Jeudi, c’était Abbott Laboratories qui rit (+7,85%) et Biomérieux (-12,6%) qui pleure. A noter qu’Eurofins Scientific était également impactée (-8,3%) mais dans une moindre ampleur, et que les petits acteurs français fournisseurs de différents tests Covid Eurobio Scientific ou Biosynex restaient de marbre. Novacyt, qui ce jour là annonçait le marquage CE d’un de ses tests Covid permettant de différencier la grippe hivernale du nouveau coronavirus gagnait même 7,1%.

Il faut dire que Biomérieux était en suspension et que la moindre contrariété risquait d’impacter rapidement une valorisation quelque peu tendue (PER 2020 : 44x).

Faut-il pour autant crier au loup ? se demande l’analyste de Portzamparc Christophe Dombu. Si le test BinaxNOW Covid-19 Ag Card d’Abbott, qui se présente sous forme d’une petite carte plastique et affiche un prix défiant toute concurrence de 5$, permet effectivement de détecter directement de façon délocalisée les protéines virales permettant de dépister un SARS-Cov-2 en seulement 15 minutes, son usage "point-of-care" c’est-à-dire de façon délocalisée auprès du patient (pharmacien, cabinet médical, écoles, entreprises, aéroports…) serait différent des tests PCR de Biomérieux. Ces derniers détectent le matériel génétique et apporteraient "une information plus qualitative, plus complète, notamment en termes de caractérisation du virus et d’identification des mutations" note l’analyste, là où le test d’Abbott répond uniquement à la présence du virus. Ce dernier serait donc surtout cantonné au monde non médical, là où les tests PCR de Biomérieux sont pratiqués en laboratoire d’analyse ou en milieu hospitalier.

L’analyste note par ailleurs que les tests de l’américain, seulement autorisé pour l’heure aux Etats-Unis, devraient dans un premier temps être intégralement captés par le gouvernement américain, freinant le risque de pression concurrentielle directe sur Biomérieux. "Nous n’attendons pas de retournement de marché pour Biomérieux" conclut l’analyste qui en profite pour relever ses prévisions jugées trop prudentes tout en restant à conserver à l’avant-veille de la publication des résultats semestriels du groupe (le 2 septembre avant Bourse).

Graphique bioMérieux