Paris (awp/afp) - Confronté à des difficultés financières et chahuté en Bourse, le géant informatique français Atos a annoncé jeudi une simplification de sa gouvernance dans l'espoir "d'accélérer son retour à la croissance".

"Je suis convaincu qu'Atos a en main tous les atouts pour redresser son activité", a déclaré le directeur général, Rodolphe Belmer, dans un communiqué publié en soirée.

Le géant informatique français avait annoncé la veille avoir enregistré plus de deux milliards d'euros de dépréciations pour son exercice 2021, dernier épisode d'un affaissement du groupe, dont le titre a perdu plus de 50% de sa valeur en un an.

Jeudi, Atos a clôturé en forte baisse de 4,50% à 32,03 euros à la Bourse de Paris, le CAC 40 perdant quant à lui 0,41%.

La semaine dernière, l'action Atos avait enregistré des mouvements drastiques : elle s'était envolée de plus de 8%, dépassant les 35 euros, après des rumeurs de marché faisant état d'un projet de rachat de ses activités de cybersécurité par Thales.

Mais la rumeur avait dégonflé le lendemain après des déclarations des deux parties.

Lors d'une conférence avec des analystes jeudi, M. Belmer a répété que "la division Big Data et cybersécurité (BDS) n'était tout simplement pas à vendre".

La gouvernance simplifiée d'Atos "s'organise autour de trois lignes de métier et de quatre régions", a précisé l'entreprise dans son communiqué jeudi.

Ces trois lignes de métier sont Tech Foundations (activités "nécessitant beaucoup d'investissements matériels et d'immobilisation d'actifs"), Digital et Big Data & Sécurité (BDS, cybersécurité).

Les quatre régions sont Europe du Nord/APAC (Asie-Pacifique), Europe centrale, Europe du sud et Amériques.

Le tout est piloté par un "centre d'excellence commerciale", à la tête duquel se trouve le Directeur commercial du groupe, fonction nouvellement créée.

"Faiblesse structurelle"

"Le secteur des services numériques continue de présenter de nombreuses opportunités de développement", a espéré Atos.

Mercredi, le groupe avait indiqué que le recentrage de ses activités notamment vers le cloud (informatique dématérialisée) l'avait conduit à une dépréciation de "goodwill" (écart entre la valeur comptable des acquisitions et le prix réellement payé par le groupe, NDLR) d'un montant de 1,9 milliard d'euros en 2021.

Cette annonce "souligne la faiblesse du groupe, avec un virage pris beaucoup trop tardivement vers le cloud et les activités à forte croissance", a expliqué à l'AFP Daniel Larrouturou, gérant actions chez Dôm Finance.

En septembre, Atos a été sorti de l'indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, pour être remplacé par le géant français des laboratoires d'analyses, Eurofins Scientific.

Selon Daniel Larrouturou, les investisseurs reprochent depuis plusieurs années au groupe d'avoir "privilégié, y compris dans ses acquisitions, des activités à faible rentabilité et à faible croissance".

Atos a également revu le repli de son chiffre d'affaires (à taux de change constants) à 2,6%, alors qu'il l'avait évalué à 2,4% début janvier. Celui-ci est toujours "de l'ordre de 10,8 milliards d'euros", avait-il précisé dans un communiqué mercredi. Un nouvel avertissement "sur les ventes", selon Daniel Larrouturou qui pointe la "faiblesse structurelle du groupe".

Atos prévoit de publier le 28 février ses comptes annuels complets pour 2021 et ses objectifs pour 2022.

En juillet dernier, le groupe avait dû reconnaître qu'il ne parviendrait pas à renouer avec une croissance de ses ventes en 2021, moins de trois semaines après avoir confirmé ses prévisions.

afp/rp