Bruxelles (awp/afp) - L'Agence européenne des médicaments (EMA), qui se prononcera cette semaine sur le vaccin anti-Covid d'AstraZeneca, examinera "la totalité des données" sur son efficacité et n'exclut pas un feu vert limité à une ou plusieurs classes d'âge, a indiqué mardi sa directrice exécutive.

L'avis du gendarme européen du médicament sur un troisième vaccin, celui du laboratoire suédo-britannique AstraZeneca, est attendu vendredi, ouvrant la voie à l'adoption par la Commission européenne de son autorisation de mise sur le marché dans l'UE.

AstraZeneca a défendu lundi soir l'efficacité de son vaccin pour les personnes âgées de plus de 65 ans, démentant les affirmations de deux médias allemands selon lesquels Berlin remettait en cause la performance du produit pour cette classe d'âge. Le gouvernement allemand a lui aussi opposé un ferme démenti.

"Dans les études qui ont été menées, dans ce qui a été publié jusqu'à présent, n'était inclus qu'un tout petit nombre de personnes âgées", a expliqué Emer Cooke, directrice exécutive de l'EMA, auditionnée mardi par le Parlement européen.

"Mais notre comité scientifique examinera la totalité des données, regardant ce qu'elles signifient en termes des populations étudiées et ce qui peut être raisonnablement attendu dans les populations non encore été étudiées. C'est un processus normal", a-t-elle souligné.

La décision de l'EMA sera en fonction des données: "il est possible de donner une autorisation qui se concentrerait sur une classe d'âge particulière, comme il est possible d'ouvrir à une échelle d'âge plus large", a observé Mme Cooke.

"Mais je ne vais pas préjuger d'une décision. Le débat scientifique se poursuit", a-t-elle insisté, rappelant l'importance "d'être très transparent sur les données examinées".

Le déploiement du vaccin AstraZeneca/Oxford est attendu avec impatience par les Etats européens: il présente l'avantage d'être moins cher à produire que ses rivaux, tout étant plus facile à stocker et transporter.

Emer Cooke a par ailleurs confirmé aux eurodéputés que les "indications initiales" d'études menées in vitro montraient l'efficacité des deux vaccins déjà approuvés dans l'UE, ceux de Moderna et de Pfizer-BioNTech, contre "au moins" le variant britannique du coronavirus.

"Je pense que c'est plus compliqué pour le variant sud-africain, et nous avons besoin de travaux supplémentaires pour déterminer l'efficacité de ces vaccins", a-t-elle en revanche prévenu.

L'américain Moderna avait fait état lundi d'une réduction de l'efficacité de son vaccin dans la protection contre le variant sud-africain, le poussant à lancer, "par précaution", des essais visant à tester une dose additionnelle développée spécifiquement.

En revanche, impossible de se prononcer pour l'heure sur la capacité des vaccins déployés à empêcher la transmission du virus: "les études cliniques n'étaient pas conçues" pour analyser cet aspect "mais c'est quelque chose que nous demandons aux entreprises d'examiner", a indiqué Mme Cooke.

En quête de données cliniques plus vastes, l'EMA a par ailleurs demandé aux autorités israéliennes de lui "fournir les données qu'elles avaient sur le déploiement des vaccins dans leur pays": mais "nous ne les avons pas encore reçues", a regretté la patronne de l'agence européenne.

L'objectif serait de bénéficier d'un retour d'expérience particulièrement exhaustif: Israël a déjà couvert un quart de sa population, après avoir obtenu un stock important du vaccin Pfizer en échange notamment du partage rapide de données sur les effets de cette immunisation sur sa population.

afp/rp