Milan (awp/afp) - Le groupe autoroutier et aéroportuaire italien Atlantia, contrôlé par la famille Benetton, a annoncé jeudi avoir essuyé une perte de 67 millions d'euros au premier trimestre sous l'effet des restrictions à la mobilité imposées en raison de la pandémie de coronavirus.

Sur la même période de 2020, dans les premières semaines de l'épidémie, Atlantia avait accusé une perte de 10 millions d'euros.

Le chiffre d'affaires sur la période janvier-mars a simultanément reculé de 8,7%, à 2,2 milliards d'euros, plombé notamment par la baisse des revenus des péages autoroutiers (-3%, à 1,7 milliard) et des taxes aériennes (divisées par quatre, à 32 millions).

Les opérateurs aériens du groupe ont vu le trafic s'effondrer de 81,3% sur un an, tandis que les opérateurs autoroutiers ont subi une moindre baisse de 6,7%. S'agissant de ce dernier segment, les reculs les plus marqués ont été enregistrés par les opérateurs européens, la tendance ayant été plus modérée au Chili, au Brésil et au Mexique, en raison de décalage dans le temps des mesures de confinement prises par les gouvernements pour tenter d'endiguer l'épidémie de coronavirus.

Atlantia reste très prudent dans ses prévisions, du fait des "incertitudes (...) pesant sur les effets de la prolongation de la pandémie de Covid-19 et de son impact sur les restrictions de mouvement et sur les économies des pays dans lesquels le groupe est présent".

Toutefois, sur la base des données de trafic début mai et en tablant sur un allègement progressif des mesures de restriction ainsi que sur les campagnes vaccinales, Atlantia dit s'attendre à une "amélioration de ses performances opérationnelles en 2021 par rapport à 2020".

Trop tôt cependant pour revenir aux niveaux d'avant la pandémie en 2019: le groupe escompte un chiffre d'affaires de 9,4 milliards d'euros sur l'année (contre 11,6 en 2019).

Atlantia, qui emploie plus de 30.000 personnes dans 24 pays, gère cinq aéroports (dont Aéroports de la Côte d'Azur, ACA) et 56 concessions autoroutières dans une dizaine de pays.

Le groupe est dans la tourmente depuis l'effondrement du pont de Gênes en août 2018, qui a fait 43 morts et qui était géré par sa filiale Aspi (Autostrade per l'Italia), dont il détient 88%.

Le conseil d'administration d'Atlantia a annoncé fin avril qu'il allait soumettre le 31 mai à ses actionnaires l'offre présentée par un consortium emmené par la Caisse des dépôts italienne (Cdp) pour le rachat de sa part dans Autostrade.

L'offre de la Cdp valorise Autostrade à environ 9,3 milliards d'euros.

Le parquet italien a rendu public en avril des conclusions accablantes pour le concessionnaire du pont de Gênes.

Les contrôles visuels sur les structures étaient "effectués systématiquement depuis le bas du pont, à l'aide de jumelles ou de longues-vues", relève par exemple le ministère public.

Le directeur général d'Atlantia à l'époque, Giovanni Castellucci, fait partie des 69 personnes morales et physiques poursuivies.

afp/rp