Washington (awp/afp) - Le dernier mois de 2022 a été, pour l'emploi aux Etats-Unis, au diapason de cette année. Il est demeuré obstinément solide, malgré le ralentissement économique volontairement provoqué par la banque centrale américaine, la Fed, en vue de faire ralentir la forte inflation.

Le taux de chômage a même reculé en décembre, retombant à 3,5%, un plus bas en plus de 50 ans, et son niveau de février 2020, juste avant la pandémie, qu'il avait déjà retrouvé à plusieurs reprises cette année, a annoncé vendredi le département du Travail.

Il était en novembre de 3,6%, selon des données révisées en baisse et également publiées vendredi, et les analystes le voyaient rester stable. Le président américain Joe Biden a vu dans ces chiffres "une excellente nouvelle pour notre économie et une nouvelle preuve que (son) programme économique fonctionne", au moment où l'opposition républicaine s'enfonce, elle, dans le chaos en ne parvenant pas à élire le nouveau président de la Chambre des représentants.

"En décembre, le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau des 50 dernières années" et est "proche de son niveau le plus bas pour les Afro-américains et les Hispaniques, et (celui) des personnes handicapées n'a jamais été aussi bas dans l'histoire de notre pays", a salué le démocrate dans un communiqué.

"Marché du travail toujours sain"

Les entreprises et administrations du pays ont créé 223'000 emplois le mois dernier, moins que les 256'000 de novembre - révisé en baisse -, mais bien mieux que les 210'000 qui étaient attendus. "Des créations d'emplois notables ont eu lieu dans les loisirs et l'hôtellerie, les services de santé, la construction, et les services sociaux", a précisé le département du Travail dans son communiqué.

"Le rapport sur l'emploi de décembre a brossé le tableau d'un marché du travail toujours sain avec un certain assouplissement des pressions salariales", a commenté Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics. En effet, la croissance du salaire horaire moyen a été la plus faible depuis août 2021: +4,6% par rapport à décembre 2021, contre +4,8% en novembre, après un pic à 5,6% en mars. Et la hausse par rapport au mois précédent est de 0,3%, contre 0,4% en novembre.

Ce ralentissement de la hausse des salaires, qui ont flambé depuis deux ans en raison d'une pénurie de main d'oeuvre dans le pays, est une condition sine qua non pour voir l'inflation rentrer durablement dans les clous. La banque centrale américaine (Fed), au premier plan de la lutte contre l'inflation, observe attentivement la situation de l'emploi, pour évaluer la santé de l'économie du pays.

Or, depuis deux ans, il n'y a pas assez de travailleurs aux Etats-Unis. La Fed relève ses taux d'intérêt directeurs depuis le mois de mars, pour accroître le coût du crédit pour les ménages et entreprises, afin de faire ralentir la consommation, et, in fine, desserrer la pression sur les prix. Au risque de peser fort sur l'emploi.

Difficultés dans la tech

Mais jusqu'à présent, le marché du travail s'est montré très résistant. Certains secteurs, cependant, montrent des difficultés. Notamment la tech, qui, portée par l'enthousiasme pour les activités en ligne pendant la pandémie, avait recruté à tour de bras, et voit désormais le vent tourner.

Dernier en date, le géant du commerce en ligne Amazon, a annoncé mercredi qu'il allait supprimer "un peu plus de 18'000" emplois, y compris en Europe. Le groupe informatique américain Salesforce, spécialisé dans les solutions de gestion et dans le cloud (informatique à distance), annonçait le même jour se séparer d'environ 10% de ses salariés, soit près de 8.000 postes.

Meta, la maison mère de Facebook, va supprimer 11'000 emplois, et Snapchat a licencié plus de 1.200 employés. Et Twitter, racheté en octobre par Elon Musk, a congédié environ la moitié de ses 7'500 salariés. "Le secteur de la technologie représente une très petite partie de l'ensemble du marché du travail, moins de 10%", avait cependant nuancé jeudi lors d'une conférence téléphonique Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP, entreprise qui publie une enquête mensuelle sur les créations d'emplois privés.

"Il reste à voir si le ralentissement de l'embauche dans la technologie affecte ou non le marché du travail dans son ensemble. Mais pour le moment, c'est une si petite proportion que cela ne montre pas grand-chose", avait-elle indiqué.

afp/vj