Ferrari présente le paradoxe de tourner à plein régime alors que le secteur de l'automobile comme celui du luxe subissent de plein fouet les effets de la crise du coronavirus, dit-on chez Amplegest.

L'action de la marque au cheval cabré a en effet pris plus de 10% depuis le début de l'année alors que l'indice FTSE MIB de la Bourse de Milan et l'indice Stoxx de l'automobile accusent respectivement des replis d'environ 15% et plus de 11%, souligne la société de gestion.

Emblème du "pricing power", autrement dit des entreprises capables d'imposer leurs prix à leurs clients, Ferrari ne fait plus partie du secteur de l'automobile mais bien de celui du luxe, a expliqué mardi à des investisseurs Gérard Moulin, gérant actions du fonds Amplegest Pricing Power, lors d'une conférence à Paris.

Or ce secteur du luxe souffre, 40% du chiffre d'affaires des groupes qui le composent dépendant du tourisme, dont les flux se sont taris du fait de la crise sanitaire.

Mais si Kering et Moncler figurent parmi les pires contributeurs du fonds Amplegest Pricing Power cette année, Ferrari en occupe la première ligne avec une pondération de 5,5%.

"Ferrari n'est pas tributaire du tourisme", a dit Gérard Moulin. "Il faut attendre au moins 12 mois pour avoir son modèle et les clients ne sont pas sortis de la file d'attente."

La firme de Maranello, qui brille sur les circuits et devant les palaces depuis des décennies, est en outre un symbole universel, à la différence par exemple d'Aston Martin.

"PAS PLUS POLLUANTE QU'UNE TWINGO"

A titre de comparaison, l'action Aston Martin, marque très britannique dont l'image vieillotte est étroitement associée au plus illustre de ses conducteurs, James Bond, a chuté de plus de 60% depuis le début de l'année.

Ferrari a bien subi l'arrêt de la production de certains de ses fournisseurs, notamment le fabricant de freins Brembo, et n'a pas pu sortir tous ses modèles cette année.

"Mais si vous allez à Maranello, vous serez surpris par la jeunesse, la compétence et la motivation des employés et vous comprendrez que le potentiel de rattrapage est important", a dit Gérard Moulin. "S'il faut faire des journées doubles, ils les feront."

Bruyantes, clinquantes, thermiques et polluantes, les Ferrari ne sont pas dans l'air du temps et leur place est dans un musée, penseront certains.

Leur potentiel de séduction auprès d'une clientèle cosmopolite et fortunée reste cependant intact et si Ferrari ne souhaite pas aller vers le 100% électrique, le constructeur est bien engagé dans l'hybridation, a expliqué Gérard Moulin.

"Et sur l'année, une Ferrari n'est pas plus polluante qu'une Twingo", a-t-il dit.

Les propriétaires des prestigieux bolides ne roulent en effet pas plus de 3.000 kilomètres par an et revendent leur monstre au bout de trois ans en moyenne, avec moins de 10.000 kilomètres au compteur, a argumenté le gérant d'Amplegest.

(Patrick Vignal, édité par Bertrand Boucey)