PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse mardi et Wall Street évoluait également dans le rouge à mi-séance, l'envolée du prix du gaz naturel et des indicateurs économiques mitigés ayant ravivé les craintes sur l'inflation et la perspective d'une récession imminente.

À Paris, le CAC 40 a perdu 2,68% à 5.794,96 points. Le Footsie britannique a reflué de 2,95% et le Dax allemand de 2,91%.

L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 2,76%, le FTSEurofirst 300 2,14% et le Stoxx 600 2,14%.

Les places boursières en Europe, qui avaient ouvert en hausse à la faveur d'un rebond de l'activité des services en Chine et d'un réchauffement des relations entre Washington et Pékin, laissant augurer une levée des surtaxes douanières sur certains produits chinois, ont été rattrapées en clôture par les tensions sur l'énergie.

Une partie des salariés du secteur norvégien du pétrole et du gaz se sont mis en grève mardi, un mouvement qui risque de faire chuter les exportations gazières du pays de près de 60% dans les prochains jours et d'exacerber la hausse des prix. Sur les marchés, le prix du gaz livrable à 24 heures a bondi de plus de 17% mardi.

Aux inquiétudes sur le gaz se sont ajoutés des indicateurs économiques en Europe jugés décevants: la croissance dans le secteur privé de la zone euro a de nouveau ralenti en juin avec un indice d'activité PMI composite en baisse à 52,0, au plus bas depuis 16 mois, montrent les résultats définitifs de l'enquête de S&P Global qui suggèrent que la région pourrait entrer en récession ce trimestre.

En Grande-Bretagne, la croissance des entreprises s'est avérée un peu plus forte que prévu en juin, mais la flambée des prix a affecté les nouvelles commandes, tandis que la Banque d'Angleterre (BoE) a estimé que les perspectives économiques mondiales s'étaient dégradées depuis le début de l'année.

VALEURS EN EUROPE

Sur le Stoxx 600 paneuropéen, le compartiment de l'énergie (-6,38%) a essuyé sa plus forte baisse en une séance depuis juin 2020. Ce secteur et celui des ressources de base (-5,28%) ont souffert des craintes d'une dégradation de la conjoncture qui pourrait peser sur la demande à moyen terme.

Le compartiment défensif de l'immobilier (+0,7%) a en revanche résisté à la tendance baissière.

Dans l'actualité des entreprises, Rémy Cointreau a bondi de 4,61%, soutenu par la recommandation de Jefferies à "acheter", l'intermédiaire estimant que le groupe de vins et spiritueux est bien positionné face aux pressions inflationnistes.

Côté baisse, le groupe français de musique en ligne Deezer a chuté de 29,41% pour sa première séance de cotation après son rachat par le véhicule d'investissement I2PO, les analystes soulignant la redoutable concurrence des géants comme Amazon Prime ou Apple Music dans le secteur.

Ailleurs en Europe, la compagnie aérienne en difficulté SAS a plongé de 10,21% après avoir engagé une procédure de sauvegarde aux Etats-Unis pour tenter d'accélérer sa restructuration, tandis qu'Uniper, premier acheteur de gaz en Allemagne, a reculé de 9,45%, le quotidien économique Handelsblatt évoquant une possible nationalisation partielle du groupe.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 1,89%, le Standard & Poor's 500 de 1,63% et le Nasdaq de 0,55% à la veille de la publication du compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine.

La banque centrale américaine, qui a relevé depuis le début de l'année ses taux d'intérêt de 150 points de base au total, doit procéder à une nouvelle hausse du coût du crédit de 75 points ce mois-ci, selon le baromètre FedWatch, ce qui pourrait provoquer un coup d'arrêt de l'économie et affecter la demande dans les matières premières.

Exxon Mobil et Chevron cèdent respectivement 4,46% et 4,50% avec le repli de 5,4% du compartiment de l'énergie, tandis que dans les métaux, le cuivre se traite à un creux de 17 mois à 7.888 dollars la tonne. L'aluminium, le zinc et le nickel perdent de 1% à 3%.

Tesla fléchit de 1,91% après une baisse de 17,9% de ses livraisons de véhicules au deuxième trimestre liée aux restrictions sanitaires en Chine.

CHANGES

Aux changes, l'euro, tombé à son plus bas niveau depuis près de 20 ans, se négocie à 1,0252 dollar, la nouvelle envolée des prix du gaz naturel en Europe attisant les craintes d'une récession.

Le dollar, protégé par son statut d'actif refuge, affiche une hausse de 1,49% par rapport à un panier de devises de référence.

Le dollar australien cède 1,35% après l'annonce sans surprise du relèvement de 50 points de base du taux directeur de la banque centrale du pays.

TAUX

Les rendements obligataires en Europe ont fini en baisse après la publication des indices PMI qui pointent vers une récession: celui du Bund allemand à dix ans a cédé près de 16 points à 1,184% et son équivalent français de même échéance a abandonné plus de 13 points à 1,797%.

Aux Etats-Unis, la portion deux ans-dix ans de la courbe des rendements s'est brièvement inversée, signe que les marchés anticipent à la fois une nette remontée des taux directeurs et une augmentation du risque de récession à moyen terme. A la clôture des Bourses en Europe, le taux des Treasuries à dix ans reculait de 10,9 points de base à 2,7945% et celui à deux ans de 6,1 points à 2,7858%.

PÉTROLE

Les cours pétroliers sont fortement affectés par les craintes d'une dégradation des perspectives économiques, qui prennent le pas sur les perturbations de la production en Norvège.

Le Brent perd 9,58% à 102,63 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 8,53% à 99,18 dollars le baril.

(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Jean-Stéphane Brosse)

par Claude Chendjou