PARIS, 20 octobre (Reuters) - Atos a annoncé mercredi la démission de son directeur général, Elie Girard, qui sera remplacé par Rodolphe Belmer, actuellement à la tête de l'opérateur de satellites Eutelsat.

Rodolphe Belmer, ancien directeur général de Canal+, prendra ses fonctions au plus tard le 20 janvier 2022, a précisé le spécialiste de la transformation numérique.

"Face aux défis d'Atos, le choix s'est porté sur Rodolphe Belmer pour son sens stratégique et parce qu'il a démontré dans ses précédentes fonctions son efficacité managériale et opérationnelle, ainsi que sa capacité à diriger avec succès des transformations complexes", a déclaré dans un communiqué le président du conseil d'administration, Bertrand Meunier.

Il a également remercié "chaleureusement Elie Girard pour le travail de profonde transformation qu'il a engagé au cours des deux années passées et sa gestion du groupe et de ses salariés durant la crise du COVID".

À partir du 25 octobre, deux cadres du groupe, Pierre Barnabé et Adrian Gregory, assureront l'interim.

Dans un entretien au Figaro à paraître jeudi, Bertrand Meunir déclare que "le conseil d'administration a décidé d'engager rapidement le recentrage du groupe sur le 'cloud', la cybersécurité et la décarbonation de l'économie (...) Rodolphe Belmer devra accélérer cette mutation".

Les spéculations sur l'avenir d'Elie Girard, qui avait succédé à l'actuel commissaire européen à l'Industrie Thierry Breton en tant que directeur général d'Atos en 2019, se sont multipliées ces derniers mois après une série de revers qui ont fait chuter l'action de plus de 40% depuis le début d'année, entraînant la sortie du titre du CAC 40 le mois dernier.

La dégringolade d'Atos s'explique en grande partie par l'avertissement sur ses résultats 2021 publié en juillet dernier, du fait des effets de la pandémie sur ses activités historiques, et par la découverte de "faiblesses de contrôle interne" dans deux de ses filiales aux Etats-Unis.

Aucune "anomalie matérielle" n'a finalement été établie mais plusieurs analystes ont souligné la perte de confiance des investisseurs dans la gestion et la stratégie d'Elie Girard.

Certains d'entre eux avaient déjà été échaudés par la tentative ratée de rachat de DXC Technology dans le cadre d'une transaction qui valorisait le concurrent américain à plus de 10 milliards de dollars.

Face à ses difficultés qui ont fait fondre sa capitalisation, Atos aurait suscité l'intérêt de fonds d'investissement et de sociétés françaises en vue de son rachat d'après des informations de presse.

A l'issue d'une revue stratégique, le groupe avait annoncé rechercher des partenaires pour des activités représentant un périmètre total d'environ 20% de son chiffre d'affaires pour accélérer un recentrage sur le numérique et l'informatique dématérialisée notamment.

Au titre du troisième trimestre, Atos a fait état mercredi d'un chiffre d'affaires à 2,67 milliards d'euros, un chiffre stable à taux de change constant mais en baisse de 2,3% en données organiques.

Le groupe a confirmé ses objectifs pour l'ensemble de l'année après les avoir revus en baisse le 12 juillet face à l'accélération du déclin des activités d'infrastructures classiques. (Reportage Laetitia Volga, avec la contribution de Mathieu Rosemain, édité par Jean-Michel Bélot et Jean Terzian)