à café de compétition. Y compris au bar, très fréquenté en ce premier matin.

L'ambiance est plus spartiate et plus familiale dans les cinq voitures de la classe standard en ce jour de départ en vacances scolaires, tout juste perturbée par le passage des caméras de journalistes attirées par ce premier voyage. Difficile de faire la différence entre les ambiances "Silenzio", où il est conseillé de chuchoter, et "Allegro".

"Une question de prix"

"On a regardé et on a trouvé une offre qui est plutôt avantageuse. Et on a décidé de prendre le train plutôt que la voiture pour descendre en Italie voir la famille", raconte Elisa Dazzan, une Italienne travaillant à Paris qui descend à Turin avec son mari Andrea et ses deux enfants.

"C'est une question de prix", dit-elle, satisfaite de ses quatre billets allers-retours à 280 euros. "La SNCF était plutôt aux alentours de 900 euros quand j'ai regardé."

Il faut dire que les billets de Trenitalia n'ont été mis en vente que lundi, alors que ceux de la SNCF le sont depuis début octobre.

"Quand j'ai planifié mon voyage, on était en plein contexte de grève", note Sergio Chianca, quadragénaire parisien se rendant à Lyon. La perspective d'une grève à la SNCF "a précipité mon choix, c'est sûr", dit-il. "J'étais curieux de voir à quoi ça ressemblait. Et c'est très sympa", ajoute-t-il alors que le soleil se lève sur les collines enneigées du Morvan.

Lui a payé son billet 45 euros, quand la gamme des prix, très compétitive à l'occasion du lancement de la ligne, commence à 23 euros sur Paris-Lyon. En face, les prix d'appel de la SNCF sont respectivement de 16 euros en Ouigo et 25 euros en TGV Inoui (sans carte de réduction). Et les tarifs augmentent vite quand les trains se remplissent.

Comme Elisa Dazzan, Sergio Chianca se promet de comparer les prix entre les deux compagnies.

Trenitalia propose pour commencer deux allers-retours quotidiens entre Paris, Lyon et Milan et promet trois relations supplémentaires sur Paris-Lyon - la ligne la plus rentable des TGV de la SNCF - au premier semestre 2022. Ses rames sont moins densément occupées avec 462 places contre 556.

Quant au train lui-même, appelé Frecciarossa 1000 par Trenitalia et Zefiro V300 par ses constructeurs Hitachi Rail et Bombardier, il glisse sans problème à la vitesse des TGV français. Il faudra s'habituer au rouge de la concurrence.

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