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PARIS (awp/afp) - Délais d'information et d'organisation, approvisionnement restreint: la vaccination en entreprise contre le Covid-19 a démarré au ralenti cette semaine, selon des acteurs des services de santé au travail contactés par l'AFP.

Elle a commencé officiellement jeudi sur la base du volontariat pour les salariés âgés de 50 à 64 ans atteints de comorbidités (maladies cardiovasculaires, diabète, obésité, cancers...), qui se voient administrer le vaccin AstraZeneca.

Les médecins du travail, prévenus le 16 février du protocole à suivre, doivent informer tous les salariés dont ils s'occupent, sans cibler les personnes concernées, y compris ceux placés en activité partielle ou en télétravail, et recueillir le consentement préalable des personnes qui souhaitent se faire vacciner. La vaccination est soumise au secret médical et à la confidentialité vis-à-vis de l'employeur.

"300 médecins du travail autonomes (internes à l'entreprise) ou des services de santé au travail inter-entreprises (les plus nombreux) sur un peu plus de 4.000 au total en France ont demandé à vacciner la semaine prochaine et réservé les vaccins auprès des pharmacies d'officine, contre une centaine cette semaine", a précisé vendredi à l'AFP le secrétariat d'Etat chargé de la santé au travail.

Le secrétaire d'Etat, Laurent Pietraszewski, s'est rendu jeudi au centre médical de la publicité et de la communication (CMPC) à Paris dont la directrice, Christine Joly, annonce qu'elle "n'aura (ses) prochaines doses qu'à partir du 8 mars".

C'est "la phase de mise en place du dispositif. Les médecins doivent informer, organiser les rendez-vous et effectuer leur commande auprès des pharmacies, ils ne disposent des doses que la semaine suivante", relativise le secrétariat d'Etat, qui se défend de tout "problème d'approvisionnement dans le cadre du protocole", tout en concédant "rester dans un contexte général de nombre de doses disponibles limité".

Un à trois flacons maximum

Plusieurs médecins de services de santé au travail ont néanmoins indiqué à l'AFP qu'ils devaient retarder la vaccination faute d'avoir pu s'approvisionner en vaccins.

"Nous devions vacciner nos premiers patients mardi 2 mars, c'est reporté au 9 mars. Nous avons pris contact avec de nombreuses pharmacies, mais aucune n'a pu nous garantir les doses de vaccin pour lundi prochain", explique Denys Brunel, président du SEST (Service aux entreprises pour la santé au travail) à Issy-les-Moulineaux.

Le Dr Vinh Ngo, directeur général du centre de médecine du travail CIAMT (centre inter-entreprises et artisanal de santé au travail), déplore "un gros problème de logistique entre le médecin volontaire, le pharmacien qui fait sa demande, et les doses disponibles". Selon lui, "certaines pharmacies arrivent à se procurer des doses, d'autres non, c'est une nébuleuse".

De toute façon, "on ne peut pas aller plus vite que les demandes des salariés. C'est toute une organisation à mettre en place, avec un médecin, une infirmière, une zone de repos, une jauge à ne pas dépasser", tempère Mme Joly.

Pénurie oblige, quelle que soit la demande, le médecin du travail ne peut pas commander de doses en fonction de ses besoins réels. Le protocole de l'inspection médicale du travail, consulté par l'AFP, a prévu d'attribuer un seul flacon, comprenant dix doses, lors de la première livraison (semaine du 22 février), et 2 ou 3 flacons maximum pour la deuxième (semaine du 1er mars).

"Je vais devoir gérer la pénurie et décider en fonction du nombre de volontaires, inconnu à ce stade, et de la situation de chacun. Priorité sera donnée à ceux qui ne peuvent pas télétravailler", explique à l'AFP une médecin du travail d'un grand groupe de presse, qui estime à "une centaine" sur 1.500 salariés au total, les candidats potentiels.

Outre l'organisation des rendez-vous et les démarches administratives, "la difficulté c'est surtout la protection de l'anonymat lors de l'organisation de la vaccination afin que les salariés ne se croisent pas", explique la même source.

Des tensions étaient apparues entre l'UE et le géant pharmaceutique AstraZeneca après une controverse sur les livraisons du vaccin à l'UE au premier semestre. Il a reconnu cette semaine de nouvelles difficultés de production en Europe et indiqué qu'il devrait avoir recours à des sites étrangers pour tenir ses promesses de livraison au deuxième semestre.

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