Toronto (awp/afp) - Le canadien Cogeco a annoncé dimanche soir qu'il refusait définitivement d'être racheté par Altice USA, filiale de l'empire des médias et télécoms du magnat français Patrick Drahi, relevant la bonne santé du groupe.

Peu après l'annonce par Altice USA d'une offre améliorée, la famille Audet, actionnaire de contrôle du groupe de télécommunication, a fait savoir qu'elle rejetait "à l'unanimité cette nouvelle proposition".

"Nous ne sommes pas intéressés par la cession de nos titres", a déclaré Louis Audet, président de Gestion Audem, cité dans un communiqué, précisant qu'il ne s'agissait pas d'une stratégie de négociation mais bel et bien d'un refus "définitif".

Il argue que la famille Audet a permis à l'entreprise de croître et de prospérer.

"Aujourd'hui, Cogeco jouit d'une position unique et enviable en tant que seule entreprise de services à large bande avec une présence significative au Canada et aux Etats-Unis", a-t-il fait valoir.

Il ajoute que "l'évolution des cours des actions et des résultats d'exploitation des sociétés Cogeco surclasse de loin celles de Rogers ou d'Altice".

Ces déclarations interviennent peu après que Altice USA a indiqué avoir mis sur la table 11,1 milliards de dollars canadiens (8,4 milliards de dollars américains) contre 10,3 milliards (7,8 milliards de dollars) proposées initialement début septembre.

Projet enterré définitivement ?

L'entité américaine comptait garder les actifs américains de Cogeco, actuellement réunis sous la marque Atlantic Broadband, le 9e câblo-distributeur aux Etats-Unis.

Mais l'offre prévoyait la revente des actifs canadiens au géant canadien Rogers.

Avec ce nouveau refus de la famille Audet, le projet de rachat devrait être enterré puisque Altice USA avait précisé dimanche dans son propre communiqué que si elle ne parvenait pas à une entente "mutuellement satisfaisante d'ici le 18 novembre 2020, ou, si à tout le moins, elle n'entrevoit pas la possibilité de conclure une transaction, cette offre révisée sera retirée".

Dexter Goei, responsable de Altice USA, avait estimé que l'offre "révisée et bonifiée" était "extrêmement attrayante pour Cogeco" et "récompens(ait) de manière importante tous les actionnaires et pren(ait) en considération les commentaires issus des récentes discussions".

Il avait alors invité le conseil d'administration à agir dans l'intérêt de tous les actionnaires et de toutes les parties prenantes.

Mais il soulignait aussi la nécessité d'obtenir le soutien de Louis Audet, le président exécutif du conseil d'administration de Cogeco et actionnaire de contrôle.

Pour tenter de le convaincre, Altice USA avait proposé 900 millions de dollars canadiens (682 millions de dollars américains) à la famille Audet pour leur participation dans les capitaux propres, contre 800 millions initialement, "ce qui comprenait 100% des actions à droit de vote multiple de CGO et environ 0,9% et 0,3% du total des actions à droit de vote subalterne en circulation de CGO et de CCA, respectivement".

Créé en 1957 par Henri Audet, Cogeco est le deuxième câblo-distributeur en Ontario et au Québec où il fournit des services internet, de vidéo et de téléphonie, et est présent dans 11 Etats de la côte est aux Etats-Unis.

Le groupe possède également une vingtaine de stations de radio au Québec et en Ontario.

L'acquisition d'Atlantic Broadband aurait permis à Altice USA de rajouter plus de 1,1 million de particuliers et entreprises supplémentaires à son portefeuille de clients.

Elle correspond à la stratégie que s'est fixée Altice USA, à savoir s'étendre en rachetant, quand l'opportunité se présente, des entreprises à un prix permettant de créer de la valeur.

Dans le secteur du câble, Altice USA a déjà acquis sur le marché américain Cequel Corporation (Suddenlink) en 2015, Cablevision Systems Corporation (Optimum) en 2016 et Service Electric Cable TV of New Jersey en juillet dernier.

Pour Rogers, cette transaction lui aurait permis d'acquérir une entreprise dont les activités sont concentrées au Québec, où elle est moins présente.

"Rogers a librement choisi d'accumuler des actions dans les sociétés, en toute connaissance de cause", a indiqué M. Audet dans son communiqué.

"La famille Audet regrette que la décision d'allocation du capital de Rogers cause une telle angoisse à la famille et au conseil d'administration de Rogers", a-t-il également réagi.

afp/al