par Richard Cowan et David Morgan

WASHINGTON, 27 octobre (Reuters) - Des sénateurs démocrates ont proposé mercredi la mise en place d'un impôt sur la fortune aux Etats-Unis afin de contribuer à financer les vastes mesures sociales et de lutte contre le changement climatique voulues par le président américain Joe Biden.

Le projet, annoncé par le président de la commission sénatoriale des Finances, Ron Wyden, viserait quelques 700 milliardaires qui devraient verser annuellement un impôt sur la base des plus-values latentes de leurs portefeuilles boursiers et d'autres actifs, notamment immobiliers.

Il s'inscrit dans une stratégie d'imposition à deux volets, dont l'un concerne les entreprises avec un projet, dévoilé mardi, d'un taux plancher de taxation de 15% pour les sociétés américaines les plus rentables.

Ces propositions sont émises sur fond de divergences au sein du camp démocrate de Joe Biden à propos des deux plans d'investissements voulus par le locataire de la Maison blanche pour rénover les infrastructures du pays, accroître les dépenses sociales et lutter contre le changement climatique - pour une enveloppe globale d'environ 3.000 milliards de dollars.

Les "progressistes" du Parti démocrate refusent de soutenir le plan pour les infrastructures de 1.000 milliards de dollars, adopté par le Sénat, tant qu'ils n'auront pas la garantie qu'un plan d'investissement plus large, consacré aux dépenses sociales et au climat, sera validé.

Ron Wyden et d'autres élus démocrates, dont la sénatrice Elizabeth Warren, qui fut candidate à l'investiture du parti pour l'élection présidentielle de 2020, estiment que le projet d'impôt sur la fortune permettra de lutter contre l'évasion fiscale des grandes entreprises et grandes fortunes, et que des centaines de milliards de dollars pourraient être générés.

La Maison blanche soutient le projet de seuil d'imposition minimal des grandes entreprises, en parallèle à l'accord en ce sens conclu cette année par 136 pays pour taxer au minimum à 15% les multinationales qui versent peu d'impôts en exploitant les divergences internationales en la matière.

Plusieurs grandes entreprises américaines seraient concernées par un tel impôt, comme Apple, Amazon , JPMorgan Chase et Johnson & Johnson.

Le projet d'ISF pourrait se heurter à l'opposition de démocrates de la Chambre des représentants favorables à une hausse du taux d'imposition des entreprises et des plus riches.

Il s'agissait de l'idée initiale de Joe Biden mais la sénatrice Kyrsten Sinema a indiqué ne pas vouloir soutenir cette approche, jetant une ombre sur le projet alors que les démocrates ont besoin des voix de tous leurs sénateurs pour faire adopter des textes à la chambre haute, où les républicains disposent d'un nombre identique de sièges.

Certains hommes d'affaires, comme le patron de Tesla , Elon Musk, ont exprimé leur colère à l'égard du projet de taxation des grandes fortunes. D'autres milliardaires n'y sont pas opposés; l'investisseur George Soros y est "favorable", a dit lundi à Reuters un porte-parole. (Reportage Richard Cowan et David Morgan, avec David Lawder; version française Jean Terzian)