NEW DELHI (awp/afp) - L'Inde entame samedi l'une des plus gigantesques campagnes de vaccination contre le coronavirus au monde, dans l'espoir de mettre fin à une épidémie qui a causé la mort de 150.000 personnes dans le pays et torpillé son économie.

L'AFP propose un tour d'horizon de cette entreprise superlative en chiffres:

300 millions d'individus

Au cours de la première phase de campagne, l'Inde compte vacciner environ un quart de sa population, soit 300 millions de personnes d'ici juillet. Il s'agit notamment des personnels de santé, des individus de plus de 50 ans et des personnes à risques.

Au premier jour de la campagne, environ 300.000 personnes seront vaccinées dans les 3.000 centres du pays.

Environ 150.000 personnes dans 700 districts ont été formées pour administrer les vaccins et tenir des registres. Le gouvernement a prévu de gérer l'ensemble du processus avec sa propre application numérique, CoWIN, qui associera chaque dose de vaccin à son bénéficiaire.

45.000 réfrigérateurs (et un vélo)

L'Inde dispose de quatre "méga-dépôts" pour réceptionner les vaccins et les transporter vers les centres de distribution des différents Etats dans des véhicules à température contrôlée à moins de 8°C.

Le respect de la chaîne du froid doit être garanti par la mobilisation de 29.000 points de stockage à température contrôlée, près de 300 chambres froides dont 70 chambres de congélation, 45.000 réfrigérateurs, 41.000 congélateurs et 300 réfrigérateurs à énergie solaire.

Lors d'un récent exercice test dans la région rurale de l'Etat de l'Uttar Pradesh - où les températures estivales dépassent les 40 C° - un employé du secteur de la santé a été surpris à charrier des boîtes de vaccin factice... à bicyclette.

3 secondes

La surveillance en temps réel de la chaîne d'approvisionnement des précieux vaccins est impérieuse et leurs convoyages sont placés sous haute protection policière et technologique à travers tout le pays.

Afin de combler toute faille éventuelle du système, des caméras de surveillance ont été placées dans les entrepôts dont l'accès n'est autorisé qu'après une fouille minutieuse et une authentification d'identité garantie par les empreintes digitales.

Les autorités, qui ne veulent rien laisser au hasard, ont installé des salles de contrôle dans chaque district afin d'assurer la surveillance et le suivi 24h/24 et 7j/7 de la manière dont les vaccins sont acheminés, stockés et administrés.

Des enregistreurs de données automatisés surveilleront la température des entrepôts et transmettront des messages toutes les trois secondes à une unité centrale, selon Times of India.

"Les mesures de sécurité sont essentielles non seulement pour traiter les questions de logistique et de sûreté, mais aussi pour que la population soit assurée que la chaîne d'approvisionnement est intacte, ininterrompue et sûre jusqu'au point de livraison", explique Preeti Kumar, médecin et experte en politiques de santé publique.

200 roupies la dose

L'Inde a commandé un premier lot de 11 millions de doses de Covishield, une version du vaccin d'AstraZeneca fabriquée par le Serum Institute of India, au prix de 200 roupies (2,74 dollars) par unité, ainsi que 5,5 millions de doses de Covaxin à 206 roupies l'unité.

Covaxin, développé par Bharat Biotech et le Conseil indien de la recherche médicale, a obtenu une "approbation d'urgence" début janvier, en même temps que Covishield. Mais l'approbation de Covaxin a été accordée avant même la conclusion de ses essais de phase 3, ce qui inquiète le milieu médical.

Serum Institute of India prévoit de vendre en direct à des particuliers et à des entreprises indiennes pour 1.000 roupies (14 dollars) l'unité, ce qui fait craindre que les nantis bénéficient d'un passe-droit.

69% pas pressés

Selon une récente enquête menée auprès de 18.000 personnes, 69% d'entre elles disaient ne pas être pressées de se faire vacciner. Scepticisme et méfiance du public sont notamment alimentés par la désinformation en ligne.

Et un vol brésilien

D'autres pays en développement misent sur l'Inde pour accéder aux vaccins. Le Brésil pourrait envoyer un avion en Inde ce week-end dans l'espoir de collecter deux millions de doses auprès de Serum Institute of India.

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